Chapitre 13

83.6K 7.7K 307
                                    



La gorge sèche et toujours vêtue de son manteau, Isadora emprunta une autre porte pour monter à l'étage afin de se changer rapidement et surtout, retirer le tas de feuilles coincés dans ses cheveux. Son rythme cardiaque s'accéléra de nouveau quand elle comprit que ces deux jours avec la présence constance de Jafar ne lui faciliteraient pas la tâche. Mais autre chose l'inquiétait bien plus encore.

Sa sœur.

Pourquoi cette visite ?

Avait-elle besoin de lui parler ?

Était-elle ici pour lui exposer sa nouvelle vie ?

Tristement, elle retira l'épingle qui retenait ses cheveux.

Aujourd'hui, elle ne se sentait pas jolie et encore moins en mesure d'arriver à la cheville de son double, impeccable et soignée.

Aujourd'hui, elle allait devoir se montrer à la hauteur du danger en réfrénant les assauts répétés de son cœur.

Elle reprit le chemin inverse et étudia les trois dernières chambres disponibles de la maison en ne sachant pas laquelle attribuer au couple royal...

Les mains moites, elle marcha jusqu'à l'escalier en espérant pouvoir écouter leur conversation. Les souvenirs de sa nuit passée avec lui hantaient son esprit jusqu'à brouiller son ouïe. Elle tenta de se rappeler sa froideur indéfinissable et de ses regards assassins pour trouver la force de redescendre.

Quand elle pénétra dans le salon, ils étaient tous assis sans un mot. Son premier regard se porta sur son père, qui nerveusement, tirait sur sa cravate.

L'ambiance était tendue, ce qui ne laissait rien présager de bon.

Sur le côté, elle sentit le regard du roi porté sur elle, assez pour sentir son ventre se nouer.

— Isadora je te présente Ayann. Déclara son père en se levant. C'est le bras droit de son altesse.

Elle s'inclina alors qu'au fond d'elle, Isadora connaissait cet homme.

— Enchanté monsieur.

L'épaisse masse noire du roi se leva, créant sur elle un coin d'ombre. Elle vrilla son regard dans le sien, et retint sa respiratoire. Il semblait si différent que dans ses souvenirs. Sa barbe était bien plus longue et mal entretenue, lui donnant un air bien plus sauvage.

— Isadora, il y a longtemps que j'espère vous voir sans que vous trouviez ma présence insupportable.

Étourdie, elle fronça des sourcils, les joues brûlantes.

— Quoi ? Bafouilla-t-elle.

— L'autre fois, lors de ma visite, vous êtes partie plus vite que votre ombre.

Isadora s'en souvenait comme si c'était hier. Elle avala péniblement en baissant le regard puis le remonta lentement pour venir rencontrer ses yeux noirs.

— Je fais ça avec tout le monde, n'est-ce pas papa ?

— C'est exact. Isadora est de nature timide, il ne faut pas lui en vouloir.

Les mâchoires de l'homme se contractèrent si violemment qu'elle en eut la chair de poule.

Isabelle se leva et entoura son bras autour du sien. Isadora se déplaça vers son père en masquant le trouble qui l'a traversé.

— Jafar a tant insisté pour que nous séjournions ici. J'espère que notre présence ne vous gêne pas ?

— Pas le moins du monde mon enfant. Répondit son père en souriant.

— Souhaitez-vous un rafraîchissement avant le repas ? Proposa-t-elle en trouvant là le bon moyen de s'éclipser.

— Avec plaisir. Dit Jafar en inclinant imperceptiblement sa tête.

Il n'en fallait pas plus pour qu'elle s'éclipse dans la cuisine. Elle souffla toute l'aire bloquée dans sa poitrine et s'afféra à préparer les rafraîchissements avant que sa sœur entre à son tour dans la cuisine.

— Je peux savoir ce que tu fabriques ! Chuchota Isadora en colère.

— Crois-moi, je ne suis pas là de gaîté de cœur. Bravo Isadora grâce à toi, j'ai failli me faire démasquer.

Isabelle la foudroya du regard.

— Quoi ? Il m'a reconnu, c'est ça ? Demanda-t-elle envahi par la panique.

— Cet homme est tellement aveuglé par la rage qu'il ne reconnaîtrait même pas sa propre mère ! Mais en attendant, tu m'as mis dans un sacré pétrin !

Incrédule, Isadora battit des cils.

— Tu devais te faire passer pour moi, or quand je suis rentrée, trois jours plus tard il s'est mis dans une colère noire en me menaçant de me répudier. Expliqua sa sœur sèchement. J'ai dû me faire passer pour une parfaite petite fille timide pour qu'il cesse d'avoir des soupçons et tout ça par ta faute !

Les yeux écarquillés, Isadora n'en croyait pas ses oreilles.

— Ma faute ? Je te signale que c'est toi qui as voulu ça ! Pourquoi déjà ? Ah oui ? Te trémousser sur un yacht avec un inconnu ! Merci d'ailleurs, j'ai dû expliquer à papa que je ne connaissais pas cet homme.

Isabelle leva le menton.

— Oh je t'en prie épargne-moi les violons ! En attendant maintenant, je suis mise sous surveillance à chaque fois que je veux sortir !

Isadora serra les poings. Comment sa sœur pouvait être aussi égoïste.

— Si tu n'es pas satisfaite je peux aisément lui dire que...

— Tu es folle ! Chuchota sa sœur en rage tandis qu'elle lui bloquait le passage.

— Non moi je vais très bien, mais je refuse que tu me traites ainsi après ce que j'ai fait pour te sauver la mise.

Isabelle se racla la gorge, et redressa le menton.

— Oublions. De toute façon je refuse de quitter cet homme, être princesse me donne trop pouvoir pour avoir envie de partir. En plus, il est l'homme le plus sexy...

— Ça suffit va donc le rejoindre.

Isadora se retourna en ne supportant plus le ton cristallin de sa sœur.

— Plains-toi !

Ulcérée, elle se retourna violemment. Isabelle dardait un regard envieux sur elle, les bras croisés.

— Grâce à moi tu as vécu une semaine comme une petite princesse. Alors je n'ai pas l'intention de te laisser m'insulter avec tes récriminations !

Elle quitta la cuisine en la laissant bouche bée. Isadora dut s'asseoir sur le tabouret pour s'empêcher de fléchir.

La Mystérieuse épouse du cheikhOù les histoires vivent. Découvrez maintenant