Chapitre corrigé !
J'avais complètement perdu l'esprit. Mais qu'est-ce qui me prenait de flirter avec cette fille ? Je cherchais à me prendre son poing (ou celui de son frère) dans la figure, ou quoi ? J'avais déjà de la chance qu'elle n'ait pas essayé de me frapper.
Pour le moment.
Malheureusement, mon cerveau, ce pauvre idiot, n'avait pas l'air de comprendre que la situation était critique. Je n'avais tout simplement pas envie d'arrêter. C'était la première fois que je ressentais un tel torrent d'émotions. J'avais déjà fricoté avec des filles dans mon monde, bien sûr, mais ça n'était jamais allé plus loin qu'un baiser. Et puis là, c'était différent. Loana était une Ténébreuse volcanique et tempétueuse qui changeait d'humeur comme de chemise.
Et je crois que c'est ça qui me rendait dingue. J'étais retourné par son caractère indomptable et je me sentais irrésistiblement attiré par elle, comme un papillon par la lueur d'une torche.
Allais-je réussir à l'apprivoiser, ou finir par me brûler ?
J'inspirai profondément et commençai à soigner ses plaies. Il fallait que je détourne mon attention d'elle, sinon j'allais faire une bêtise.
Je travaillai en silence, concentré sur ma tâche.
J'allais lui demander de me confier sa main gauche quand je croisai son regard. J'eus presque un mouvement de recul. Ses prunelles étaient brûlantes, et elles étaient fixées sur moi. Elle devait m'observer depuis un moment, et ne détourna pas les yeux quand ils croisèrent les miens.
Oh non...
Sans vraiment réfléchir à ce que je faisais, je lâchai sa main bandée et posai délicatement la mienne sur sa joue. Il y eut une étincelle de défi dans son regard, comme si elle me prévenait que ce que je faisais était à mes risques et périls, mais je n'avais pas envie de battre en retraite. J'aimais les défis et cette fille était une mission impossible à elle toute seule. La peau de ma paume rencontra celle de sa joue et elle eut un très léger mouvement de recul... juste avant de fermer les yeux et de se laisser aller contre elle.
Je dus faire appel à toute ma volonté pour ne pas perdre le contrôle. Je me sentais emportée dans un tourbillon de sensations plus déstabilisantes les unes que les autres. Mais Loana était sauvage, farouche, et je devais redoubler de prudence pour ne pas qu'elle se dérobe.
Je laissai mon pouce faire des allers-retours sur sa joue et levai mon autre main avec une certaine hésitation, la posant sur son bras. Je laissai mes doigts glisser sur sa peau veloutée, observant son visage pour essayer de deviner ses émotions.
Elle avait ouvert les yeux en sentant ma main sur son bras et ne semblait pas du tout désireuse de l'écarter. Elle ne faisait, en revanche, aucun geste dans ma direction.
Je caressai doucement son épaule, hypnotisé par son regard sombre.
— Pourquoi est-ce que j'ai l'impression que ça va mal se terminer ? murmurai-je.
— Parce que c'est sûrement le cas, chuchota-t-elle en retour.
Ne pouvant plus supporter la distance qui nous séparait, je me penchai vers elle, tout en prenant mon temps pour lui laisser l'occasion de s'écarter. Elle ne fit que venir à ma rencontre. Je pouvais à présent sentir son souffle chaud sur mes lèvres, son nez touchait presque le mien.
Elle glissa tout à coup une main dans mes cheveux et la seconde d'après nous nous embrassions. Tout d'abord, elle répondit à mon baiser avec hésitation, comme si elle ne savait pas vraiment comment faire. Ses doigts emmêlés dans mes cheveux glissèrent dans ma nuque tandis que sa main gauche venait se poser sur mon torse. Mon cœur fit un bond et je compris, lorsque nos langues se touchèrent, que je ne pouvais plus faire demi-tour.
Je m'écartai et, la rassurant d'un sourire quand je remarquai son air déçu, je me levai et l'invitai à me suivre. Son frère et Yola dormaient juste à côté et je n'avais pas forcément envie qu'ils se réveillent et nous surprennent.
Elle jeta brièvement un coup d'œil hésitant à son frère, mais se décida à m'emboîter le pas. Nous nous éloignâmes légèrement et, encore une fois, lorsque je m'arrêtai pour me tourner vers elle, ce fut Loana qui fit le premier pas.
Elle passa ses bras autour de mon cou et, se surélevant sur la pointe des pieds, elle posa ses lèvres sur les miennes.
Le ventre tordu par le désir, je l'embrassai avec plus de passion et souris quand elle me répondit avec le même entrain. Je posai mes mains sur ses hanches et elle se rapprocha encore de moi, me troublant un peu plus encore.
— Tu me rends dingue, je murmurai entre deux baisers.
— Tais-toi Lumineux, l'heure n'est plus à la discussion.
Je lui fis un croche-pied et elle tomba en arrière. Je la retins au dernier moment et m'allongeai au-dessus d'elle. Elle souriait avec défi, comme si c'était à son tour de me dire : « essaie, pour voir ».
Je me penchai et posai mes lèvres sur son cou. Elle retint sa respiration.
— Je croyais qu'on avait dit « plus de Lumineux » ?
Elle passa une main sous ma chemise et caressa délicatement mon ventre puis mes pectoraux. Elle respirait fort, tremblant par moment, et moi j'avais de plus en plus de mal à me contrôler. Je plantai mon regard dans le sien. Elle n'avait plus du tout la même expression. Ses yeux étaient plus doux, plus avenants. Ils m'invitaient à poursuivre dans ma lancée. Et je n'étais pas du genre à me faire prier.
Elle murmura mon prénom comme une caresse sur mes lèvres, comme une invitation. Je ne comprenais pas ce qu'il m'arrivait. Pourquoi étais-je autant attiré par elle ? Pourquoi m'avait-elle permis de l'approcher, alors qu'elle me détestait ?
C'était le cas, n'est-ce pas ?
Ce que je faisais n'était pas du tout logique et encore moins raisonnable. Soudain, j'ai eu l'impression que j'étais sur le point de commettre une erreur monumentale. Il fallait que je stoppe ça avant que ça ne devienne réellement incontrôlable.
Avec un grognement de frustration, je me détachai de ses lèvres et secouai la tête. Elle avait l'air perdue, comme sortant d'un rêve.
— Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ?
Je me relevai avec difficulté et l'aidai à se remettre sur ses pieds. Elle avait une expression d'incompréhension totale sur le visage et cela me fit mal au cœur.
— On ne... on ne peut pas faire ça, statuai-je en passant nerveusement une main dans ma nuque.
Elle fronça les sourcils, confuse.
— Pourquoi ?
— Mais parce qu'on se connaît à peine, que ton frangin dort à quelques mètres de là et que...
Maintenant elle avait vraiment l'air blessée.
— « Que » quoi ?
— Qu'on ne s'apprécie pas vraiment.
Un éclair de douleur traversa ses prunelles. Puis ce fut à la colère de prendre le relais.
— Mais c'est quoi ton problème ? siffla-t-elle. Tu me cherches, tu m'aguiches et quand tu en as marre tu me dis que ce qu'on fait c'est mal ? Tu te rends compte que c'est complètement contradictoire ?
Un point pour elle assena ma conscience.
— J'ai commis une erreur, admis-je en essayant de garder mon calme. On ne peut pas faire ça parce que...
— Parce que tu n'en as pas envie, je crois que j'ai compris.
Elle tourna les talons et repartit vers le campement, pour ne pas que je voie la douleur qui assombrissait son regard déjà noir. Je fis un geste pour la rattraper, mais mes pieds étaient ancrés dans le sol.
— Loana... laisse-moi au moins soigner ton autre main.
Elle ne s'arrêta même pas pour me répondre. Sa voix était à nouveau froide et sèche.
— Inutile, je peux le faire toute seule.
Et elle disparut entre les frondaisons.
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Entre Ténèbres et Lumière {en cours de correction}
FantasyAnkan. Lancast. Terre de Lumière, et Territoire des Ténèbres. Depuis des générations les Kyrls et les Largs se vouent une haine implacable. Chacun vit dans un monde différent, où règne pour l'un le soleil, et pour l'autre la nuit éternelle. Pour le...