Chapitre 2

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  - On vient de m'informer que vous désiriez dormir.

Sa voix rauque lui fit battre le cœur à la chamade.

Lentement, elle se retourna pour faire face au mari de sa sœur.

En dépit de la froideur des articles de presse qui le jugeait être le roi le plus dangereux sur la sphère politique, Isadora ne put s'empêcher de baver devant cet homme, à l'aura sombre, qui tenait dans ses mains, le destin de sa famille.

Élancé, grand, ses mâchoires volontaires lui donnaient tout d'un grand guerrier conquérant. Ses yeux noirs avec une flamboyante lueur dorée exprimaient une détermination farouche.

Il fallait absolument qu'elle se reprenne avant que le roi découvre l'immense mensonge qui planait au—dessus de sa tête.

— Oui...je suis fatiguée de cette journée éprouvante altesse.

Vêtu d'un attirail presque inquiétant, il s'approcha avec une grâce féline.

— Beaucoup de commanditaire se demandent où est mon épouse.

— Dites-leur que....

Isadora réprima un cri d'horreur quand elle se rendit compte trop tard qu'elle était vêtue d'une chemise de nuit, devant lui...

Elle l'esquiva pour rejoindre le lit sans lui accorder un regard.

— Dites-leur que je suis fatiguée. Bafouilla Isadora sans le regarder.

Silencieux, il fit le tour du lit.

— Je sais que ce mariage ne vous enchante pas mademoiselle Smith mais sachez que moi non plus.

Sa voix à la sècheresse incontestable lui fit froid dans le dos.

La seule question qu'elle se posa à ce moment-là c'était de savoir comment Isabelle réagirait à cette attaque frontale.

— Alors faisons comme si nous étions des inconnus l'un pour l'autre. Proposa-t-elle sans grande conviction de son propre raisonnement.

Son expression dure, passa de la méfiance à la curiosité en une fraction de seconde.

Il était beau...aucun doute là-dessus, pensa Isadora en ayant beaucoup de mal à affronter son regard.

— Croyez-vous que votre père serait de cet avis ? Après tout vous êtes ma femme pour redorer votre image publique détériorée par des frasques quasiment impossible à réparer. Dit-il d'un ton méprisant.

Clouée sur place, dans ce lit pourtant confortable, Isadora eut un mal fou à assimiler ce qu'il venait de dire. Et le regard troublant qu'il dardait sur elle accentué ses battements de cœur.

— Vous voulez dire que...mon père a...

— ....votre père veut à tout prix rendre sa fille plausible et couvrir ses dettes qui l'incombent depuis une bonne année.

Isadora se redressa la bouche entrouverte.

— Quoi ? Mais de quoi parlez-vous !

Il se retourna violemment comme s'il voulait fuir son regard.

Comme si elle le répugnait.

— Vos dettes. Ne faites pas comme si vous ne saviez pas de quoi je parle Isabelle.

D'un pas lent et nonchalant, il se dirigea vers la fenêtre alors que le feu d'artifice venait tout juste d'envoyer son dernier feu de lumière.

À la fois incrédule et bouleversée, Isadora avait l'impression de recevoir un coup sur la tête. Serait-il possible que son père lui ait caché les scandales de sa sœur qui ne s'arrêtait pas qu'à quelques photos disgracieuses ?

À cette réflexion, elle pâlit, déglutit difficilement.

— Et vous êtes quoi alors ? Une sorte de sauveur ? Quel intérêt vous avez à aider mon père ?

Il se retourna, sourcils froncés.

— Une épouse qui vient d'un autre continent afin d'avoir une alliance stratégique contre mon ennemi.

Isadora le dévisagea sur le point de le remercier pour cet éclaircissement.

— J'ai l'impression qu'elle est...que je suis une monnaie d'échange.

Le feu de la honte couvrait à présent ses joues.

Un mot de plus et Isadora causeraient sa perte et l'honneur de cet homme qui l'observait avec cynisme.

— Non, vous êtes ma femme, du moins sur papier.

Isadora aurait presque pu souffler de soulagement s'il ne la regardait pas avec dégoût. Mais pouvait-elle lui en vouloir ? Isabelle avait montré d'elle une partie assez détestable. Assez d'aventure pour que l'on puisse lui accorder un oscar du meilleur tableau de chasse féminin. Devant elle, se tenait un homme doté de principes et de la sagesse de ses ancêtres. Avoir pour femme, Isabelle, au lourd passé frivole ne méritait pas l'honneur de cet homme.

Isadora eut presque honte de son double, en rejetant lourdement la faute sur elle.

— J'espère que votre ennemi perdra sa bataille votre altesse. Bonne nuit.

À ces mots, Isadora s'allongea et lui tourna le dos en priant pour qu'il s'en aille.

Et c'est ce qu'il fit...

Aussi rapidement qu'on pouvait le faire.

La fuyant comme la peste.

— Dois-je informer votre père de votre indisponibilité ?

Oh oui ! Si son père apercevait ne serait-ce qu'un petit bout de son visage, c'était la fin.

— Oui, je l'appellerais demain.

— Bonne nuit alors.

Ses yeux noirs étaient deux fentes insondables. Elle préféra se retourner jusqu'à entendre la porte en chêne claquer.

Elle ferma les yeux, et expira toute l'aire bloquée au fond de sa gorge. Le cœur fendu en deux, elle ne cessa de repenser aux paroles assassines du roi. C'est avec de gros doute pour la suite qu'elle referma les voiles du lit pour s'endormir...

Le lendemain, Isadora enfila un pantalon décontracté et un chemisier échancré, la seule tenue qui lui correspondait dans la valise de sa sœur. Elle se brossa les cheveux lentement, comme pour tuer le temps en comptant les minutes, souhaitant qu'elles se transforment en heure. Elle remonta ses cheveux en chignon et s'observa un instant dans le miroir. Isadora était si préoccupée du retour de sa jumelle qu'elle en oubliait d'apprécier le cadre magnifique que ce palais lui offrait. C'est en tirant l'épaisseur du rideau qu'elle découvrit toutes les merveilles de la vaste étendue du parc oriental.

Quand elle baissa les yeux sur les statues de bustes ornant les allées, Isadora eut l'impression d'y voir le même regard taillé dans le marbre du roi, et seule la rage et la colère qui s'émanait de lui arrivaient à le différencier de ces pierres sculptées.

Elle inspira profondément et quitta la vue pour regarder son téléphone.

Elle espérait avoir des nouvelles de sa sœur assez vite.

— Votre altesse ?

— Surtout pas ! Je ne sui..

Elle s'arrêta de justesse et se retourna pour découvrir sur le pas du balcon l'une des femmes de la veille.

L'accueillant avec un air désolé, Isadora s'efforça de retrouver son calme.

— Oui ?

— Son altesse désir vous voir immédiatement.

— Vr...aiment.

La Mystérieuse épouse du cheikhOù les histoires vivent. Découvrez maintenant