Chapitre 34 : Loana

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Je me retrouvai à faire le guet, alors que la nuit était tombée depuis une bonne demi-heure, déjà. J'attendais le retour d'Héli-Anor avec une certaine angoisse. D'une part elle ne daignait pas réapparaitre, d'autre part elle avait promis de me faire ma fête dès qu'elle en aurait l'occasion. Ce qui ne me rassurait pas beaucoup.

~ Tu ne sais pas à qui tu t'adresses, jeune humaine, m'avait-elle dit sur un ton menaçant. Je pourrais très bien te réduire en bouillie à l'instant même. Moi, ça ne me tuerait pas. Mais comme je suis lasse d'attendre un nouveau Symbiote, je vais faire abstraction de ton impertinence. Pour le moment. Ce qui ne veut pas dire que je ne sais pas déjà à quelle sauce je vais te manger.

Et elle était partie sur ces charmantes paroles. Je n'arrêtais pas de me demander si je n'aurais pas mieux fait de tomber dans ce gouffre, finalement. Héli-Anor n'était pas la plus sympathique des compagnes et je sentais au plus profond de moi qu'elle allait me rendre la vie impossible.

Pourtant, paradoxalement, je ne pouvais pas m'empêcher de la respecter et d'avoir à son égard une certaine tendresse. C'était plus fort que moi, je ne pouvais maîtriser ces sentiments.

Mais la question qui se posait c'était pourquoi il n'en était pas de même pour elle ? Je voyais bien qu'elle avait du mal à me supporter. Savoir que je la décevais ou qu'elle ne m'aimait pas beaucoup me rendait étrangement triste. Pour la deuxième fois en quelques jours, je compris ce que cela faisait de sentir que l'amour qu'on éprouvait à l'égard d'une personne n'était pas réciproque.

- Je te dérange ?

Je manquai sursauter mais me retins à temps et jetai une œillade surprise à Soren. Il s'était levé de sa couche et m'avais rejointe, si silencieusement que je ne l'avais pas entendu arrivé.

Je lui fis signe de s'assoir sans prononcer une parole et il s'exécuta. Il remonta un genou et appuya son bras droit dessus, d'une façon si décontracté que je me demandai vaguement s'il se rendait compte de la tâche qui nous attendait.

Nous restâmes silencieux plusieurs minutes, et si le silence ne me dérangeait pas d'habitude, celui-ci commença à me rendre nerveuse. Soren n'avait pas l'air gêné, lui. Il regardait le ciel nuageux d'un air distrait.

- Ils viennent d'où à ton avis ? me demanda-t-il, brisant le silence.

Ne comprenant pas de qui il parlait, je fronçai les sourcils.

- Qui ça ?

Il m'adressa un demi-sourire qui fit battre mon cœur plus vite. Je ne me reconnaissais pas. Quelle pauvre idiote sentimentale je faisais...

- Les Rokars. Les envahisseurs.

Je haussai les épaules, encore aux prises avec mes émotions.

- Je ne sais pas. Héli-Anor n'a pas précisé d'où ils étaient sortis. Comme ils semblent capables de voler avec ces étranges engins, je dirais qu'ils sont venus des étoiles.

Il réfléchit quelques instants. Je me surpris à le regarder faire et à le trouver particulièrement attirant avec ses cheveux trop longs qui lui tombaient sur le front et ses yeux rêveurs.

Si j'avais été seule, je me serais giflée.

- Peut-être. Tu sais, j'ai bien réfléchi. Peut-être qu'au lieu de les chasser sans faire de concession, on pourrait essayer de parler avec eux. De créer une alliance ?

Ah ! Là, je le reconnaissais bien. Je ne pus m'empêcher d'avoir un ricanement légèrement méprisant.

- Jamais ils n'accepteraient. On n'est que des insectes pour eux, on ne pourrait rien leur apporter et on a aucun moyen de pression sur leur civilisation. En fait, nous ne sommes d'aucun intérêt. Se serait se tirer une flèche dans le pied que de nous laisser revenir. Je ne pense pas que ce soit le genre d'individus à vouloir partager.

Entre Ténèbres et Lumière {en cours de correction}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant