- Abygaël -
Nicolas : Passe au café après les cours. Entre par la porte réservée au personnel et traverse les vestiaires. Tu trouveras des escaliers. On habite au premier.
Je suis devant la fameuse porte ''personnel autorisé uniquement'' J'entre et suis ses instructions jusqu'aux marches. Je les monte et arrive dans un appartement chaleureux, mais très bordélique.
Machinalement, je commence à ranger. Je ramasse les vêtements qui gisent par terre et les plie. J'en suis au troisième lorsque j'entends une voix derrière moi :
- J'ai bien fait de te demander de venir, commente Nicolas. Toi et ta manie de tout vouloir ranger...
Je lui souris.
- Je parie que t'as déjà ouvert le colis.
Il me fait signe de le suivre. Nous entrons dans sa chambre.
- Non, ronchonne-t-il, contrairement à ce que tu penses, j'ai un boulot.
Sa chambre est plutôt sobre et – miracle ! – rangée. Les murs sont d'un bleu gris. Il y a quelques tableaux et des photos de famille. Je m'installe sur le lit double, à côté de Nicolas.
Il me tend le colis, qui est plus petit que je ne l'imaginais. Je l'ouvre et trouve des petites boîtes de médicaments, accompagnées de quelques feuilles.
Nicolas s'empare de ces papiers. Je m'intéresse au contenu de la livraison. Il y a de nombreux comprimés de différentes tailles, formes et couleurs. J'interroge mon ami du regard.
- Ça Biby, c'est tous les anti-machins que t'es censée prendre.
- Comment ça ?
Nicolas pousse un soupir.
- Je te rappelle que tu viens à peine de sortir de l'hôpital, rouspète-t-il. T'es encore sous traitement et ce courriel dit que les médocs que tu dois prendre viennent seulement d'arriver.
- Ah, soupiré-je à mon tour, les filles vont se demander pourquoi je prends autant de médication...
- T'as qu'à leur dire que t'as la diarrhée, propose-t-il, il paraît que ça marche.
Je lève un sourcil accusateur.
- Quoi ? C'est pas très classe mais au moins elles te laisseront tranquille, se défend-il.
- Ne te moque pas. Je fais de mon mieux pour m'intégrer ici, tu sais.
- Ouais bah justement, ne t'habitue pas trop à ce monde, conseille-t-il. Les Maîtresses vont sûrement te demander de rappliquer d'ici un an, pour te donner une mission beaucoup plus importante. Quelque chose de ton niveau. T'es encore en période de convalescence, c'est tout.
- D'ailleurs, en parlant de ça, dis-je pour changer de sujet, ces lentilles de couleurs m'irritent les yeux. T'en as pas d'autres ? Je pense que c'est pas la marque que je prends d'habitude.
Nicolas commence à fouiller dans ses tiroirs.
- A vrai dire, nan. C'est une nouvelle marque qui faisait des promos alors tout le monde en achète. Tiens, j'en ai une boîte. Il doit avoir un problème avec le lot, essaie celles-là.
Il me tend un paquet vert que j'accepte en le remerciant. Je le range dans mon sac lorsqu'il me demande :
- T'es vraiment obligée de les mettre ? Ça te donne un air tellement... banal.
Je hausse les épaules.
- C'est l'effet recherché, Nick.
Il croise les bras.
- Si tu veux. Et ces cheveux ? Cette coloration est ignoble. Ça aussi, c'est l'effet recherché, Tête de Nœud ?
J'ignore sa remarque et prends le colis sur mes genoux.
- Lequel de ces médicaments suis-je censée prendre en premier ?
Nicolas montre du doigt une plaquette de douze capsules du même bleu que ses yeux, ses cheveux, sa lampe de chevet et, occasionnellement, ses ongles. Soit sa couleur préférée.
- Tu te fous de moi ?
Pour réponse, il me colle la feuille au nez.
- Je n'suis pas un gamin. Ces comprimés te permettent de voir les auras, et dans le cas présent ça pourrait t'être utile, vu que tes pouvoirs reviennent petit à petit. C'pas d'ma faute s'ils sont de cette magnifique couleur bleu-marine-mais-pas-trop-pile-comme-je-l-aime.
Le papier que je n'ai pas eu le temps d'attraper s'envole doucement avant d'atterrir sur la moquette. Je penche pour le ramasser.
- Oh que si. Nicolas Redtail, t'es qu'un gros gamin.
- Quoi ?
- T'as foutu toutes tes affaires pas rangées sous ton lit, comme un gosse de six ans.
Il rougit légèrement avant de s'offusquer.
- Bah t'allais me faire chier à me traiter de bordélique et tout du coup j'ai... Enfin, bref. Je vais te chercher un verre d'eau en bas. Il faut que tu prennes tes médocs dès maintenant.
Et il s'enfuit en courant. Toujours le même, celui-là.
Au bout de quelques minutes, j'entends à nouveau le craquement de l'escalier. La porte s'ouvre en grand.
- Mais regardez donc qui voilà, demande une voix féminine.
Je la reconnais de suite, elle et ses longs cheveux couleur myrtille.
- Naomi !
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Memoriae
خيال (فانتازيا)Le jeune homme pose violemment le dossier sur la table. Table où reposent les charmantes chaussures de son interlocutrice endormie. Elle émet un grognement de protestation et s'étire. Puis ses yeux s'arrêtent sur le paquet de feuilles maladroitement...