8. Allô?

199 32 190
                                    

- Abygaël -

Le soir, je suis au Club d'Entretien. C'est un club assez insolite, mais çe me plaît. Je m'y suis inscrite pour aider au nettoyage de l'Université. Puisque j'ai du temps libre, autant l'utiliser à bon escient. Nettoyer a toujours fait partie de mes habitudes, bien que je ne sois pas une maniaque de l'hygiène.

Alors que la première séance va débuter, un garçon arrive en retard. Il semble un peu perdu. Les joues roses, il bredouille des excuses en expliquant qu'il ne pensait pas qu'il aurait eu le temps de venir au Club après les sélections de football. C'est donc un de ces sportifs ? Il doit sûrement être accepté, puisqu'il est l'un des derniers à revenir des qualifications. Tiens, sa tête me rappelle vaguement quelqu'un... ?

Alors là, c'est la surprise de l'année. Je n'aurais jamais cru le rencontrer de cette façon. Il semblerait que je vienne de faire connaissance avec Jonathan, l'ami d'enfance de Julia. Dans mon club. D'entretien. Lui. C'est bien la dernière personne que j'aurais pensé voir ici. Pourtant, il semble très à l'aise.

Je viens à peine de le rencontrer que je me permets de faire la remarque :

- Depuis quand les footballeurs en herbe font le ménage ?

Il me regarde, surpris. Je me demande si j'aurais dû la fermer. Il me dévisage, comme s'il me reconnaissait. Un éclair illumine son visage :

- Tu es Abygaël ! La colocataire de Julia !

Je souris en repensant à la photo que j'ai prise avec elle hier. C'était donc pour ça. Je suis plutôt surprise. Il n'est pas du tout comme je l'imaginais. Si je devais choisir deux mots pour le décrire, je dirais sérénité et force.

Mme Trevor, la responsable de notre Club se met à expliquer le programme du mois. Sauf que personne ne l'entend à part Jonathan et moi, qui sommes au juste devant elle. Elle parle presque en chuchotant. Le footballeur et moi éclatons de rire. Ce qui empêche encore plus ceux de derrière d'entendre les indications.

Finalement, je réussis à bien m'entendre avec lui et nous parlons de tout et de rien. Discrètement, je tente de l'analyser (oui oui, les filles font souvent ça lorsqu'elles croisent un beau spécimen).

Il blond, du type surfeur. C'est pas péjoratif, loin de là. C'est juste la première chose à laquelle j'ai pensé en voyant la couleur de ses cheveux. Ses yeux sont bleus. Pas forcément d'un bleu banal mais pas pour autant aussi beaux que le vert des pupilles d'Asher.

En fait, son profil est celui du beau blond aux yeux bleus totalement cliché. Là encore, ce n'est pas une critique. Pas étonnant que Laurel soit tombée sous son charme, d'ailleurs. Mais tout porte à croire que ce Jonathan n'a rien de spécial.

Dommage, je le trouve plutôt mignon. J'espère juste qu'il n'a pas un ego surdimensionné, comme tous les beaux hommes musclés dans son genre.

***

Je sors du bâtiment principal quand mon téléphone sonne. Je devine vite à qui appartient ce numéro de fixe.

- Allôôôôôô ?

Cette voix lasse et énervante. Ça ne peut être que lui.

- Arrête tes bêtises et dis-moi plutôt ce qui t'amène à m'appeler seulement maintenant.

Il pousse un petit soupir.

- Oh la la... tu as l'air de mauvaise humeur...

Et je suis persuadée que ça l'amuse.

- Dis-moi c'que t'as à dire, s'il te plait.

J'aperçois bientôt le dortoir des filles. Hors de question que Julia et les autres m'entendent parler avec cet imbécile.

- Eh bien, je voulais te prévenir : ce secteur grouille de gens intéressants...

''Intéressant'' est son mot préféré. Je viens de réaliser que je n'ai toujours pas jeté un œil sur le dossier de la mission.

- Mouais, c'était écrit dans le rapport, marmonné-je. Je suppose que c'est pour ça qu'on m'a fait venir.

Mais mon interlocuteur ne m'écoute déjà plus.

- Au nom du Dieu du Sexe ! Un putain de beau gosse vient d'entrer dans l'bar ! Faut que je le fasse mien. Bon, Aby. N'hésite pas à venir nous voir, le café s'appelle ''The Violet Jasmine''

Ses mauvaises manières m'ont terriblement manqué. Je l'accuse :

- Avoue, t'as juste envie de me revoir et tu cherches une excuse pour m'inviter.

Comme prévu, il me répond sèchement :

- Hein ? Mais j'ai aucune envie de revoir ta vieille tête, Biby !

Je souris en entendant mon surnom.

- Menteur.

Il me répond après un court silence.

- Bref, fais attention à toi. J'te laisse ou mon ange va s'envoler.

Je rentre seule, et mes pensées divaguent. L'avertissement de mon ami ne cesse de me revenir à l'esprit.

En y repensant, j'ai eu une impression plutôt inhabituelle quand j'ai fait connaissance avec Zander. Comme s'il avait deviné quelque chose à mon propos. Il m'a même lancé un regard complice... je crois comprendre, maintenant.

J'ai vraiment été stupide, pour le coup. Il va falloir que je vérifie ça demain. Parce ce que si j'ai raison, ça veut dire qu'il y en a d'autres dans le coin.

Sans m'en rendre compte, je viens de récupérer ma capacité à percevoir l'aura des gens.

MemoriaeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant