L'esprit de Pénélope revint dans l'atelier de Monsieur de Langlée. Entre ses délicats doigts piqués par les aiguilles, la douce Pénélope roula un bouton de nacre qu'elle venait de ramasser. Elle esquissa un doux sourire en se remémorant ces précieux souvenirs. Elle n'avait jamais imaginé que le talentueux tailleur et elle-même crouleraient sous les commandes.
La jeune noble déposa les boutons sur la table de l'atelier. Ses doigts dansèrent sur celle-ci puis s'arrêtèrent sur un petit coffre dans lequel Monsieur de Langlée entreposait les diamants du Temple* et autres pierreries.
Elle continua à déambuler rêveusement dans l'atelier. La maladresse Pénélope manqua de trébucher encore une fois sur les nouvelles arrivées d'étoffes disposées en pagaille à côté des étagères.
« C'était moins une ! » tituba-t-elle en essayant de se rattraper comme elle le pouvait tandis que des rouleaux tombaient en enfilade les uns après les autres.
Elle s'inclina pour inspecter les potentiels dégâts qu'elle aurait pu causer et inspira un grand coup.
« Incroyable ! »
Son œil expert ne la trompait rarement et reconnut le tissu qui s'était déroulé.
« De la soie et du coton...
― Tout à fait, ma petite, acquiesça Monsieur de Langlée espiègle en soulevant ses pieds perchés sur ces talons. Et, je vois que tu as décoré mon atelier à ton goût ! remarqua-t-il.
― Est-ce de la siamoise, Monsieur de Langlée ? s'extasia Pénélope en touchant le tissu. Je n'en ai aucun doute. Imaginez toutes les robes que nous pourrions créer. Ceci est hors de prix ! Ce tissu est uniquement réservé à l'él-... »
« Aux plus méritants, corrigea le célèbre tailleur en secouant la tête. Je t'en file quelques mètres pour que tu puisses l'intégrer à ta robe et éblouir toutes les précieuses lors de la réception de ta tante Madame de Montafier ! Imagine la tête de ta cousine, s'amusa Monsieur de Langlée devant les yeux bleus pétillants de Pénélope. Ainsi, je suis certain que tu trouveras un bon parti, jolie comme tu es !
― Êtes-vous sérieux ? Je ne peux accepter !
― M'as-tu déjà vu plaisanter à propos de mes trésors ? Bien sur que tu le peux, tu le mérites amplement, ma délicate Pénélope.
― Merci ! Mille mercis ! »
Au septième ciel, elle enlaça le petit monsieur ventru dans ses bras dont un oh de surprise habilla son visage.
« De rien, ma petite c'est le moins que je puisse faire après tout ! lui dit-il en la tapotant son dos d'un geste paternel. Sinon, Aëla me le fera payer ! »
Tous les deux éclatèrent de rire. En s'écartant d'elle, il lui prit affectueusement ses mains blanches malmenées par les aiguilles. Avec un léger pincement au cœur, il constata à quel point elle avait grandi. Elle était devenue une ravissante jeune femme, encore maladroite mais cela lui donnait un certain charme.
« C'est Monsieur de la Vigne qui va être triste. Il m'a encore demandé ta main, la semaine passée. »
Pénélope grimaça de dégoût en s'imaginant marier à ce mondain aux dents gâtées par une hygiène plus que douteuse.
« Oh non. Que vous lui avez-vous répondu ?
― Pardi, j'ai accepté ! Je serais assez fou pour refuser la main de ma nièce. »
Devant l'air dégoûté de Pénélope de Berry, l'habilleur se piqua d'un fou rire entraînant Pénélope avec lui.
« Vous vous jouez de moi !
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Aëla - La Légende de la Princesse De Moret
Historical FictionAu printemps 1680, les journaux relayent un mystérieux phénomène. A Paris, un mystérieux bandit masqué, armé de son arc, vole les riches pour donner aux pauvres. Rapidement, la fièvre du Robin des Bois français gagne les petits gens asphyxiés par le...