Chapitre 12

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Quatre semaines plus tard :

L'hiver avait frappé New-York et déjà les premiers flocons de neige tombaient en masse sur les trottoirs New-Yorkais, recouvrant peu à peu le sol.

Isadora parcourait les trottoirs enneigés, son étui à violon dans la main. Le temps paraissait s'être figé, la circulation bruyante semblait différente de l'été. Beaucoup de passants se pressaient pour rejoindre leur bureau sans prendre le temps d'apprécier le paysage. Elle réajusta son béret rouge et sa cape, perdue dans ses pensées. Voilà quatre semaines qu'elle n'avait plus de nouvelles de sa sœur, du moins elle ne l'avait pas entendu, car pour connaitre les détails de sa vie de princesse, il suffisait de passer devant n'importe quel kiosque pour y trouver les détails. Beaucoup de rumeurs, et beaucoup d'élément inquiétant faisaient la une des magazines de presses étrangères. Isadora s'était pourtant promis de ne plus s'en préoccuper. Mais comment ignorer, quand le mot « Scandale » apparaissait la plupart du temps au-dessus de la tête de sa jumelle ?

Terrifiée, cette fois-ci, Isadora ne prit pas la peine de s'approcher de la vitrine, elle lut seulement le titre, au loin, et rapidement, elle souffla. Rien aujourd'hui, ne faisait référence à sa sœur. C'était peut-être un signe, songea-t-elle en s'éloignant peu à peu de la civilisation pour remonter les rues adjacentes de la ville. En fin de compte tout allé pour le mieux, se dit-elle en esquissant un faible sourire qui retomba lentement. En réalité elle n'avait pas la moindre envie de sourire et d'éprouver de la satisfaction pour ce mariage, dans lequel elle avait pris part, et qui la mettait dans une situation délicate. Elle ne désirait plus jamais revoir sa sœur et encore moins Jafar. Trop de fois elle s'était rappelé l'impact que ses baisers avaient eu sur elle. De ses mains protectrices sur sa peau.

Et la jalousie...

Une jalousie s'était formée en elle peu après son retour à la maison, imaginant Isabelle dans ce grand lit majestueux avec lui à ses côtés. Grand, fort, avec cet air mutin, qui ne souffrait ni d'une opposition de la part de ses gardes, ni d'un soulèvement quelconque du pays. Tout le monde aimé le roi, autant que lui l'aimait, et il ne se cachait pas de ses intentions à le rendre davantage merveilleux et puissant. Cet homme était un héros peu commun, qui de son temps, savait se faire obéir, savait dominer...et toutes ses qualités qui sur un Américain seraient passé pour de l'arrogance, faisait de lui un homme redoutable, qui avait réussi à la faire chavirer.

Secouant de la tête, pour cesser ces interminables pensées qui ne l'a mené à rien, Isadora devait à présent se consacrer à elle et personne d'autre.

Mais quand elle remonta son allée en sentant ses pieds craquer sur la neige, Isadora se figea quand elle vit des tas de voitures blindés longeaient le petit chemin qui menait à la maison.

Son cœur s'arrêta, explosa en des millions de particules quand elle vit au loin sur le perron, une haute silhouette noire, quelle aurait reconnu parmi tant d'autres. Isabelle se tenait à côté de lui. Seigneur !

Isadora s'approcha en pliant ses genoux de façon à ne pas se faire remarquer. Elle serra l'étui de son violon.

Son violon !

Au moment où elle sentit l'ombre du roi pivoter sur sa gauche pour regarder derrière lui, Isadora se jeta dans le premier buisson le plus proche en retenant un cri, cherchant à démêler ses jambes pour s'y enfoncer. Une fois complètement cachée, elle ne perçut que la voix de son père qui venait de les inviter à entrer. Isadora cracha les bouts de feuilles sur ses lèvres et rampa hors du buisson avec son violon et son béret. Sa jupe, son collant en laine souffraient des branches ainsi que ses cheveux. Mais Isadora résista à l'envi de gémir trop occupée à saisir le sens de cette visite impromptue. Puis elle cessa de ramper quand elle s'imagina son père en train d'excuser son absence en expliquant qu'elle était à son cours de violon. Elle jeta l'étui dans le sapin et accouru jusqu'à la porte priant l'arrêter à temps.

Elle remit son béret à la hâte en sautillant dans la neige et ouvrit la porte à la volée.

Rien, absolument rien ne laissait présager la suite. Elle se retrouva nez à nez avec lui. Immédiatement, elle baissa les yeux puis les releva en haletant.

Vêtu d'un manteau noir, aussi profond que l'opaque de ses yeux, Isadora dut affronter le regard du cheikh avec qui, elle avait passé une nuit à jamais gravée dans son esprit.

— Votre altesse. Dit-elle en s'inclinant.

— Isadora mon enfant d'où viens-tu ? Tu t'es fait agresser ? S'alarma son père en rompant le moment gênant.

Sans vergogne, le roi dardait sur elle un regard silencieux et pénétrant.

Dire qu'elle venait de se jeter dans un buisson était impossible. Feindre qu'elle était tombée susciterait des interrogations. Dire qu'elle était maladroite la conduirait directement en prison...

— Oui. Répondit Isadora en plantant son regard dans celui de son père.

Les deux hommes s'avancèrent vers elle, Isadora recula farouchement vers son père. Ayann venait de surgir de derrière Isabelle tout aussi inquiet.

— Rien de grave, s'empressa-t-elle de répondre. Seulement un petit voyou qui m'a fait tomber en essayant de fouiller dans ma poche de manteau. Il m'a fait tomber par terre.

Elle regarda sa sœur, restée en retrait.

— Papa je peux te parler ?

Ce dernier acquiesça.

— Installez-vous confortablement. Isabelle s'il te plaît. Lança son père en direction de sa fille, sagement plantée au milieu du salon.

Isadora entraîna son père dans la cuisine et referma les portes.

— Bon sang tu as mal ?

— Non ! Je peux savoir ce qu'ils fichent ici ?

— Je n'étais pas au courant de cette visite. Apparemment, c'était une surprise, ils sont à New-York pour deux jours et nous allons les héberger.

Isadora vacilla.

— Quoi ? Mais pourquoi ? Demanda-t-elle alors que la panique était en train de se saisir de tous ses membres.

— Parce que nous n'avons pas le choix ! C'est le roi Isadora ! Isadora par pitié j'ai besoin de toi !

Son père l'a supplié clairement.

— Oublie ta sœur et pense à moi.

— À une seule condition.

— Tout ce que tu veux !

Les yeux de son père brillaient de soulagement.

— Ne parle pas de mon violon, je te l'interdis papa ! Sinon terminé ! Gronda Isadora alors qu'il hochait de la tête vivement. Je ne te le pardonnerais pas, je ne te ferais plus à manger, je partirais de la maison c'est compris ?

— Bien que j'ignore pourquoi, je serais muet, pas un mot sur toi ma chérie si c'est ce que tu veux.

Libérée d'un poids, Isadora retira son béret en s'adossant au mur de la cuisine.

— Très bien. Retourne avec eux, je m'occupe de tout.

Quand son père ouvrit les portes, Isadora croisa le regard de Jafar tranquillement assis sur le fauteuil le plus incliné vers la cuisine. Elle referma les portes et inspira péniblement alors qu'une nausée lui monta à la gorge.

La Mystérieuse épouse du cheikhOù les histoires vivent. Découvrez maintenant