Chapitre 29

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Saisie par l'angoisse Isadora bascula la tête en direction de sa sœur qui avait palis sous la demande. C'était entièrement de sa faute ! Son bien le plus précieux lui avait fait défaut à l'instant même où elle l'avait vu dans les mains d'une inconnue. Jafar en avait rapidement conclu qu'Isabelle en jouait puisqu'elle avait défendu son étui comme si sa vie en dépendait.

— Je ne pense pas que ce soit une bonne idée. Intervint Isadora en un sourire détendu.

Il se tourna vers elle et immédiatement, elle se noya dans ses yeux.

— Vraiment ? Et moi je pense qu'il est temps pour ma femme de me montrer ses talents.

Isabelle lui envoya toute sa haine dans un seul regard. Isadora aurait voulu la punir mais elle se punirait au passage.

— Et moi je pense qu'il est préférable d'éviter une catastrophe votre majesté. Répliqua Isadora en levant son regard vers le sien. Isabelle joue seulement en la présence de mon père et de moi pour la simple et bonne raison que nous sommes les seuls à supporter le crissement sur les cordes.

Ayann, qui jusque-là s'était montré très discret, ne put s'empêcher d'émettre un rire faiblement contenu.

— Alors pourquoi s'évertuer à jouer ? Demanda-t-il à Isabelle qui avait des éclairs foudroyants dans les yeux destinés à lui faire comprendre qu'elle allait le regretter.

— Parce que je lutte en vain pour réussir. Répondit-elle avec un sourire faussement contrit, avant de se retourner vers son amie.

Tant pis songea Isadora en se remit correctement sur sa chaise. Combien de fois elle avait dû supporter les moqueries de sa sœur jumelle ? Cette petite vengeance qui les avait toutes les deux sauvées était l'exutoire à sa peine.

— Bien. Abdiqua Jafar d'une voix qui paraissait tout de même septique. Je suis déçu, j'espérais entendre jouer ce soir.

Elle aurait tant voulu jouer pour lui, essayer de vaincre sa peur....

Elle ne répondit rien et se concentra sur le brouhaha des invités.

La soirée se passa sans autres problèmes de quelconque nature. Mais à côté d'elle, Isadora sentait Jafar tendu, silencieux et pensif.

Elle n'osait lui adresser la parole.

Était—il furieux contre elle ?

Le cœur serré, lorsque la soirée fut terminée, Isadora se leva et salua les derniers invités. Elle fut retenue devant les escaliers, par un bras puissant.

— Tu montes déjà ? S'informa l'homme avec une pointe de déception dans la voix.

— Oui. J'ai mal aux pieds. Je me sens fatiguée.

Il ne cacha pas sa déception mais lui embrassa la main devant les derniers convives.

— Bonne nuit Isadora.

Ses joues s'enflammèrent.

Elle arbora un sourire détendu et récupéra sa main pour remonter les grandes marches.

En proie à une déception sourde, Jafar la regarda partir accompagnée d'un garde, sans bouger.

Il dut faire appel à tout son sang-froid pour ne pas la rattraper. Pendant de longues secondes, il resta immobile en baladant un regard sévère sur ses invités qui s'en allaient avec des révérences généreuses. Irrité de ne pas avoir eu ce qu'il désirait ce soir, Jafar monta à son tour en jurant entre ses dents. Il emprunta le même couloir qu'elle pour regagner ses appartements. Il claqua la porte avec fracas et retira sa dishsdasha se retrouvant rapidement nu et en colère.

La Mystérieuse épouse du cheikhOù les histoires vivent. Découvrez maintenant