5 - partie 1- dehors

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"Vous comprendre ce que moi vous dire ?
- Mais oui je comprends, mais il faut que tu te confies Caleb, tu renfermes tout ce que tu ressens à l'intérieur de toi, et ça va finir par te ronger.
- Ça m'a pas tué, alors il y a pas pire.
- Heureusement que ça ne t'as pas tué ! Imagines ne serais-ce qu'une seule seconde ton enterrement. Ta famille, ta soeur en pleurs, ta mère probablement effondrée, ton père pleins de remords et de questions.
- Vous servez à rien, et puis je veux pas parler.
- Je suis psychologue. Je suis la pour t'aider.
- Oui bah non. J'ai pas besoin de votre aide."

La quadragénaire soupire devant l'entêtement du garçon. Caleb la regarde, elle est parfaitement droite, assise sur une chaise, son tailleur et sa jupe crayon lui donnent un air professionnel. Ses lunettes rectangulaires cachent ses yeux bruns, et ses cheveux noirs en carré tombent légèrement sur son front. Elle marque des mots sur son calepin, attendant sûrement que le jeune homme prenne la parole. Au bout d'une cinquantaine de minutes, la séance est terminée et Caleb n'a rien dit, une fois de plus. En un mois, aucun progrès ne s'est manifesté.

"Bon, nous nous revoyons donc vendredi, soit dans deux jours. Est-ce que cela te vas ?
- Est-ce que j'ai le choix ?
- Non, en effet. Bonne journée, Caleb."

Le docteur Kelly sort de la chambre 221, et croise les parents de son patient. Elle les salue.

"Bonjour, comment va mon fils ? Demande la mère.
- Je ne vous cache pas que c'est difficile, madame. Votre fils refuse de se confier. Mais je ne perds pas espoir. Certains patients sont plus affectés que d'autres, et chaque être humain a une personnalité différente. Je dois y aller, j'ai un patient dans cinq minutes.
- Merci docteur, pour tout ce que vous faites.
- C'est mon travail, monsieur. Au revoir.
- Au revoir."

Le docteur s'en va et les parents de Caleb entrent dans la chambre. Sa mère trouve de suite l'air irrespirable, et s'empresse d'ouvrir la fenêtre. L'air d'Avril est très chaud, et les rayons du soleil qui tapent dans la chambre n'arrangent en rien la situation. Jane embrasse le front de son fils, qui lui regarde son père d'un regard presque effrayant. Cela fait trois semaines qu'il ne l'a pas vu. Il trouve cela désolant que son propre père ne veuille pas le voir. Sa mère vient presque tous les jours, pourtant.

"Comment tu vas, chéri ?
- Comme d'habitude maman. Souffle le jeune homme.
- Tu refuses d'aller mieux. Dit le père.
- C'est une constatation, ou un reproche ?
- Prends le comme il vient.
- Tu as mangé ? Demande la mère, en caressant la chevelure brune de son fils.
- Non.
- Caleb... mon ange, tu es si pâle.
- J'ai pas envie de manger. Et j'ai pas envie de le voir. Je veux qu'il sorte ! Caleb crie cette dernière phrase, les larmes aux yeux.
- Fils... essaie le père.
- Dégage ! T'es rien pour moi ! T'a perdu le droit de m'appeler fils quand tu m'as laissé seul alors que j'avais neuf ans !
- Je-
- Bruce, tu vois bien que ta présence lui fait du mal. Il est déjà assez mal comme ça.
- Allez-vous-en."

Caleb murmure cette phrase presque suppliant. Il ferme les yeux et entend juste un souffle du père, ainsi qu'un au revoir de sa mère. Elle est triste, cela s'entend dans sa voix. Mais par dessus tout, elle comprend son fils. Il a besoin de repos, d'être seul. Du moins, il n'a pas besoin de ses parents alors que ceux-ci l'on presque poussé à ce suicide. La porte de la chambre se ferme, et s'ouvre délicatement quelques minutes après. Un doux parfum de vanille embaume la pièce, et des pas légers se font entendre. Caleb ne tourne pas la tête, il sait que c'est June. Elle vient souvent à cette heure ci. Seize heures. L'heure du passage de la personne qu'il apprécie le plus ici. Elle fait le moins de bruit possible, croyant que son patient préfèré dort. Caleb a tout de suite plu à June. Pas dans le sens amoureux, mais plutôt comme un ami. Une âme triste, qui a juste besoin d'aide, de douceur et d'affection. June s'avance vers la machine qui contrôle les battements d cœur de Caleb, et se penche vers son visage. Il a les yeux fermés, mais il n'a pas l'air de dormir. June esquisse un sourire en voyant le jeune homme ouvrir un œil, et le refermer presque aussitôt en voyant que la brune le regarde.

"Grillé. Lance la jeune fille.
- Et merde. Caleb ouvre les yeux. Tu viens faire quoi aujourd'hui ?
- Prendre ta tension. Et... et aussi... les médecins ont dit qu'un brin d'air te ferait le plus grand bien. Tu es enfermé ici depuis plus d'un mois et tu refuses de sortir.
- Tu veux faire quoi ?
- On va aller au parc de l'hôpital. Il y a un grand soleil, et il fait presque vingt degrés.
- Merci miss météo, mais j'irai pas.
- Oh que si tu vas y aller. Allez, debout.
- T'as pas pris ma tention.
- J'en ai pas besoin, en fait. C'était pour amortir ce que j'allais dire.
- T'es chiante, tu le sais ça ?
- Oui, allez debout."

La jeune fille sourit quand le garçon souffle, vaincu. Il se redresse doucement, et a soudain l'impression que ses membres se déchirent. June l'aide à se lever, et délicatement, elle l'emmène dans la salle de bain.

"On va plus dehors ?
- Si, mais le grand Caleb Turner ne peut pas sortir en chemise d'hôpital, t'imagines la honte ? Blague June.
- Pas faux.
- Il y a un sweat et un jean sur le lavabo. Passe un coup d'eau fraîche sur ton visage, et partout. Tu pues.
- T'es méchante en vrai."

June rit et Caleb entre dans la salle de bain. Il voit en effet un sweat à lui, rouge bordeaux et un jean clair déchiré au genou. Il se déshabille lentement, encore affaibli. Il entre dans la douche et décontracté ses muscles lors du contact avec l'eau chaude. Il jette un coup à son corps. Il a considérablement maigri, et il se fait peur à lui même.

~~~~à suivre~~~~

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