Chapitre relu et corrigé ! Bonne lecture !
Nous longions la falaise depuis un moment déjà lorsque nous tombâmes presque littéralement nez à nez avec une grotte ensevelie.
— Regarde, Tenuka ! C'est le Passage.
— Oui, et il est bouché, comme d'habitude.
— Sérieusement ? m'impatientai-je en tapant du pied. Tu ne vois rien ?
— Non ?
J'eus subitement envie de le frapper. Je m'avançai vers l'entrée et commençai à escalader l'éboulis. J'arrivai à une bonne hauteur du sol et me glissai agilement entre deux pierres. Le tunnel était large, mais devait certainement être d'une solidité relative, car il tenait entre deux morceaux de roches. Je ne pensai pas au fait qu'il pourrait s'effondrer d'une seconde à l'autre ni que je mourrai écrasée sous des tonnes de rocailles. Je ne songeai qu'au jarg et à la revanche que j'allais prendre sur lui. Il avait tué des dizaines des miens, et il me tardait de lui rendre la monnaie de sa pièce.
Je suivis le cours de la galerie et la sentis prendre une forte inclinaison vers le bas. Je me laissai glisser sur le ventre en grimaçant quand la roche égratigna ma peau.
J'atterris sur les poignets et grognai de douleur, mais ne perdis pas de temps, relevai la tête et me figeai. Devant moi, à quelques pas de mon visage, se trouvait l'entrée de la galerie.
Et la lumière.
Une lumière si vive que je fus obligée de fermer les yeux et de les rouvrir progressivement. Même après un long moment à essayer de m'y accoutumer, je ne pus les rouvrir complètement. Le cœur battant, la gorge nouée, je rampai jusqu'à l'ouverture et émergeai dans une clairière verte, si verte que ça en été douloureux. Des fleurs rouges et blanches tachaient cette verdure et partout la lumière ! La lumière, la vraie !
Je me relevai, les yeux embués par l'émotion ou la douleur, je ne le sus, et regardai le ciel. Il était bleu. Mais pas bleu comme la nuit, d'un bleu plus clair que je ne connaissais pas. Et il n'y avait pas d'étoiles ni de lunes. Juste le ciel, vide et immense. Les arbres aussi étaient grands. À Lancast nous n'avions pas beaucoup de végétation, juste des arbustes qui survivaient tant bien que mal à la nuit éternelle, nourris seulement par la clarté des lunes et des étoiles.
Je me sentis tout de suite écrasée par ces géants et eus une subite envie de retourner dans ma galerie. Mais quelque chose me retint. Peut-être était-ce ces couleurs si vives, l'air chaud et humide, le vent dans mes cheveux, l'odeur des fleurs qui embaumaient l'air, mais je n'esquissai pas un geste.
J'avais peur, c'est vrai, mais je n'arrivais pas à croire que j'avais vécu tous ces cycles sans connaître la lumière. Sans sentir la chaleur du soleil sur ma peau. J'avais envie de repartir très vite, parce que le risque de s'habituer à ce bonheur était trop grand pour le tenter.
J'inspirai profondément et me remis les idées en place. Je n'étais pas venue là pour profiter du paysage. J'étais là pour débarrasser mes frères et mes sœurs de la plaie qui les accablait depuis longtemps.
Un fracas derrière moi me fit faire un bond et je portai ma main à mon poignard en me retournant. Mais ce n'était que mon frère. Il émergeait tant bien que mal du trou, les yeux fermés, les dents serrées.
— Par les étoiles... mais qu'est-ce que c'est que ça ?
Je contemplai à nouveau le ciel.
— Ça, mon ami, c'est la lumière du soleil. Celle dont les Lumineux profitent à longueur de journée.
Mon ton était acide et Tenuka dut s'en apercevoir parce qu'il posa une main sur mon épaule.
— Trouvons ce jarg, d'accord ?
Je hochai la tête, on ne peut plus d'accord avec lui. Je ne voulais pas rester ici plus que nécessaire. Cet endroit nous était interdit. Il était inutile d'aggraver notre faute en nous attardant dans les environs.
J'examinai le sol, en quête de traces laissées par l'animal, quand je tombai sur une piste toute différente. Les sourcils froncés par la concentration, je me baissai et posai ma main sur l'empreinte de pas on ne peut plus humaine qui s'enfonçait dans la terre. Une empreinte de pas très récente, si j'en croyais son humidité.
Je levai les yeux et croisai ceux de mon frère, accroupi à l'orée de la forêt, l'air aussi grave que moi. Nous avions détecté les mêmes choses.
— Les traces se dirigent vers le bois, énonça-t-il d'une voix sourde. Il y a deux individus. Un homme et une femme. L'une des deux empreintes est plus profonde que l'autre, et beaucoup plus grande. Tu penses que ce sont des Lumineux ?
Je sentis le sang me battre aux tempes.
— Il ne s'agit pas du jarg, en tout cas. Tu as trouvé ses empreintes ?
Mon frère secoua la tête et continua à examiner les environs.
Je me relevai et me dirigeai vers la galerie. J'observai le sol et remarquai que la terre était retournée, comme si l'animal l'avait labouré de ses immenses griffes pour s'en extirper. Pourtant, les traces s'arrêtaient là. Je levai la tête et un mince sourire étira mes lèvres.
— Tenuka ? Je crois qu'on ne regarde tout simplement pas au bon endroit. Viens voir.
Mon frère se leva d'un geste souple et le même sourire vint illuminer son visage quand il aperçut les profondes traces de griffures sur le tronc de l'arbre le plus proche. Il y en avait des récentes et des plus anciennes, mais toutes voulaient dire la même chose : le jarg était malin et dissimulait sa piste en se déplaçant d'arbre en arbre.
Les yeux de Tenuka se mirent à briller, de la même façon que les miens.
— La chasse peut commencer, murmurai-je.
J'attrapai mon arc et Tenuka et moi nous enfonçâmes dans la forêt, tels deux fantômes silencieux.
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Entre Ténèbres et Lumière {en cours de correction}
FantasyAnkan. Lancast. Terre de Lumière, et Territoire des Ténèbres. Depuis des générations les Kyrls et les Largs se vouent une haine implacable. Chacun vit dans un monde différent, où règne pour l'un le soleil, et pour l'autre la nuit éternelle. Pour le...