Chapitre 17

87.8K 7.8K 208
                                    



Le soleil brûlant de Baraht traversaient les épais rideaux de sa nouvelle chambre. Dans celle-ci, trônaient un grand lit baldaquin au satin rouge, retombant le long des pieds comme dans un rêve. La salle de bains bien différente de celle des appartements du roi, qu'elle avait secrètement utilisée, contenait une magnifique baignoire en marbre moderne, ainsi qu'une douche recouverte de fresque au dessin finement écrit à la main. Absorbée par l'opulence et le luxe qui s'offraient à elle, Isadora se perdit dans ses rêveries sans parvenir à réaliser ce qui était en train de se passer.

Pourquoi avait-elle accepté de prendre un tel risque ?

Baignant dans l'incertitude de ses propres émotions, elle posa ses deux mains sur son ventre, et fixa le plafond la respiration lourde. Elle se souviendrait à jamais du mépris de sa sœur, de son sang, de sa jumelle qui ressemblait aujourd'hui à une jumelle maléfique absorbant son jumeau de toutes ses forces pour parvenir à ses fins.

Elle frissonna et se redressa sur le lit pour regarder son reflet dans le miroir au cadre d'or filigrané. Elle se toucha les joues, ayant l'impression d'être changée alors que déjà, les mots de son père résonnaient dans son esprit.

" Tu vas me manquer ma fille, par pitié prend soin de toi "

Isadora n'avait qu'une seule envie...rentrer chez elle et annoncer à son père toute la vérité, avant que les conséquences d'une telle décision ne lui reviennent en mémoire...

Jafar Al Zorah n'était pas un simple homme. Ce n'était pas un homme quelconque, mais un redoutable roi, ayant autour de lui un pays fort et soudé qui n'hésiterait certainement pas à lui jeter des pierres si la vérité venait à se savoir.

Cette fois-ci la nausée était impossible à combattre. Elle se leva et accourut jusqu'à la salle de bains pour vomir, à genoux, seule, avec la désagréable sensation de n'être qu'une prisonnière.

Accoudée au lavabo, elle se passa de l'eau sur le visage et retourna s'allonger à plat ventre en poussant une plainte, la tête écrasée sur l'oreiller.

Lorsqu'on toqua à la porte, Isadora roula sur le côté. Son visiteur ne prit pas la peine d'attendre une permission pour entrer.

Il apparut dans un rayon du soleil, vêtu d'une chemise et d'un jean noir. Aussitôt son cœur bondit dans sa poitrine. Il s'approcha du lit d'un pas déterminé et toucha son front. Sa grande main enferma son front un long moment, et l'air de chambre semblait se raréfier

— Comment vous sentez-vous ?

— Comme quelqu'un qui vient de vomir. Marmonna Isadora en tournant la tête de façon à ce qu'il retire sa main.

— Un médecin est en route.

— Et pourquoi ? Demanda-t-elle sans cacher la panique qui venait de l'envahir.

Il se redressa, haussa un sourcil, comme si l'évidence aurait dû la frapper.

— Vous ne voulez pas savoir si vous êtes enceinte ?

— J'ai assez de nausées pour déjà le savoir. Répondit-elle en essayant de se lever.

Ses mains firent pression sur ses épaules pour qu'elle se rallonge.

— Assez. Laissez-moi faire Isadora.

Son visage s'était durci.

— Pour quelle raison ? Je me sens mal à l'aise et vous n'arrangez rien. Dit Isadora en colère.

Son eau de toilette embaumait son espace personnel, rendant la tâche beaucoup plus compliquée. Cette eau de toilette était identique à celle qu'elle avait humée lors de leur nuit érotique. Un frison violent immobilisa son corps.

Un sourire amusé s'inscrit sur ses lèvres tandis qu'il venait de croiser ses bras. Ses muscles se gonflèrent, saillant et veineux. Elle se mordit la lèvre sans savoir si ses gouttes de sueur venaient du temps ou de ce que cet homme avait comme pouvoir sur elle.

— Dois-je en conclure que vous êtes en colère contre moi ? Hasarda ce dernier.

— Oui. Parce que vous avez pris la décision de m'emmener sans que j'accepte.

— Une femme perdue ne peut réfléchir seule, il était de mon devoir de prendre cette décision. Déclara ce dernier sérieusement.

— Je n'étais pas perdue !

— Oh que si.

— Oh que non !

Jafar éclata d'un rire sonore quand elle fronça son petit nez, mécontente, les cheveux ébouriffés.

— Et ça vous fait rire ?

— Vous êtes adorable quand vous essayez de vous mettre en colère.

Elle croisa ses bras et le foudroya du regard.

Jafar avait cru avoir un souci mental quand il avait suggéré de l'emmener à Baraht. Mais cette jeune femme était si troublante qu'il ne parvenait pas à maîtriser ses pulsions dangereuses qui le conduisaient à sa propre perte. Sa femme venait de se mettre nu devant lui, et au lieu de la désirer, Jafar était parti en exigeant qu'elle se rhabille. Pour atterrir dans la chambre de sa jumelle, enceinte et troublante, mystérieuse...

L'annonce de l'arrivée du médecin le coupa dans ses pensées. Fatima Souys de la maternité la plus réputée du pays entra et s'inclina avec cérémonie devant lui.

— Vous êtes mademoiselle...

— Oui c'est elle. Coupa Jafar en restant planté devant le lit.

Elle déposa son matériel sur le lit.

— Je reste. Annonça-t-il en voyant l'hésitation du médecin.

— Quoi ? Non ! S'opposa la jeune femme en se redressant.

— Je reste. Répéta Jafar plus durement sans la regarder.

— C'est privé votre altesse. Contre-attaqua celle-ci.

Agacé, Jafar enfonça ses mains de chaque côté de sa tête et lui envoya un petit regard sévère afin qu'elle se taise.

Isadora enfonça sa tête dans l'oreiller alors que le médecin venait de prendre son bras pour lui prendre sa tension. Immobile, penché au-dessus de sa tête, l'homme l'observait les paupières mi-closes, la chaleur cruelle qui s'émanait de son corps possédait le sien, la rendant incapable de protester.

— Votre tension est haute et votre cœur aussi.

— Ça c'est parce que son altesse est penché au-dessus de mon visage et m'empêche de respirer. Dit Isadora en plissant des yeux.

Il sourit cruellement et se redressa avec nonchalance.

— Et le bébé ? Demanda-t-il à sa place.

Le docteur sourit et posa son matériel sur la table de nuit. Gênée, lorsqu'elle souleva son top, Isadora détourna le regard sur le petit écran.

— Vous êtes bien enceinte mademoiselle. Confirma le médecin après un long moment de silence.

Incapable de regarder le père de son bébé dans les yeux, elle ferma les yeux, et se retint de justesse avant que la première larme ne tombe.

— Super...murmura-t-elle d'une voix sans saveur.

Jafar fit signe au médecin de quitter la chambre et fit le tour du lit. Elle était pâle et semblait se perdre dans une tornade de pensées négatives.

— Pourquoi êtes-vous si triste. Je vous ai dit que tout irait bien.

Elle leva ses yeux vers lui.

— Oui vous avez raison...j'ai juste...besoin de réaliser. Bégaya-elle en inspirant bruyamment.

— Alors je vais vous laisser. Je reviendrai vers vous plus tard.

Jafar se dirigea vers la sortie, et referma soigneusement la porte.

La Mystérieuse épouse du cheikhOù les histoires vivent. Découvrez maintenant