Underwater

6- progrès

Ils se regardent les yeux dans les yeux, et doucement.... la pluie se met à tomber sur leurs visages, faisant rire June. Caleb lève la tête vers le ciel et voit de gros nuages gris arriver et recouvrir le bleu clair. June s'empresse de se lever et aide Caleb à en faire de même, et il se rassoit dans son fauteuil. La jeune fille le pousse rapidement jusqu'au hall de l'hôpital et s'arrête une fois les portes passées, en soufflant.

"Ça va ? Tu n'es pas trop fatigué ? Demande la brune, inquiète pour son patient.
- Ça va. On peut remonter ? Je suis trempé.
- Bien sûr. J'espère que tu ne vas pas attraper froid.
- Je suis pas en sucre, tu sais.
- Si, justement. Tu ne te nourris pas, par conséquent, tu n'as pas tous les anticorps et les vitamines dont tu as besoin, et tu es plus exposé aux maladies.
- Atchoum.
- Ha ha ha, très drôle."

Caleb rit légèrement devant l'air blasé de June, et fait semblant de tousser. La brune lui frappe doucement l'arrière de la tête, en avançant vers les ascenseurs. Ils entrent rapidement et l'ascension se fait en silence, presque gênant.

"Euh.... merci.
- De quoi ? Demande June.
- De m'avoir fait rire, de tout ce que tu fais pour moi. J'ai passé un bon moment, pour la première fois depuis très longtemps.
- J'en suis ravie."

Les portes métalliques s'ouvrent et la jeune fille reconduit Caleb jusqu'à sa chambre. Il la remerci et remonte dans son lit, pendant que June lui remet sa perfusion.

"Y a quoi dans cette perfusion la ?
- Des vitamines. On aurait pu te les donner en cachet, mais ta gorge n'a rien avalé depuis des semaines, et un cachet pourrait te faire trop mal.
- C'est bizarre, j'ai pas mal pourtant.
- Tu refuses même de boire de l'eau, si tu essayais, tu aurait mal.
- Je peux essayer ?"

June est étonnée par la demande d garçon mais elle hoche tout de même la tête. Elle remplit ensuite un verre en plastique d'eau et y met une paille. Elle le tend à Caleb qui la remercie. Il reste à regarder le gobelet pendant quelques minutes, et June attend patiemment, assise au bord du lit. Le jeune homme apporte la paille à ses lèvres, et aspire. Il avale une gorgée et ferme les yeux brusquement, face à la douleur que lui provoque sa gorge. Il se met à tousser fortement, et June reprend immédiatement le verre.

"Ça va ? Tu veux que j'appelle quelqu'un ? Caleb, réponds moi ! Dit-elle inquiète.
- Donne moi le verre.
- Caleb, tu-
- Donne moi le verre, June."

June tend le verre, hésitante, à Caleb. Il apporte de nouveau la paille à ses levres, et reprend une gorgée d'eau. Le passage du liquide dans sa gorge lui fait mal, mais au bout de la quatrième gorgée, cela fait moins mal. Il finit le verre en quelques minutes, et le repose près de lui.

"C'est bien, tu progresses. Dit June, heureuse.
- J'ai mal, mais je... je veux manger.
- Bien sûr, ce que tu veux.
- Des VRAIS spaghettis bolognaise."

June rit face aux mots du jeune homme. C'est vrai que les repas de l'hôpital sont réputés pour être immondes. La jeune fille salue le garcon, disant qu'elle va voir ce qu'elle peut faire. Caleb hoche la tête et ferme les yeux, épuisé de cette après-midi. June sort de la chambre après avoir fermé les volets et va voir le médecin titulaire en charge du cas de son patient préféré. Elle le trouve au bout de quelques minutes, en tenue de bloc. Il sort visiblement d'une opération.

"Docteur Johnson ? Puis-je vous parler ?
- Je sors d'une opération de douze heures, mademoiselle Adamson. Qu'y a-t-il ?
- Caleb Turner, son état s'améliore.
- Ah oui ? La psychologue l'aide ?
- Non, il s'est ouvert à moi, je pense que c'est dû à notre âge presque similaire.
- Oh, et qu'a-t-il fait ?
- On a été au parc derrière l'hôpital, il avait besoin de prendre l'air. Il a sourit, même rit. Et là, il vient de boire un verre d'eau, et il veut manger.
- C'est génial ! Bravo mademoiselle ! S'exclame le médecin. J'irai le voir demain, lors de ma garde. En attendant, faites lui manger ce qu'il veut, mais en petite quantité. Je ne voudrais pas qu'il se déchire l'oesophage.
- Naturellement, mais je peux lui donner un repas autre que ceux de l'hôpital ?
- Ça dépend quoi.
- Des spaghettis bolognaise.
- Sans acides, et la sauce tomate légère. Sinon, oui.
- Parfait, merci docteur.
- Je vous en prie mademoiselle."

June repart heureuse vers la salle de repos, où elle prend un café. Un autre stagiaire, Martin, vient par la suite dans la salle et s'affale sur le canapé. June le regarde amusé, appuyée contre le mur.

"Garde difficile ?
- Un patient s'est échappé de sa chambre, j'ai mis deux heures à le chercher.
- Il était où ?
- Dans une galerie de bloc."

June rit, se demandant comment il a bien pu passer. Les enfants sont malins. Martin a vingt-deux ans, il est en pédiatrie. La galerie de bloc est une salle où on peut voir les opérations d'en haut, avec un écran qui filme la procédure. June y est déjà allée une fois, pour une opération simple, une appendicectomie. Mais pour un enfant, voir l'intérieur d'un corps humain, du sang... ce doit être effrayant, non ?

"Quelle était l'opération ?
- Heureusement c'était juste une laparoscopie. Mais tout de même."

Une laparoscopie est juste un tuyau que l'on inséré dans le corps de la personne. C'est très minime, et ne laisse pas une grande cicatrice. On ne voit pas le corps du patient, seulement le tuyau.

"C'est pas si terrible que ça alors.
- Mouais, mais j'ai plus de tibias. Ce gamin sait où donner des coups de pieds.
- J'imagine la scène ! Rit June.
- Et toi, avec ton patient sexy ?
- Arrête avec ça ! C'est juste un garcon qui a des problèmes. Il est beau, certes, mais-
- Oh ! June ! Attention, tu es en couple !
- Je sais, ja sais. Mais... je vais bientôt rentrer en Angleterre, et je lui ai menti. June baisse les yeux, honteuse.
- Que lui as-tu dis ?
- Que je ferai médecine ici.
- Alors que ton avenir est tout autre. C'est pas bien, June.
- Je sais, mais je ne voulais pas lui dire. Il s'est attaché à moi...
- Et toi aussi.
- Je suis prise, Martin.
- Et ton cœur, l'est-il ?
- Peu importe. Je suis en couple."

Martin souffle mais n'insiste pas. Il ferme les yeux, épuisé et June s'éclipse vers les vestiaires. Elle pourra rentrer chez elle, et retrouver sa maison vide, encore, son père étant à Manchester pour la semaine.