Chapitre 27 : Soren

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Chapitre corrigé ! :D

Je n'arrivais pas à en croire mes yeux. La scène à laquelle je venais d'assister me paraissait totalement irréaliste, impossible tant elle était effroyable. Après avoir entendu Tenuka hurler comme un damné, je m'étais retourné prestement pour voir Loana disparaître dans le gouffre.

Je restai une demie seconde sous le choc, mais me remis sur mes pieds en titubant et me penchai pour inspecter les gorges. La rivière colérique grondait à des centaines de pas en dessous de nous.

Il n'y avait aucune trace de la Ténébreuse.

J'eus à peine le temps d'apercevoir un bout du tronc émerger de la rivière avant qu'il ne soit happé à nouveau par les remous implacables. Tout à coup, un mouvement sur ma droite me fit me retourner.

J'écarquillai les yeux d'horreur. Tenuka avait reculé de plusieurs pas dans l'évidente intention de sauter à la suite de sa sœur.

Je le taclai sans ménagement alors qu'il s'élançait et nous roulâmes au sol dans un enchevêtrement de bras et de jambes. Il essaya de se débarrasser de moi, mais je le retins fermement par les épaules, à moitié allongé au-dessus de lui.

— Lâche-moi ! Lâche-moi ! s'égosillait-il en se débattant. Je dois la sauver !

Je l'obligeai à me regarder dans les yeux, sans desserrer ma prise sur ses bras.

— Arrête, Tenuka ! Tout ce que tu vas réussir à faire c'est te noyer ! Tu ne la sauveras jamais en sautant à ton tour dans la rivière ! Écoute-moi ! On va longer les gorges en observant les berges. Si elle s'en est sortie, on la trouvera forcément.

Mon argument dut faire son effet parce qu'il arrêta de se débattre, les yeux hagards, mais moins fous que quelques secondes plus tôt.

Rassuré par le fait qu'il ne tenterait pas le grand plongeon, je me relevai et me tournai vers Yola afin de m'enquérir de son état. Elle était pâle comme la mort, mais elle n'était pas blessée. Je me demandai brièvement si elle regrettait d'avoir autant insisté pour m'accompagner.

Je lui donnai la main et nous nous mîmes à trotter le long des gorges, tout en vérifiant tous les cinq pas que Loana n'était pas en vue quelque part sur la berge. Malheureusement, chaque coup d'œil se révéla infructueux. La Ténébreuse avait bel et bien disparu. Pis : nous vîmes, broyé contre une des parois rocheuses, un reste de l'énorme arbre qui nous avait servi de pont. Il était resté coincé dans une des aspérités de la roche.

— Regardez bien ! Elle s'y est peut-être accrochée.

Mais nous eûmes beau scruter, il n'y avait aucune trace de Loana.

Je secouai la tête, refusant de perdre espoir. Nous repartîmes de plus belle vers l'avant. Au bout de quelques minutes de course effrénée, nous fûmes obligés de freiner sec. La faille s'ouvrait sur un gouffre qui s'étendait sur notre gauche et notre droite. Les falaises étaient moins hautes et le torrent déchaîné se terminait par une immense cascade qui avait creusé un abîme dans la roche, si profond qu'on n'en distinguait pas le fond.

Je passai une main angoissée dans mes cheveux. Si Loana était tombée dedans, elle n'en ressortirait certainement jamais vivante. Je ne savais pas pourquoi cette idée me rendait malade. Je la connaissais à peine et, même si nous nous étions embrassés, je n'avais pas cru avoir spécialement beaucoup d'affinités avec elle. Je venais de comprendre que je m'étais fourvoyé en beauté. J'avais des sentiments pour cette étrange fille, sentiments qui étaient en train de se développer doucement. Je n'imaginais pas la perdre. C'était inconcevable pour moi. Et quand je surpris l'expression peinte sur le visage de Tenuka, son teint livide, je compris que la violence de mes émotions n'était rien comparée aux siennes.

Entre Ténèbres et Lumière {en cours de correction}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant