Quand la nuit tomba, Isadora fut complètement bouleversée par le magnifique paysage. Elle aurait presque pu pleurer devant tant de beauté. Mais le moment fut de courte durée quand Zarah, l'une des femmes à son service lui informa sans passer par quatre chemins, que le roi l'attendait, et qu'il n'avait pas la moindre intention de céder à son chantage. Ce soir, elle dormirait avec lui.
La honte l'accablait.
Le regret aussi.
Soudain des souvenirs d'enfance lui montèrent à l'esprit.
Elle de glace, Isabelle de feu, jamais elle n'avait réussi à comprendre pourquoi sa sœur agissait avec tant d'indifférence et d'impétuosité. Déjà petite, Isadora peinait à comprendre pourquoi un fossé les séparé. Elles n'avaient jamais porté les mêmes vêtements, elles n'avaient jamais les mêmes idées. Toutefois, elle était sûre que l'amour qu'elles se portaient l'une l'autre était fort. Du moins, elle l'espérait. Elle avait parfois l'impression d'être sa roue de secours.
Elle secoua de la tête pour effacer ses idées ridicules de son esprit. Ce soir un dilemme s'imposait à elle. Elle devrait faire preuve d'une grande patience pour ne pas que le roi se doute de quelque chose, même si ce dernier était redoutable et coupant dans ses propos.
Quand on l'accompagna jusqu'aux appartements du roi, Isadora prit une grande inspiration avant de pénétrer à l'intérieur. Cette fois-ci elle était la seule fautive. Si elle n'avait pas était trop impertinente, jamais elle ne se serait trouvée ici, dans les appartements du roi.
Le cœur battant, elle regarda dépitée, Zarah fermait la porte. Elle se pinça la lèvre et observa d'un œil curieux les délices de ce magnifique endroit. Sombre, masculin, heureusement, les dorures, les drapés, les mosaïques, égayaient la pièce. Et le lit...elle déglutit péniblement.
— Vous n'étiez pas obligé d'apporter votre oreiller.
Elle hoqueta, la main sur le cœur.
Quand elle lui fit face, Isadora ne put réprimer ses rougeurs.
Fascinée par ses muscles saillants, Isadora dut s'armer de bons sens pour relever ses yeux vers les siens. Sa peau dorée facilitait l'exposition de ses traits musclés. Une toison virile soulignait la fermeté de son torse. Terrifiée, Isadora recula et serra son oreiller contre son ventre, cherchant à cacher son corps tandis qu'il dardait sur elle un regard brûlant, qu'il ne cherchait même pas à dissimuler.
Forte heureusement, il avait fait l'effort de mettre un pantalon.
Isadora s'éclaircit la voix avant de répondre :
— Je ne savais pas si vous aviez l'intention de me faire dormir sur le sol.
Il se retourna pour aller jusqu'au lit. Sans pouvoir s'en empêcher, elle observa sans vergogne le jeu de ses muscles. Mais la balafre blanche qui découpait sa peau lui fit vite détourner le regard.
— Je ne suis pas un monstre, venez maintenant.
C'est avec le souffle coupé, elle se dirigea vers le grand lit pour s'y installer en évitant soigneusement son regard.
— Avez-vous ajouté des cheveux à vos cheveux ?
Elle releva la tête brusquement et toucha sa tresse.
— Non pourquoi ? Demanda-t-elle en sentant la panique l'envahir.
Les sourcils plissés, il s'avança de son côté et croisa les bras.
— Vos cheveux étaient plus courts lors de notre rencontre. Expliqua-t-il et les désignant du menton.
Bien sûr qu'ils étaient plus courts puisqu'elle n'était pas Isabelle. Son sang se glaça. Elle esquissa un léger sourire.
— Ils poussent vite voilà tout.
Silencieux, il continua son observation, la bouche fermée. Si maintenant elle devait subir des questions sur son physique, Isadora ne tiendrait plus très longtemps. Heureusement, il la quitta du regard pour s'asseoir au bord du lit, en lui tournant le dos.
— Je vous interdis de les couper.
Les joues en feu, elle battit des cils, stupéfaite par l'intonation de sa voix. Elle fut douce et presque silencieuse.
— Je n'ai pas l'intention de les couper altesse.
Il s'allongea, la main sous la nuque, sans la regarder.
— Alors c'est parfait.
Devant sa froideur, Isadora se laissa tomber à son tour sur l'oreiller, et tint fermement le sien contre son ventre.
— Si vous souhaitez faire barrage, mettez-le entre nous. Dit-il d'une voix grinçante.
— Excellente idée. Marmonna-t-elle en se redressant pour le mettre entre eux. Elle ressentit tout de même une douleur entre sa poitrine. Il était clair qu'il l'a détesté, mais qu'il ne cache pas sa répugnance qu'il avait pour son corps, était milles fois plus douloureux.
— Mon conseiller m'a dit qu'il fallait que je fasse un effort avec vous. Commença-t-il les yeux toujours fixés en l'air. J'ai décidé d'en faire, à une seule condition.
Etourdie par le changement brutal de la situation, Isadora ne parvenait pas à prononcer le moindre mot.
Lentement, il tourna sa tête vers elle. Ses yeux se plantèrent dans les siens.
— Si jamais j'apprends que vous m'avez trompé, de n'importe quelle façon, je vous le ferais regretter est-ce bien clair ?
Isadora aurait dû s'en douter. Voilà ce qui inquiété cet homme. Il redoutait que son honneur soit sali.
— Je n'ai pas la moindre intention de vous tromper altesse, vous avez ma parole.
L'atmosphère soudain, se chargea d'électricité. Les yeux dans les yeux, ils restèrent silencieux, comme s'il cherchait à découvrir si elle disait vrai. Isadora reposa sa tête sur l'oreiller, incapable de soutenir plus longtemps son regard ténébreux et déstabilisant.
La lumière se coupa, la plongeant dans le noir. Sa respiration était hachée, alors qu'elle pouvait le sentir proche d'elle.
— Bonne nuit Isabelle. Fit-il claquer entre deux mouvements pour se retourner loin d'elle.
Un goût amer lui monta dans la bouche, car sans savoir pourquoi, Isadora aurait voulu qu'il prononce son prénom.
D'un soupir résolu, elle ferma les yeux en espérant trouver le sommeil sous peu. Mais quand il se retourna vers elle, Isadora tourna la tête vers lui sans trop savoir à quelle distance il se trouvait d'elle. L'oreiller, qu'elle avait positionné entre eux, disparu soudain. Son souffle tiède fouettait sa peau comme un avertissement. Elle comprit à regret qu'il l'a testé. Désespérément, pour échapper à une énième humiliation, elle se retourna et ferma les yeux, tout en ravalant ses larmes.
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La Mystérieuse épouse du cheikh
Romance" Ce n'est l'affaire que deux ou trois jours " À ces mots, Isadora accepte avec appréhension de remplacer sa soeur jumelle le jour de son mariage avec le roi Jafar Al Zorah. Mais quand l'échéance de ces deux jours prend fin, Isadora sent la situatio...