Chapitre 33

106K 8.1K 196
                                    



Bizarrement, Isadora n'avait eu aucune difficulté à lui avouer.

Elle réprima un souffle et le laissa s'asseoir près d'elle sur le bord du lit. Devant son visage figé comme une statue, elle peina à déchiffrer une émotion. Elle avait fini par s'y habituer. Elle se souvenait d'ailleurs s'être fait à l'idée que cet homme resterait à jamais un bloc de glace. Même le jour du mariage, il s'était montré sombre et aussi sérieux que s'il signait un contrat juteux. Seulement au moment de couper le gâteau, il avait ébauché un sourire forcé pour les photographes.

— J'ai embauché un détective qui est déjà parti à New-York pour te suivre. Confia l'homme avec un triste rire.

Elle aurait dû s'en douter.

Même s'il lui avait donné sa parole de la laisser tranquille, Isadora savait que sa détermination aurait eu raison de lui.

— Alors il va falloir lui expliquer que je suis ici et que ça ne sert plus à rien.

Elle se redressa et baissa la tête sur ses doigts assemblés nerveusement contre son ventre naissant.

— Je ne peux pas te priver de ton enfant. Je n'y arrive pas.

— Tu es bouleversée, apeurée, je peux le sentir. Dit-il en enfermant ses mains dans la sienne.

— Est-ce nécessaire de te dire pourquoi ?

— Non. Je le sais. Mais si tu es là c'est qu'au fond de toi, tu ressens quelque chose pour moi ? N'est-ce pas Isadora ?

Avant de le rencontrer, cette question n'avait jamais effleuré son esprit. Elle n'avait jamais ressenti du désir ni de l'amour. Maintenant elle devait se mettre en tête que non seulement, Jafar possédait son esprit, mais aussi son cœur.

Il était bien trop tôt pour lui avouer.

— Oui.

En homme valeureux, autoritaire, sérieux et conscient du puissant charme qu'il émanait, il se redressa fièrement, mais sans pour autant laisser sa fierté s'afficher sur ses traits ciselés.

— Je ne veux plus que tu aies peur de moi. Déclara-t-il comme une promesse solennelle. Nous allons apprendre à nous connaître parce que je le veux. Je veux tes secrets Isadora, je veux tes peurs et tes désirs.

Son cœur cognait si fort qu'elle redoutait qu'il puisse l'entendre.

— Tu veux une peur ? J'en ai une....pourquoi tu n'es pas en colère contre moi ? Alors que je t'ai menti ? Pourquoi tu ne me punis pas pour cet affront ?

Cette fois-ci, un sombre sourire s'esquissa sur ses lèvres.

— J'ai d'autre idée pour ça....

Il captura ses lèvres sauvagement. Oui, il la punissait, avec voracité. Elle l'accueillit heureuse au fond d'elle, d'être Isadora...que le poids sur ses épaules ne soit plus qu'un mauvais souvenir. Oui, elle était heureuse de pouvoir le laisser dévorer ses lèvres sans se soucier si c'était mal ou bien. Ce n'était pas son beau-frère, il ne l'avait jamais été.

Leurs langues se parcouraient sans pause, elle dut inspirer par le nez pour reprendre sa respiration. Elle toucha, caressa ses épaules, enhardie par ses caresses brûlantes.

Il s'écarta de ses lèvres, expirant contre sa bouche torturée avec délice.

— Cette punition te plaît ? Murmura-t-il d'une voix rauque.

Isadora sentit sa barbe agacer sa peau. Les yeux fermés elle rejeta sa tête en arrière.

— Oui...oui elle me plaît. Parvint-elle à dire en se laissant tomber sur son oreiller.

Jafar fut transpercé par le désir. Il réprima un grognement en touchant son ventre. Jamais aussi loin dans ses souvenirs, il n'avait désiré une femme aussi fort. Elle représentait tout ce qu'il voulait. Au-delà de cette sourde envie d'explorer son corps, Jafar songeait réellement à prendre son temps. Quelques heures auparavant, il la pensait partie, loin de lui. Hors de question de brusquer son adorable épouse qui avait choisi de rester et d'être sa femme.

Il fit remonter lentement sa main pour venir caresser son visage.

Elle était fatiguée, Jafar devait reprendre son self-control qui berçait son quotidien. À peine vingt-quatre venaient de s'écouler depuis ses saignements.

— Il faut dormir à présent. Annonça-t-il en se levant pour faire le tour du lit.

Elle ne semblait pas en être déçu ce qui confirmé qu'il prenait la bonne décision.

Elle se cala contre l'oreiller la bouche en cœur. Elle était si désirable, si différente de sa sœur...comment avait-il pu passer à côté de ça ?

Ses cheveux qu'il avait tant admirés, l'obligeant à lui promettre de ne pas couper. Son odeur florale, l'appétissante couleur cerise de ses lèvres....comment ne pas être déconcentré ?

— Ma sœur est partie tu le savais ?

Bien sûr qu'il le savait.

— Oui et j'ai tenu ma promesse. Même si je l'ai fait à contrecœur.

Elle mit sa main sous sa joue, ses grands yeux se perdirent sur son oreiller.

— Je te remercie Jafar. Dit-elle enfin en se frottant les yeux.

Il s'allongea sur le côté et captura de nouveau ses lèvres.

— C'est plutôt elle qui doit me remercier. Quant à ton père, je le contacterais rapidement pour le rassurer.

Jafar fit une pause.

— Je sais à quel point il n'a pas confiance en moi et que tu es importante pour lui. C'est à moi de me montrer responsable.

— Mon père t'apprécie.

Il eut un rire triste.

— J'en doute...Isadora.

Il posa un doigt sur sa bouche pour l'empêcher de rétorquer.

— Nous réglerons les soucis demain, pour l'heure il faut dormir tu en as besoin et notre bébé aussi.

Elle acquiesça en se mordant la lèvre.

Il aimait ça. Ce simple geste suffit à aiguillonner son désir un peu plus. Tout semblait si naturel.

Hier encore, il pensait ne plus pouvoir résister à l'envie interdite de lui faire l'amour. Aujourd'hui, il avait toute la vie pour se rattraper.

Elle ferma les yeux, ses longs cils recourbés agrandissaient à présent ses paupières. Une mèche rebelle auburn tomba le long de son visage. Jafar quitta son oreiller pour se rapprocher et saisi sa taille pour la ramener près de lui. Timidement, ses cils se déployèrent pour le regarder.

L'émotion le gagna quand elle ramena ses deux mains contre sa poitrine en tremblotant.

Avait-elle peur ?

Elle ferma les yeux une seconde fois et cette fois-ci, elle ne les rouvrit pas. Dans ses bras, recroquevillée, les genoux ramenés vers son ventre, sa tête reposait contre son épaule.

Jafar resta un long moment à la regarder en espérant que demain, elle cesse de le regarder avec ce regard méfiant.

La Mystérieuse épouse du cheikhOù les histoires vivent. Découvrez maintenant