Entre Ténèbres et Lumière {en cours de correction}

Chapitre 10 : Loana

EDIT: Chapitre corrigé ! 

Après ma dure journée de travail, j'étais bien heureuse de rentrer chez moi. Les étoiles étaient plus brillantes que jamais dans le ciel et les deux lunes, assaillaient le ciel comme deux envahisseurs indécis. La plus grosse d'entre elles était quasiment dissimulée derrière ses anneaux rosés.

Je n'avais pas parlé à mon frère depuis notre dernière discussion à propos du Prince. Il m'avait agacé pour la simple et bonne raison que je craignais qu'il ait raison.

Qu'est-ce que cet arrogant personnage me voulait ? Je n'étais qu'un objet pour lui, un instrument qui lui permettait de manger de la viande tous les jours. Alors, pourquoi me manifester un tel intérêt ? Parce que je savais me servir d'un arc ou d'un poignard ? La plus empotée des courtisanes à Lancast en était également capable. Alors quoi ? Qu'est-ce qui le fascinait chez moi ?

Je donnai un coup de pied dans une pierre qui vint heurter un fourré. Un petit animal velu que nous appelions « coureur » en sortit et s'enfuit au triple galop dans la plaine.

Je portai instinctivement la main à mon arc qui, je m'en souvenais un peu tard, était resté chez moi. Je n'étais armée que de deux poignards et d'une fronde. Mais il était vain de chercher à me servir de cette dernière. Le coureur était bien trop rapide et seule l'une de mes flèches aurait pu l'atteindre.

Je me sentis d'encore plus mauvaise humeur. Je n'aimais pas tuer les bêtes, je ne chassais pas par cruauté ni pour le plaisir. En fait, la mise à mort était la partie que je préférais le moins. Mais quand on était un serf des Terres des Ténèbres, il valait mieux avoir plusieurs cordes à son arc pour se nourrir convenablement. Beaucoup de familles dans les environs mourraient de faim, soit parce que leurs membres n'avaient pas le temps ou la force de chasser, soit parce qu'ils n'étaient pas aussi doués que Tenuka et moi. Je m'adonnais à cette activité pour manger, même si j'adorais le moment de la traque. Suivre une piste était excitant et euphorisant. De plus, on parcourait les plaines, on se promenait dans la nature, on avait l'impression d'être libre.

Bien sûr, après il fallait tuer l'animal. Même si je n'aimais pas forcément cela, je le remerciais toujours pour les quelques jours de répit qu'il nous prodiguerait, à Tenuka et moi.

Ce dernier grogna en voyant le coureur disparaître.

— Dommage. J'aurais bien mangé de la viande, ce soir. Je suis épuisé et je meurs de faim.

Je ne répondis pas tout de suite. Je n'étais pas si fatiguée que cela. Par contre, j'étais bien d'accord avec mon frère en ce qui concernait mon estomac. Je n'avais pas envie de manger le gruau que je nous avais préparé le matin. J'avalais la même chose depuis des semaines et ça commençait à me taper sur le système.

— Je crois que je vais aller chasser cette nuit.

— Tu es complètement dingue. On se lève aux aurores demain. Tu ne tiendras pas la journée si tu ne dors pas.

— C'est mal me connaître.

Après être rentrée chez moi, je revêtis ma tenue de chasse, saisis mon arc et sortis de la maison. Celle-ci se trouvait au beau milieu du village. Tenuka me fit la morale un moment avant de fermer son clapet en réalisant que je ne l'écoutais pas. Il s'assit sur le tabouret de la cuisine en bougonnant, un bol en bois rempli du mélange infâme dans les mains.

— Bon appétit, le tançai-je avant de disparaître.

Je croisai de nombreux villageois qui me saluèrent plus ou moins chaleureusement. Je leur répondis d'un signe de tête et m'aventurai dans les plaines qui séparaient le village de la Falaise. J'espérais débusquer de petits animaux, comme des coureurs, et j'étais fermement décidée à ne pas m'en prendre au gros gibier.