- Abygaël -
Je n'aurais jamais pensé le trouver ici. Christian serait dans le même secteur de surveillance que nous ? C'est plus qu'inattendu. Je ne suis pas la seule à être surprise :
- J'vais lui faire sa fête si j'tombe sur ce connard ! Ça va faire cinq ans qu'il ne nous a pas donné de nouvelles de lui, et maintenant on apprend qu'il traine quelque part dans les parages ? C'est du foutage de gueule professionnel.
Je suis du même avis que lui. Bien que nous connaissant, je doute qu'on puisse vraiment ''lui faire sa fête'' La première chose que je ferais si je le voyais, ce serait plutôt le serrer dans mes bras et m'assurer qu'il ne se volatilisera pas encore une fois.
- Tu es sûr de ne jamais l'avoir croisé auparavant ? C'est tout de même louche.
- Peut-être qu'il vient d'arriver. Il n'est pas sur ma liste d'alliés potentiels qui date d'il y a deux ans. On ne doit pas être sur la sienne non plus, je pense.
Je suis son raisonnement.
- Ce qui voudrait dire qu'il vient d'intégrer Abraham's Church... Ne me dis pas que...
Les yeux bleus foncé de Nicolas s'illuminent, tout comme les miens.
- ...que c'est un prof ? finit-il.
C'est tout à fait possible. Cette idée me rappelle de chaleureux souvenirs. Nick débarrasse le comptoir. Il me pince le nez au passage.
- Arrête d'être nostalgique, Tête de Nœud. T'as l'air toute triste.
J'adore ce p'tit gay, même si je ne saurais pas dire pour quelles raisons exactement. Juste au moment où je pense ça, il s'exclame :
- La septième différence, c'est ton aura ! Elle s'est drôlement affaiblie, dis donc !
... ?
- Tu fais flipper à parler tout seul, Nick.
Il m'ignore.
- C'est sûrement à cause de ton passage à l'hôpital, suggère-t-il.
Passage ? Je parlerais plutôt de séjour. Je range les feuilles de la mission dans une pochette avant de la fourrer dans mon sac.
- Faut que j'y aille. Je repasserai un autre jour. Passe le bonjour à Naomi et Patrick de ma part !
Il se lève à son tour et m'accompagne jusqu'à la sortie.
- T'es vraiment tombée le mauvais jour. Ils sont tous les deux sortis faire les courses. Aller, dégage.
- C'est ça, à plus, Nicolas !
Après être sortie du café, je me retourne pour voir l'enseigne. ''The Violet Jasmine'' Patrick doit être comblé de bonheur de tenir ce bar avec ses enfants.
***
Je rentre lorsque j'aperçois deux silhouettes dans l'allée qui mène au bâtiment A des filles. Les deux étudiants marchent tellement lentement que je les rattrape très vite.
Je distingue une grande personne accompagnée d'une autre, beaucoup plus petite. Une tête blonde et une tête rousse. Zander et Julia.
Tous deux marchent comme s'ils voulaient profiter de chaque seconde passée en compagnie de l'autre. Julia est toute souriante et a les joues roses. Zander se caresse l'arrière du crâne comme un crétin.
Je ralentis pour les laisser profiter de leur petit flirt, pour une fois qu'il n'est pas avec sa bande – ou meute, à voir.
J'arrive devant l'entrée de l'immeuble alors qu'ils semblent ne vraiment pas vouloir se quitter.
- Aby ! s'écrie Julia en me voyant.
Je vais enfin pouvoir m'approcher de Zander et découvrir son identité.
J'avais raison. Et je ne peux plus m'empêcher de sourire. Tous mes doutes se confirment.
Une aura grise entoure la forme de son corps. Elle est agressive et s'agite à chacun de ses mouvements, il a du mal à la contenir.
Zander est bien un loup-garou. Je pense même qu'il est le chef de sa meute, vu son attitude habituelle.
Ces deux imbéciles ont dû croire que je souriais pour autre chose, leurs visages sont tout rouges. Mal à l'aise, Zander dit :
- Bon, à demain les filles. Et c'était cool aujourd'hui, ajoute-t-il à l'adresse de Julia.
Je fais face à Julia, qui fixe ses chaussures.
- Alors, qu'est-ce que vous avez fait ? m'enthousiasmé-je. Tu as intérêt à tout me raconter, avec les moindres détails !
Julia, soudainement très énergique, me prend la main et nous rentrons dans le hall du dortoir.
Merde, j'ai oublié de dire à Nicolas que ces lentilles de couleur me desséchaient les yeux.
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Memoriae
FantasyLe jeune homme pose violemment le dossier sur la table. Table où reposent les charmantes chaussures de son interlocutrice endormie. Elle émet un grognement de protestation et s'étire. Puis ses yeux s'arrêtent sur le paquet de feuilles maladroitement...