Chapitre 14 : Loana

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Chapitre corrigé !

Je subissais hallucination sur hallucination. Je rêvais tour à tour de mes parents, de mon frère, du jarg qui ne cessait de me labourer de ses griffes, du feu qui me léchait la plante des pieds, et même du Lumineux que j'avais rencontré dans l'Aurore quelques jours plus tôt.

À un moment donné, je crus reprendre connaissance, mais compris que ce que je voyais n'était qu'un autre délire fiévreux. Le jour avait l'air de se lever. Le Lumineux se tenait au-dessus de moi et s'affairait à m'éponger le front. Il s'adressait à quelqu'un que je ne pouvais pas voir, mais sa voix était étouffée, je n'arrivais pas à comprendre le sens de ses paroles. Je tentai de me relever, mais il me repoussa délicatement sur le sol en psalmodiant des paroles apaisantes. Je réalisai que je n'étais plus dans le torrent et surtout qu'on m'avait dévêtue et enroulée dans plusieurs couches de vêtements.

Le Lumineux passa une main derrière ma nuque et la souleva légèrement pour que je puisse boire. L'eau glacée anesthésia ma gorge en feu et me fit un bien fou.

Je voulais Tenuka. Je voulais ma mère. Je ne voulais pas que ce personnage me touche, et en même temps, je n'arrivais pas à le repousser, comme si je savais qu'il était ma seule chance de survie.

— Tenuka... murmurai-je, mes cordes vocales irritées ne produisant qu'un faible râle.

Ce fut en entendant le son de ma voix que je compris que ce que je vivais n'était pas un rêve. Que je n'étais pas en train d'halluciner. Un tas de questions stupides se mirent alors à me tourmenter. Pourquoi cet homme me venait-il en aide alors que j'étais son ennemie ? Pourquoi prenait-il le risque de me soigner ? Comment avait-il fait pour me retirer mes vêtements sans me voir nue ? Comment s'appelait-il ?

Une seconde personne se pencha sur moi. À travers le brouillard flou qui m'empêchait de discerner distinctement ses traits, j'identifiai la Lumineuse que mon frère avait aidée à descendre de son arbre. Elle n'avait pas le même regard bienveillant que son compagnon. Elle me toisait avec agacement, comme si j'étais un insecte gênant venu perturber ses plans.

Étrangement, cela ne me contraria pas outre mesure. Moi qui étais sanguine, je ne ressentis qu'une simple inquiétude. Allait-elle se venger de la façon dont je l'avais traitée ? S'il lui venait l'idée de m'étrangler avec mes propres cheveux quand son compagnon aurait le dos tourné, je n'aurais certainement pas la force de me débattre.

Une vague de douleur parcourut mon corps et je fermai les yeux en gémissant plus fortement. J'étais secouée de frissons. J'avais des nausées et l'impression qu'on m'avait arraché la peau à maints endroits.

Je rouvris les yeux brièvement et remarquai que l'homme me fixait. Il y avait de la compassion dans ses yeux. J'en étais presque en colère. Je me serais sentie moins coupable s'il m'avait tout bonnement traitée comme je l'aurais fait, si les rôles avaient été inversés. Pourquoi s'occupait-il de moi ? Ne pouvait-il pas me laisser mourir en paix ? Je n'avais aucune envie d'avoir de l'estime pour un Lumineux. Et cet idiot était en train de me forcer le respect.

— Ça va aller, me dit-il d'une voix calme. Nous ne te ferons aucun mal. Tu vas guérir bientôt.

Sa voix était plus claire maintenant, plus distincte.

— Elle ne peut pas t'entendre, Soren, tu vois bien qu'elle est en plein délire, rétorqua son aimable compagne.

C'était étrange, mais je lui en voulais moins à elle qu'à lui. Je comprenais sa réaction, mais j'étais sans défense devant celle de son compagnon.

— Pourquoi...

Parler était un supplice, mais il fallait que ça sorte.

— Pourquoi fais-tu cela ? Je sais qu-que tu me détestes.

Entre Ténèbres et Lumière {en cours de correction}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant