Chapitre 1 : Soren

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Coucou !

Je vais tenter (je dis bien "tenter") de corriger un chapitre par jour de ce roman (on va pas se mentir, c'est pas du luxe). Il restera très certainement des fautes ou des coquilles et n'hésitez pas à me les notifier en commentaire ! Merci à tous ceux qui ont aimé ce roman malgré ses (énormes) défauts. 

Enjoy !

Je marchais dans les couloirs sombres du palais depuis des lustres, me semblait-il. J'avais beau me répéter que ce n'était pas une bonne idée, je n'arrivais pas à m'enlever cet endroit de la tête. Ce lieu interdit me hantait depuis des années et j'avais maintenant l'âge et le courage de m'y rendre. Mais pas tout seul.

Je cherchais Yola, ma meilleure amie. Je n'éprouvais rien de plus profond à son égard qu'une affection sincère, mais je savais qu'elle ferait tout ce que je veux. Elle était amoureuse de moi depuis l'enfance et, même si c'était moche de me servir d'elle ainsi, c'était l'unique personne en qui j'avais confiance. Mon père, lui, n'aurait pas approuvé mon plan.

Le roi Saldar était craint de ses sujets. On ne le contredisait jamais et on ne désobéissait pas à ses ordres sous peine d'avoir de gros ennuis. Mais comme j'étais son fils, je bénéficiais forcément d'un traitement de faveur. Je ne me faisais cependant pas d'illusions sur un point : s'il apprenait que j'avais quitté les Terres de Lumière pour me rendre à l'Aurore, j'en prendrais très certainement pour mon grade.

Je m'appelais Soren et j'étais un Lumineux. Du moins, c'était le sobriquet que nous avaient attribué nos ennemis. Pas parce que nous brillions comme des lampes, mais plutôt en raison du jour éternel qui régnait sur notre partie du monde. J'avais beau fouiller dans ma mémoire, je n'avais pas le souvenir d'avoir jamais assisté à la tombée de l'obscurité, que les livres désignaient comme étant « la nuit ». Ce qui n'était pas le cas du peuple qui vivait sur les Terres Sombres. Eux n'avaient carrément jamais de cycle lumineux, et devaient se contenter de la lueur que leur prodiguaient nos deux lunes et les étoiles. Des rumeurs disaient qu'ils ne supportaient pas une trop forte lumière. Mais je n'avais jamais croisé ces ennemis, et je n'avais donc pas eu l'occasion de leur poser la question. Personne n'avait eu cette opportunité.

Mon peuple s'appelait les Kyrl, ce qui, dans une langue très, très ancienne, signifiait « ceux qui voient ». À l'époque, je n'avais pas la moindre idée du pourquoi. Les membres de la famille royale, dont je faisais partie, étaient les descendants du premier homme à s'être exilé sur les Terres de Lumière. Les raisons de cette étrange décision se perdaient dans les méandres du temps. Je me demandais souvent ce qui nous avait amenés à nous installer dans ces régions arides, dépourvues de la fraîcheur de la nuit. Plus je vieillissais, plus j'étais fatigué du soleil.

Je finis par abandonner l'idée de débusquer Yola et me dirigeai vers ma chambre, située à l'étage. Les murs de drysolithe, un minerai épais qui nous protégeait de la lumière, assombrissait les immenses escaliers. Tout le palais était taillé dans ce matériau rare. C'était une pierre que l'on ne trouvait que sous terre, à de grandes profondeurs, et qui avait la faculté de repousser les rayons du soleil et de nous préserver de la chaleur torride. Ce qui était fort commode dans une construction, surtout quand la température extérieure était brûlante.

Je montai une volée de marches vertigineuse sans même remarquer le vide à ma droite. J'y étais trop habitué. Mes appartements se situaient dans l'aile ouest et j'y pénétrai avec fébrilité. Ils étaient plongés dans le noir, les épais rideaux des fenêtres masquant la lumière du jour éternel.

— Ah ! Tu es là !

Je sursautai et levai les yeux. Yola était assise sur le sofa du séjour, un air exaspéré sur le visage.

— Je t'ai attendu toute la matinée au moins !

