Chapitre 18 : Loana

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Chapitre corrigé :D

Je réprimai un sourire en voyant la contrariété se peindre sur le visage du Kyrl. Je ne savais pas si c'était parce que je voulais l'accompagner ou parce que je ne l'appelais toujours pas par son prénom, mais cela m'amusait beaucoup.

Je n'avais pas envie de le suivre comme un animal domestique. J'avais un certain amour propre, mais Tenuka avait raison. C'était à moi de venir avec lui. En tant que débitrice dans la Redevance, j'étais une sorte de protectrice pour lui. Je me devais de lui venir en aide dès que l'occasion se présenterait.

Je me tournai vers mon frère et il m'offrit un de ses poignards que je glissai dans ma ceinture. Je m'étais rhabillée avant que nous nous installions pour manger et je me sentais beaucoup plus à l'aise depuis, même si le tissu des vêtements frottait contre mes plaies.

— Tu n'as pas besoin de venir, Loana. Je suis un grand garçon, je peux me débrouiller seul. Et puis tu es trop faible pour marcher. Regarde-toi, tu tiens à peine debout.

— Je vais bien, rétorquai-je, agacée. Ne te préoccupe pas de moi. Et puis, soyons honnêtes : tu es tellement bruyant et niais que tu ne remarquerais pas un jarg s'il te sautait dessus. Mieux vaut que je sois là pour veiller au grain.

Pour la première fois depuis que je l'avais rencontrée, je vis de la colère briller dans ses prunelles. Un mince sourire amusé et provocant s'étira sur mes lèvres. Ainsi, M. Parfait avait des sentiments humains. Voilà qui devenait intéressant...

Il se reprit néanmoins, à mon grand désarroi, et fit demi-tour en traversant le torrent et en se dirigeant vers l'autre côté de la forêt.

— Si ça peut te faire plaisir et apaiser ta conscience, rétorqua-t-il d'un ton détaché.

Je pinçai les lèvres, en colère à mon tour. Je lui emboîtai le pas et traversai avec difficulté l'eau vive du ru. Je gravis la berge opposée en titubant un peu, mes jambes encore faibles. J'avais des vertiges et des bouffées de chaleur, et cet idiot me mettait en plus de mauvaise humeur. Pour le coup, c'était moi qui étais bruyante et niaise. Lui se mouvait avec beaucoup de facilité et de silence. J'essayai d'adopter ma démarche de prédatrice, mais en toute honnêteté, j'avais du mal à mettre un pied devant l'autre.

Déjà essoufflée, je le dépassai et lui barrai le passage en posant un index menaçant sur son torse. Il croisa les bras, et attendit que je m'exprime en poussant un soupir à fendre l'âme.

— Tu te fourvoies, Kyrl. Je ne fais pas ça par bonté de cœur. Chez nous, ça s'appelle l'honneur, tu vois, mais je ne suis pas sûre que cette notion te soit familière, persiflai-je avec mauvaise foi.

Il écarta mon doigt et se remit en marche.

— Tu sais, je commence à te cerner. Beaucoup de gueule, très peu d'actions. Chez nous, on appelle ça fanfaronner. Mais peut-être que ce mot ne t'est pas familier...

J'avoue, je vis rouge. Nous nous étions éloignés d'une centaine de pas du campement. Sans vraiment réfléchir, comme à mon habitude, je lui sautai dessus, dans le but de lui montrer que je ne faisais pas que parler. Mon énergie m'était revenue d'un seul coup.

Nous roulâmes sur le sol et je me retrouvai au-dessus de lui, mon poignard sur sa gorge. Son expression me coupa dans mon élan. Je n'avais pas l'intention de lui faire le moindre mal, simplement de lui faire un peu peur. Mais il était loin d'être terrifié. L'expression qu'il affichait s'approchait plus de la provocation qu'autre chose. Un sourcil haussé, il semblait me dire : « Même pas cap ».

Je serrai les dents.

— Je n'aime pas beaucoup qu'on m'insulte, Lumineux. Il est vrai que je te dois la vie et en tant que débitrice, je te protégerai avant de me protéger moi. Mais sache que ça ne veut pas dire pour autant que je t'apprécie ou que je te respecte.

Entre Ténèbres et Lumière {en cours de correction}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant