Chapitre 21 : Soren

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Chapitre corrigé ! :D

Loana m'avait dit merci. Je n'arrivais toujours pas à y croire. Elle ne me l'avait pas craché au visage, ne m'avait pas lancé de regard méprisant en prononçant le mot... non elle l'avait dit d'une voix douce, en pleurant. J'étais gêné parce que j'avais l'impression d'avoir vu une facette de sa personnalité qu'elle ne montrait pas souvent, voire jamais, comme si j'avais réussi à percer un trou dans sa carapace de mauvaise humeur. Et en même temps... en même temps, j'éprouvais une joie idiote, stupide à avoir réussi à lui inspirer autre chose que du mépris.

Je ne comptais pas le lui dire, mais la gentillesse et la douceur lui allaient vraiment bien. Et quand elle avait glissé avec hésitation ses doigts dans ma paume pour que je l'aide à se relever, j'avais eu cette sensation étrange d'avoir triomphé d'elle.

Nous marchions en direction du camp quand elle reprit la parole. Sa voix n'était plus chevrotante, ses larmes avaient tari, mais la douceur n'avait pas disparu, elle.

— Comment fais-tu pour rester aussi calme, en toute circonstance ?

Bonne question.

— Je ne sais pas, je suppose que c'est dans ma personnalité. Je suis intimement convaincu que le calme, la maîtrise de soi et la douceur sont des qualités inestimables chez quelqu'un, même si elles sont souvent considérées comme des faiblesses.

— Je comprends. Tu ressembles vraiment à Tenuka pour ça. Mon frère aussi est une personne très calme et toujours pleine de bonnes intentions. Chez nous, les hommes le considèrent comme un lâche, un faible, mais moi j'ai toujours su que c'était lui qui avait le dessus. Il faut avoir de la force pour maîtriser ses sentiments et sa colère.

J'hésitai à poser la question qui me brûlait les lèvres.

— Vous... vous êtes vraiment différents l'un de l'autre. Pourquoi es-tu si souvent en colère ? Ne te vexe pas, mais on dirait que tu en veux au monde entier.

Son visage se ferma aussitôt et je regrettai de l'avoir poussée dans ses retranchements. J'étais persuadé que nous allions terminer le retour en silence quand elle rouvrit la bouche :

— C'est la seule parade que j'ai trouvée pour me protéger.

J'avais l'impression qu'on lui arrachait les mots de la bouche.

Je décidai de changer de sujet, désireux de ne pas briser la toute nouvelle entente entre nous. Je ne comprenais pas pourquoi c'était si important pour moi de gagner son respect. Après tout, ce n'était pas comme si cette fille avait fait ou dit quelque chose pour s'attirer ma sympathie...

— Il faudra que tu me préviennes dès que la douleur réapparaîtra, pour que je refasse les bandages et applique à nouveau la mixture miracle.

Elle eut l'air gênée, tout à coup.

— Je pourrai le faire moi-même.

Il n'y avait pas de hargne dans sa voix, juste de l'embarras. Pourquoi avais-je l'étonnante impression que j'avais brisé le mur d'arrogance qui l'entourait constamment ? Ou était-ce elle qui m'avait laissé entrer ?

— Ça ne me gêne pas, lui assurai-je. J'ai toujours voulu être guérisseur. La médecine me passionne. Et toi, j'ai cru comprendre que tu aimais chasser ? À part ça, tu as d'autres centres d'intérêt ?

Mais qu'est-ce qui me prenait à lui faire la conversation ? J'avais pété un plomb ou quoi ?

— Ce n'est pas vraiment que j'aime chasser. C'est surtout une nécessité, Tenuka et moi avons besoin de nous nourrir. Et puis, je n'aime pas forcément tuer les bêtes, c'est surtout me promener dans la nature, me sentir libre, qui me plaît. Je n'ai pas le temps d'avoir d'autres centres d'intérêt. Je suis une serve. Je travaille presque tous les jours dans les champs, du début de la matinée jusque tard dans la soirée. Quand je rentre, je n'ai qu'une envie : aller dormir.

Entre Ténèbres et Lumière {en cours de correction}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant