Chapitre 42 : Loana

1.3K 211 14
                                    

Coucou! Je n'ai pas corrigé ce chapitre... Allez voir au chapitre 6! Il y a une illustration surprise =)

Je venais à peine d'émerger que Soren prononça deux petits mots qui me firent immédiatement paniquer. Je n'entendais plus ni la pluie, ni l'orage, mais derrière les lourdes portes en bois, on pouvait percevoir des bruits de pas précipités, des voix sifflantes et comme les battements d'ailes de dizaines d'insectes.

Héli-Anor était parfaitement immobile. Elle écoutait, elle aussi.

Je vins vers elle en pensée :

« Qu'est-ce qui se passe ? »

Elle ne se tourna même pas dans ma direction.

~ Je pense qu'il s'agit de pillards Rokars qui se sont fait surprendre par la tempête. Les Rokars ne supportent pas l'eau de pluie. Elle leur provoque des brulures grave. Ils ont dû se réfugier dans la cité pour échapper à l'humidité et maintenant ils sortent.

« Ils vont nous trouver ? »

Elle me regarda, cette fois-ci.

~ Il y a des chances. Ils sont au courant pour nous et n'hésiteront pas à nous régler notre compte s'ils en ont l'occasion. Il se pourrait même qu'ils soient là pour ça.

Je déglutis.

« Combien sont-ils ? »

~ Beaucoup trop nombreux pour que je puisse en venir à bout, en tout cas. Peut-être une cinquantaine.

Elle replia son aile sur son dos et se leva lentement, sans faire le moindre bruit. Nous l'imitâmes et Tenuka vint nous rejoindre, inquiet.

- Vous avez entendu ? chuchota-t-il.

Nous hochâmes la tête à l'unisson et je leur expliquai doucement ce que venait de me dire Héli-Anor, tout en me rhabillant. Les garçons m'imitèrent en grimaçant. Nos vêtements n'étaient pas totalement secs.

Un bruit sourd retentit contre les doubles portes. Quelqu'un venait d'essayer de les ouvrir.

Ni une, ni deux, Héli-Anor me saisit dans sa patte droite, elle attrapa Tenuka dans la gauche et Soren se retrouva enserré dans une de ses pattes arrières. Avant que je ne puisse comprendre ce qu'elle faisait, elle déploya ses ailes et d'un battement puissant s'envola et s'accrocha au plafond à l'aide des serres sur ses ailes et de sa patte arrière libre.

Nous étions tous les trois collés contre le plafond vertigineux du bâtiment et Héli-Anor changea brusquement de couleur, se fondant avec teinte sombre de la pierre. Elle cessa complètement de bouger, jusqu'à apaiser sa respiration pour qu'elle ne soit plus qu'un faible souffle.

Je ne pouvais rien voir avec le corps imposant de la Dolgarok qui nous cachait du sol mais j'entendis distinctement les portes grincer lugubrement.

Le vent soufflait toujours dehors, mais beaucoup moins fort et je pus entendre les voix éraillées et mauvaises qui s'interpellaient dans une langue étrangèrent, en pénétrant dans le temple. Ils ne se parlaient pas, non, ils se hurlaient dessus. J'entendis comme un bruit de bagarre et des feulements avant qu'une autre voix n'intervienne et ne fasse cesser la zizanie. Je n'arrivais pas à savoir combien ils étaient. Dix ? vingt ?

Ils se parlèrent un long moment à coup de sifflements et de cliquètements. Je m'humectai les lèvres en essayant de ne pas bouger mais j'avais l'impression que mon cœur jouait du tambour.

~ Ils sont en train de dire que la tempête les a retardés, mais qu'ils seront de nouveau dans la forêt avant le coucher du soleil. Ils sont à notre recherche. Apparemment...

Elle se tut pour écouter plus en avant la conversation.

~ Apparemment ils ont été envoyés par leur reine pour nous éliminer. Elle ne veut pas prendre le risque que nous nous échappions. Elle craint que nous ne rejoignions pas la colonie pour sauver la Lumineuse et que nous essayions plutôt de retourner dans vos mondes.

Héli-Anor frissonne de colère.

~ Leur chef vient de dire que la Reine a mandaté quelqu'un pour vous faire venir dans l'Aurore.

J'étais perdue.

« Quoi ? Mais qui ? Comment ? »

~ Je lis dans ta tête, pas dans la leur ! Comment veux-tu que je le sache s'ils n'en parlent pas ? Ils sont en train de sortir. Ils veulent se remettre en route.

Un cri retentit soudain et Héli-Anor gronda puissamment en se détachant du plafond.

~ Ils nous ont vu !

Elle se laissa tomber à la renverse avant de déployer ses ailes et de sortir avec agilité par l'ouverture. La nuit était apparemment tombée et il ne pleuvait plus. Je n'eus pas le temps de savoir s'il y avait toujours des nuages. Héli-Anor voltigea entre les avenues et s'éleva dans le ciel en quelques battements d'ailes puissants.

En-dessous de nous, j'entendais des cris et des cliquètements. Puis je les entendis distinctement décoller à leur tour, leurs ailes dégoutantes faisant un bruit de mouche gigantesque.

Héli-Anor se dirigea sans hésiter vers l'énorme lac que j'avais vu un peu plus tôt. Elle fonça à toute allure, à une vitesse telle que le paysage à mes pieds devint flou. Elle nous avait plaqué contre son ventre pour que nous ne soyons pas trop malmenés par le vent, mais je sentais quand même les rafales fouetter mon visage.

Le lac se rapprochait à une vitesse phénoménale. Il devait être à des lieus de la cité, mais la rapidité de la Dolgarok n'avait pas de limite. Je tentai de regarder derrière moi et remarquai avec horreur que les Rokars aussi étaient rapides. Pas aussi véloces qu'Héli-Anor, mais rapides quand même.

Nous étions presque au-dessus de l'étendue d'eau et je ne savais toujours pas ce que la Dolgarok avait en tête.

Elle prit tout à coup de l'altitude, monta, monta si haut que l'air se raréfia et qu'il commençait à faire terriblement froid. Mais les Rokars nous suivirent quand même, ne semblant pas craindre les conditions particulières de l'espace. Ils formaient un nuage épais d'une cinquantaine d'individus.

Puis Héli-Anor se laissa tomber en piquet. Elle replia ses ailes autour de nous et tomba comme une pierre.

Je ne vis pas ce qui se passa par la suite, j'entendis juste la Dolgarok s'excuser auprès de moi et je la sentis prendre une profonde inspiration avant de cracher ses flammes. Puis nous plongeâmes dans l'eau avec une telle violence que je sentis tous mes os craquer. Mais je n'étais pas sûr que c'était mon corps, qui avait pris un coup. Je souffrais, pourtant je savais que je n'étais pas blessée, j'avais terriblement mal partout, pourtant je n'avais pas été celle qui avait reçu la violence du choc de plein fouet.

Non, c'était Héli-Anor.

Et à présent, sa douleur était la mienne.

Je ne m'aperçus pas tout de suite que nous étions sous l'eau. Les ailes d'Héli-Anor étaient repliées de telle façon que l'eau avait du mal à s'infiltrer jusqu'à nous.

Mais je la sentis couler, toujours plus profondément. Je savais qu'elle était toujours consciente, mais elle ne semblait pas vouloir remonter à la surface. Je gémis avec elle quand la pression de l'eau fit saigner mes tympans. J'avais l'impression que ma tête allait exploser.

Puis je perdis connaissance, en même temps que ma Dolgarok.

Entre Ténèbres et Lumière {en cours de correction}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant