Chapitre Trente-Trois.

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"Au début, on croit mourir à chaque blessure

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"Au début, on croit mourir à chaque blessure. On met un point d'honneur à souffrir tout son soûl. Et puis on s'habitue à endurer n'importe quoi et à survivre à tout prix."

- Virginie Despentes -




extrait du chapitre trente-trois

 
_ Est ce qu'il t'a fait quelque chose que tu ne voulais pas qu'il fasse ? 
 
Toujours pas de réponse. Elle baisse la tête. Son genoux gauche saute et elle est dans une sorte de bataille psychique impossible. 
 
Au moment ou je décide de me relever, elle me lance. 
 
_ Maman ne me croit pas. Elle ne veut pas que j'en parle. Elle dit que je veux détruire la famille, mais je ne veux pas la détruire. De toute manière, c'est elle qui m'a détruite. 
 
A ce moment, même si Harry est à côté et qu'il est perdu dans le paysage qu'offre la vitre. Je sais qu'il écoute attentivement. Je sais qu'il a exactement interprété ces mots comme je viens de le faire. 

Fin de l'extrait du chapitre trente-trois






Janice || 6 Février 2013

Beaucoup diront de nos jours que perdre un être cher, c'est perdre une partie de son cœur, perdre une partie de son âme. Je crois que je ne vois pas les choses de cette façon. Elle me manque c'est certain. Son rire me manque, la manière dont elle avait de me réprimander me manque, même ses bisous assourdissant au creux de mon oreille que je détestais tant me manque. La vie est ainsi fait, que nous haïssons plus souvent les injustices qui nous poursuivent plutôt que de nous contenter des petits bonheurs quotidiens auxquelles, nous pourrions faire attention. C'est ce qu'elle était. Mes petits bonheurs quotidiens. Vous me diriez, maintenant je n'en ai plus. Et bien, c'est faux. Mes petits bonheurs sont les fruits de ses enseignements. Je ressens tout l'amour qu'elle m'a porté, et je ne crois pas qu'un bout de mon âme soit partie avec elle, puisque que c'est exactement elle, ce fragment qui me permet chaque jour d'avancer, de me relever, d'espérer, de vivre. Parce que je l'honore, comme j'honore ma vie.
 
Ce sont ses membres de ma famille qui m'ont quitté un à un, qui m'ont rendu également plus forte. Je pense avoir absorber toute la souffrance possible et maintenant, je décide de la rejeter, parce que j'en ai assez et que tout ce que je puisse faire ici et maintenant, c'est de montrer qu'on peut s'en sortir peut importe les blessures à partir du moment ou nous le voulons.
 
Alors qu'Harry m'observe du coin de l'œil, bouleversé. Je rattrape Eva par le col au moment ou elle décide de se faufiler par la porte, puis je lui ouvre mes bras et elle s'y faufile. Je la serre fort, si fort, comme pour lui montrer qu'elle a le droit elle aussi à cet amour dont elle a été privée. Je la serre fort pour lui dire que je suis là, et que je le resterais, qu'elle a le droit de vivre et d'être heureuse. Je la serre fort parce qu'à ce moment, dans un geste de désespoir, c'est exactement de ça dont elle a besoin. Que quelqu'un soit là pour elle. Nous restons comme ceci, Harry nous observant pendant un moment, un long moment puis je me détache de mon emprise, et plante mon regard dans ses yeux criard de larmes.
 
Eva, il faut que tu me le dises. Avec tes mots. C'est important, parce qu'il va falloir qu'on agisse et tu vas devoir répété souvent tout ce que tu m'auras dit. Dis moi ce qu'il s'est passé avec le fils de ton beau père ?
 
_ Je. Je. J'étais dans la salle à manger. Il devait me surveiller. Il était calme. Il n'est jamais comme ça d'habitude. Aussi calme. Il m'a apporté un jus d'orange mais je sais pas. C'était pas normal. J'étais bizarre après. Trop. Je ne suis jamais comme ça et puis...Enfin, après il m'a dit d'aller dans sa chambre mais je voulais pas y aller et il y avait son lit et je n'ai pas compris, j'ai rien compris. Il était sur moi, sur le lit....
 
Elle commence à trembler, elle a encore des spasmes de douleur fantôme qui l'a tranverse. Elle est fragile, et elle n'en peut plus, elle n'en peut juste plus. J'essuie les perles d'eaux coulant sur ses joues. Je chuchote des mots réconfortants, et caresse lentement son dos pour lui montrer que je suis là.. Je suis accroupie un peu en dessous de sa hauteur. Elle me fixe et je l'encourage à continuer.
 
_ Il m'a forcée. Pour tout. Je voulais pas de ça. Il m'a dit qu'il me donnait de l'amour mais je sais que c'est pas ça de l'amour. Je sais que c'est pas comme ça qu'on le montre. Je sais. Je vous ai vu tout les deux et vous ne vous faites pas ça. Vous ne vous faîte pas du mal. Voilà c'est ça qu'il m'a fait. Il m'a fait du mal. Il avait pas le droit, ça faisait mal, ça m'a fait tellement mal. Ça m'a tout déchirée. Et j'ai encore mal, et je me déteste, je déteste ça me dit elle en balayant avec sa main l'intégralité de son corps. Je ne veux plus qu'il soit à moi, jamais. Je veux le casser, le broyer.
 
Elle essuie a présent ses larmes de rage et elle tremble toujours. Je la serre de nouveau contre moi. Harry est toujours dans la pièce. Il me fixe de ses prunelles impénétrable. Ses poings sont serrés. Je sais qu'il a envie de partir, de sortir de cette pièce parce qu'elle manque d'oxygène, parce que les mots lâchés par le souffle d'Eva sont tous empoisonnées, et Harry veut fuir et c'est généralement ce qu'il fait mais il reste là cette fois et il me dit dans un murmure.

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