- Julia -
Nous apercevons Abygaël devant le café à la jolie enseigne "The Violet Jasmine". Elle est en effet mauve, bordée de fleurs de jasmin et de petites feuilles vertes. La façade vitrée jusqu'à mi-hauteur est encadrée de rideaux du même bleu pastel que les fleurs de l'écriteau.
À l'instant où la silhouette qui se tenait près de mon ami se glisse à l'intérieur, les lettres s'allument ainsi que l'intérieur du café. Une lumière claire inonde alors cette partie de la rue et j'aperçois même un bar, au fond. Il faudrait qu'on y aille un jour, tiens.
Aby nous fait un sourire timide en nous rejoignant. Elle peine à adopter une démarche normale et sur la courte distance qui nous sépare, elle manque de percuter au moins deux passants et une poussette. Sa maladresse me surprend et je remarque pour la première fois qu'Aby parait totalement épuisée.
J'ai envie de l'inonder de questions mais je me ravisse en repensant à ma discussion avec Asher. Je dois me faire discrète... comme si c'était possible.
- Comment te sens-tu ? demande Hannah. Tu ne sembles pas très en forme.
Aby frotte furieusement ses yeux qui virent au rouge et se pince les joues.
- Je vais très bien, assure-t-elle. Pas besoin de s'inquiéter, c'est juste un coup de fatigue.
Difficile de la croire. Elle fixe le sol et sa main droite ne quitte pas son bras gauche. C'est dans cette posture crispée qu'Aby effectue tout le trajet.
Laurel et moi jetons des regards vers elle de temps à autre, mais notre colocataire reste plongée dans ses pensées. Je me demande s'il s'est passé quelque chose avec son ami...
Pour le dîner, nous décidons d'acheter des sandwichs sur le chemin du retour. J'en profite pour leur raconter ma réconciliation avec Asher, en excluant bien évidemment certains détails.
Arrivées au dortoir, nous sommes interpellées par la dame qui sent le pain d'épices, Mlle quelque chose-Fontaine je crois, qui nous demande de faire attention dans la rue lorsque la nuit tombe.
Drôle de conseil, vu que près de la moitié des locataires de ce dortoir rentrent très tard sans pour autant écoper d'avertissements de la part de la vieille femme.
Contrairement aux apparences, celle-ci n'est pas stricte du tout, c'est à peine si elle vérifie que tout le monde est là tous les soirs.
Je la trouve plutôt gentille, même si son visage laisse transparaître une certaine froideur, pour moi elle n'est qu'une surveillante à la douce odeur à la fois sucrée et épicée.
Nous montons dans notre chambre et nous installons sur nos lits respectifs avant de commencer à manger. Étonnamment, c'est Hannah qui lance la conversation :
- Il m'a dit que dimanche lui convenait, on pensait aller au restaurant vers 20h. Êtes-vous libres ?
Elle parle de Christian. On va enfin pouvoir le voir ! Ça fait longtemps qu'il était parti en vacances. Presque un an, si je me souviens bien.
Aby regarde une vidéo sur son téléphone en décapsulant sa canette de limonade, se disant que la conversation ne la concerne pas. Sauf qu'elle fait aussi partie de la discussion :

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Memoriae
FantasyLe jeune homme pose violemment le dossier sur la table. Table où reposent les charmantes chaussures de son interlocutrice endormie. Elle émet un grognement de protestation et s'étire. Puis ses yeux s'arrêtent sur le paquet de feuilles maladroitement...