Les deux hommes fixent le grand écran devant eux. L'un, petit et frêle, remonte nerveusement ses lunettes sur son nez.
- Il n'y a pas de doutes, c'est une Sibylle, dit-il à voix basse, presque pas peur qu'on ne l'entende. Les deux autres ne sont pas humaines non plus.
Le deuxième homme se tient derrière le fauteuil dans lequel est assis son collègue. Il semble complétement indifférent.
- Et alors ? Qu'est-ce que ça peut bien te faire ?
L'individu aux verres épais se retourne, surpris.
- Il faut avertir les Grandes.
Le regard vert de son partenaire se détache de l'écran à la fois lumineux et transparent pour se poser sur celui qui contrôle le tableau de bord.
- Je constate que tu es toujours aussi lèche-cul, ricane-t-il. Laisse-la donc s'en occuper toute seule, je sens que ça va être très divertissant.
Son associé pousse un soupir désespéré. Il ne changera donc jamais, toujours aussi apathique.
- Tu sais très bien ce qu'elle risque, et je ne dis pas cela parce que tu es son secrétaire. De plus, les gens qui l'entourent vont également être exposés au danger. Et humains ou non, c'est mauvais pour eux.
Son acolyte qui se tenait derrière lui s'approche désormais de l'écran.
- Ce que tu peux être rabat-joie !
- Ce que tu peux être sadique !
Sa réplique cinglante ne fait aucun effet sur le grand brun, qui se contente de ricaner à nouveau. Il se penche sur l'homme aux lunettes :
- Depuis quand est-ce que tu t'inquiètes pour les autres, toi ?
Puis, sans même attendre une quelconque réponse, il tourne les talons et se dirige vers la porte. Il s'arrête juste devant et se retourne.
- Abygaël va s'en sortir, assure-t-il. Et elle va même gentiment nous amener ses nouveaux amis jusqu'ici, tu verras.
Son interlocuteur le regarde quitter la petite pièce sombre, il éteint ensuite l'écran de contrôle et soupire en enlevant ses lunettes. En posant ses coudes sur le tableau de bord, il passe ses mains sur son visage fatigué.
Il ne s'inquiète pour personne, loin de là. Seulement, il sait que si cette affaire est laissée aux mains d'Abygaël, il y aura beaucoup de répercussions.
Et ça, les Grandes ne vont pas apprécier du tout. Malheureusement pour eux, son collègue a toujours raison.
2« Vivre, c'est la chose la plus rare dans ce monde. La plupart des gens ne font qu'exister. »
Oscar Wilde
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Memoriae
FantasyLe jeune homme pose violemment le dossier sur la table. Table où reposent les charmantes chaussures de son interlocutrice endormie. Elle émet un grognement de protestation et s'étire. Puis ses yeux s'arrêtent sur le paquet de feuilles maladroitement...