Chapitre II : Ami

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Musique : aots2m他4
Par Hiroyuki Sawano

« Mikasa ? Quelque chose ne va pas ? »

C'était Armin. Il me regardait d'un air interrogateur, ses yeux bleus posant sur moi un regard calme mais néanmoins légèrement triste. Il avait dû percevoir les larmes qui avaient perlé à mes yeux.

« Non, ça va... C'est juste... Rien... répondis-je en reniflant.

-Non... Tu pleures. Tu peux me dire ce qui ne vas pas, tu sais... Je peux peut-être t'aider ?

-Non... c'est inutile... On ne peut rien y faire...

-Tu penses encore à cette histoire de malédiction, c'est ça ? »

Je levai les yeux vers lui. Comment avait-il deviné ? Mes pensées étaient à ce point transparentes ? Il avait vraiment le don de lire l'esprit des gens comme dans un livre ouvert...

« Je te l'ai déjà dit... Tu ne dois pas y penser pour le moment. On n'a pas encore trouvé de solution, mais... je suis sûr qu'il y a un moyen de le sauver, me rassura -t-il maladroitement.

-Et s'il n'y en a pas !? On n'a absolument aucune information sur un moyen de contourner la règle des treize ans ! Dans cinq ans, il pourrait mourir sans qu'on ne puisse rien y faire ! »

Cette fois les larmes coulaient pour de bon, et disparurent dans les plis de mon écharpe.

« Je ne sais plus à quoi m'accrocher. Ça faisait longtemps que je n'ai pas eu cette sensation... Je suis désespérée, désemparée et... déprimée.

-Tu devrais plutôt être déterminée... C'est ce que tu as toujours été, non ?

-Je... Tu... Tu ne comprends pas...

-Pourtant si... Trop bien... » murmura-t-il en baissant la tête.

Je me tus. Trop tard, je réalisai l'énormité de mes paroles. Armin possédait un titan, lui aussi... Quelques années après Eren, il partira, victime de la malédiction d'Ymir. Notre avenir avait l'air plus sombre que jamais, et ma solitude se fit encore plus pesante. Avant de fermer la porte, il dit d'une voix atone :

« Tu devrais te dépêcher. La réunion d'urgence a déjà commencé. Rendez-vous dans la grande salle. »

Je soupirai. La dernière fois qu'une telle réunion s'était tenue, ils avaient débattu de la menace Mahr pendant des heures sans en tirer aucune conclusion ni prendre aucune nouvelle décision importante. Notre stratégie était toujours inchangée. Je me levai tout de même. En fait, c'est surtout que je n'avais pas la moindre envie de me faire sermonner par capitaine Nabot...

En rentrant dans la grande salle, je me sentis mal à l'aise. Quelque chose de grave était arrivé. La tension était palpable et même les supérieurs avait l'air nerveux. Je me dirigeai vers ma place, à droite de Eren. Il avait l'air mélancolique et une sorte de pessimisme se lisait sur son visage. Il avait tellement changé... Il y a quelques années, lorsque nous étions encore dans les brigades d'entraînement, j'éprouvais quelquefois une crainte à l'idée de lui dire ce que je pensais vraiment, tant il pouvait s'emporter facilement. Je ne l'avais pas abandonné, bien sûr, je savais qu'il était dominé par sa colère mais que sous celle-ci se trouvait encore le petit garçon rêveur qui m'avait montrer comment vivre, celui qui autrefois m'avait entouré de son écharpe. Celui qui rêvait de bonheur et de liberté au-delà des murs, celui qui avait resurgi en lui à ce moment où, croyant que tout était perdu, je lui avait finalement fait part de mes sentiments à travers des remerciements. Je me suis toujours demandé ce qu'il ressentait, ce qu'il avait pensé à cet instant. Je savais qu'il n'avait pas été insensible à mes paroles, mais nous n'en avions jamais reparlé, et je n'avais jamais osé aborder le sujet, ne pouvant anticiper sa réaction. Après tout, il a toujours été à mes côtés, il m'a protégé et guidé, mais je n'ai jamais été sûre de ses sentiments pour moi. Qu'était-ce vraiment ? Je donnerais cher pour le savoir, mais il était ne laissait plus ses émotions apparaître aussi facilement qu'auparavant. Si jamais je lui dévoilais totalement ce que je ressentais pour lui, cela risquerait de jeter un froid entre nous... C'était bien la dernière chose que je voulais. Je ne voulais pas forcer les choses. Pourtant, il y aura bien un moment où il me faudra le lui dire... ou bien je regretterait toute ma vie.

Il surprit mon regard :

« Mikasa ? »

Je détournai la tête en me rendant compte que je devais être en train de l'observer depuis un long moment. Il plissa les yeux :

« Pourquoi tu rougis ?

-Heuuu... Je vois pas de quoi tu... » commençai-je.

Heureusement pour moi, notre attention se porta sur le major Hanji qui prit la parole à ce moment :

« L'heure est grave. Nos unités de détection ont repéré une quinzaine de navires cuirassés avançant droit vers nos côtes. C'est une attaque sans précédent. »

Un amour à contretemps - EremikaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant