Chapitre 7

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Après avoir rattrapé une bonne partie de sa nuit, Isadora décida de se lever et de se préparer. Timidement, elle emprunta le chemin de la salle de bains du roi, et posa ses affaires sur le banc. La baignoire était tentante, mais elle opta pour la douche en verre. Elle laissa les jets d'eau perler sur sa peau pendant une bonne dizaine de minutes, en fermant les yeux, avec toujours cette sensation de ne pas être à sa place. D'être une menteuse, qui avait mérité cette gifle qu'il lui avait donnée inconsciemment. Anéantie par le mensonge qui pesait sur ses épaules, Isadora pensa sérieusement à y mettre un terme au plus vite, et quitter ce royaume sans se retourner.

Malheureusement, son destin reposait sur Isabelle. Tant qu'elle ne reviendrait pas, Isadora était condamnée à faire semblant d'être ce qu'elle n'était pas. Lentement, elle se brossa les cheveux sans quitter des yeux la blessure sur sa joue. Elle se souviendrait à jamais de son regard coupable, de ses doigts sur son visage et de son baiser chaud sur sa main. Pendant une fraction de seconde, Isadora avait aimé cet homme, avant que tout ne retombe lourdement. Il était hors de question qu'elle se fasse des illusions ridicules. Cet homme s'était juste excusé, cela n'enlevé rien au fait qu'il la haïssait.

Elle enfila une robe blanche en mousseline et quitta les appartements du roi avec son oreiller dans la main. Elle referma la porte soigneusement et regagna le couloir comme une voleuse. Comme si elle n'avait rien à faire ici, dans cette aile, réservée au roi.

Deux femmes débouchèrent du couloir avec une grosse valise. Cette valise, Isadora la connaissait que trop bien.

— Attendez ! C'est ma valise, pourquoi...

— Son altesse a ordonné que nous la déplacions dans ses appartements ainsi que toutes vos affaires.

Désorientée, affolée, Isadora laissa retomber son bras le long de son corps, alors qu'elles regardaient sa blessure, avec un air franchement désolé.

— Isabelle ?

Cette voix, caressée d'un accent, n'avait de cesse de la faire sursauter. Elle se retourna, et l'élégant gentleman de l'aube avait complètement disparu, laissant place à un roi, munit d'une arme aussi large que sa hanche, avançant d'un pas lent vers elle, le regard fixé sur sa blessure.

— Allez-vous trimballer votre oreiller partout dans le palais ?

Bien que son regard n'exprimât aucune émotion, Isadora aurait juré entendre un souffle d'ironie dans sa voix.

— Non. Je m'apprêtais à revenir dans ma chambre quand ces deux femmes m'ont informé que vous avez exigé que mes affaires soient transportées dans votre chambre.

— C'est exact princesse.

Tel est le nom employé à juste titre, mais Isadora ne se faisait aucune illusion, Jafar était le seul à détenir son avenir ou du moins celui d'Isabelle entre ses mains. Lui seul pouvait ordonner qu'elle soit sacrée reine à ses côtés. Et ce n'est pas demain la veille qu'il allait subitement faire d'Isabelle une reine.

— Appelez-moi Isabelle, je préfère.

Il arqua un sourcil, interrogateur.

— Pourtant ce n'est pas ce que vous avez exigé lors de notre rencontre.

Isadora serra son oreiller.

— J'ai changé d'avis.

Au même moment, une autre femme s'inclina en passant avec son violon.

La Mystérieuse épouse du cheikhOù les histoires vivent. Découvrez maintenant