— Yola, mon amie ! m'exclamai-je en portant théâtralement une main à mon cœur. Cherches-tu à me faire avoir une attaque en surgissant ainsi de nulle part ?

Elle secoua la tête, mais ne put cacher le petit sourire qui naissait sur ses lèvres.

— Pauvre idiot. Je n'ai pas « surgi » ! j'étais visible comme le nez au milieu de la figure.

— Un bien joli nez, d'ailleurs.

Elle rougit et détourna le regard. Ce n'était pas très honnête de la taquiner tout en connaissant les sentiments qu'elle éprouvait à mon égard, mais je ne pouvais pas m'en empêcher. Quand le rose lui montait aux joues, même ses oreilles s'ornaient d'une charmante teinte vermeille. C'était assez drôle et, comme je savais qu'elle ne me déclarerait jamais sa flamme, je n'avais pas trop de scrupules à la tourmenter de cette façon.

Je me tournai vers elle, arborant une expression que j'espérais mystérieuse.

— Trêve de plaisanterie. Moi aussi je te cherche depuis un bon moment.

Son visage s'illumina et j'eus un sentiment de malaise en songeant qu'elle se méprenait sur le sens de mes paroles. Yola était très jolie. Elle avait des cheveux châtain clair, qu'elle maintenait toujours courts, une peau dorée et des yeux verts translucides. Mon père aurait adoré nous voir ensemble, autrement qu'en tant qu'amis, s'entend. Mais ce n'était vraiment pas dans mes projets. Yola était belle, seulement ça ne changeait rien à ce que je ressentais.

Je m'approchai d'elle et m'agenouillai à ses pieds. Elle écarquilla les yeux et son épiderme gagna une teinte supplémentaire. La pauvre pensait certainement que j'allais lui déclarer ma flamme.

— J'ai bien réfléchi, Yola.

Je devenais franchement cruel et décidai de mettre un terme à ses espoirs en en venant au fait.

— On a tous les deux vingt cycles solaires dans la semaine. Il est temps à mon avis d'aller visiter l'Aurore.

Son visage se décomposa tout à coup. J'ignorais si c'était la déception ou la peur qui l'avait fait pâlir à ce point.

Elle parcourut la pièce des yeux, paniquée, et m'attrapa les mains.

— Soren, te rends-tu compte de ce que tu dis ? murmura-t-elle. Tu es conscient, tout comme moi, du sort réservé à ceux qui se rendent... là-bas. On ne peut pas prendre le risque. Ton père... ton père nous tuerait !

— Il n'en saura rien, Yola. C'est bien pour cette raison que je te propose de venir avec moi.

— Tu dis n'importe quoi. Imagine... imagine qu'on y croise un Ténébreux ! Il n'hésiterait pas une seconde à nous transpercer d'une flèche !

— C'est un risque à prendre, affirmai-je d'un ton désinvolte. Mais n'aie crainte, je te protégerai.

— Et comment comptes-tu franchir la Grande Falaise, toi qui es si malin ? asséna-t-elle sans se laisser attendrir.

Je lui souris avec excitation.

— J'ai trouvé une brèche il y a quelques jours. Une bête y a creusé un trou et je l'ai camouflé avec des branchages. On peut aisément passer dessous.

Elle semblait à court d'arguments et n'était visiblement pas aussi emballée que moi.

— Écoute, Yola. Je t'ai proposé ça parce que je pensais que ça t'intéresserait. Maintenant, libre à toi d'errer seule dans ce palais mortellement ennuyeux, au lieu de découvrir de nouveaux horizons.

— C'est bon, je te suis, soupira-t-elle, vaincue. Mais on ne reste pas longtemps, d'accord ?

J'eus un mal fou à ne pas sauter de joie.

— Va chercher tes affaires, on part tout de suite.

— Ce serait plus sage de patienter jusqu'à ce que tout le monde soit endormi.

J'allais lever les yeux au ciel quand la voix de la raison me glissa à l'oreille que cette suggestion était fort perspicace.

— D'accord. On fait ça. Et dès que la voie est libre, à nous l'aventure !

Entre Ténèbres et Lumière {en cours de correction}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant