Un amour à contretemps - Eremika

Chapitre XV : Chasse

Musique : 進撃 pf20130218 巨人
Par Hiroyuki Sawano

Eren

Je sombrais dans l'eau mouvementée. La mer était glaciale, mais son sel me brûlait toutes mes plaies comme un feu ardent. Je n'avais qu'une seule envie. Mettre fin à cette torture. Cette sensation commençait à devenir bien trop familière... Et pourtant on ne s'habitue jamais à la souffrance. Mais je ne renonçai pas. Nous n'avions pas traversé tout cela pour perdre maintenant. Je luttai contre les remous de l'eau, et me mis à nager tant bien que mal pour m'éloigner du navire. Chaque mouvement m'était difficile, et mes poumons réclamaient désespérément de l'air. Je continuai à nager jusqu'à ce que le manque d'air se fasse insoutenable. Je sortis ma tête de l'eau pour enfin prendre une grande inspiration.

J'en profitai pour regarder rapidement aux alentours. À une dizaine de mètres derrière moi, se dressait la silhouette inquiétante du navire. Il fallait que je me dépêcher de partir avant qu'il ne me repèrent. Je ne pouvais rien faire pour Mikasa pour le moment, il fallait d'abord que je récupère et que j'établisse un plan d'action. La plage n'était pas très loin, à seulement quelques dizaines de mètres. Je pouvais nager cela facilement, mais je m'efforçai de nager un peu en diagonale pour m'éloigner le plus possible du navire. Tant que j'étais dans l'eau, il était difficile de me repérer, surtout avec la luminosité faible du début de soirée...

Je nageai donc vers le rivage malgré mon épuisement et mes blessures. Je m'efforçai de ne penser à rien d'autre qu'à nager droit devant, sans penser au couteau dans mon dos qui remuait à chaque vague. Dès que j'aurai récupéré suffisamment mes mains, je pourrais enfin retirer cette chose de mon corps... Soudain, j'entendis des éclats de voix provenant du bateau. M'avaient-ils repéré, ou venaient-ils simplement de découvrir ma disparition ? J'espérais que je disposais encore d'un peu plus de temps, car il était compté. Ils allaient forcément envoyer des hommes à ma recherche. Il fallait que je trouve un endroit où je pourrais me cacher, au moins temporairement...

J'approchais du rivage rocailleux. Je touchai enfin la terre ferme et me relevai. Malheureusement, j'étais encore à découvert et je ne pouvais pas m'accorder le moindre repos pour le moment. Je marchai d'un pas rapide vers un rocher qui pourrai me cacher pendant que j'examinerai la situation.

Je me cachai derrière en reprenant mon souffle. J'avais toujours un couteau enfoncé d'une dizaine de centimètres dans le dos, et chaque inspiration me le rapellait cruellement. Mais maintenant, il était temps d'enlever cette chose de mon corps... Mes doigts n'étaient pas encore complètement régénérés, mais tant pis. Je ne pouvais plus supporter cette douleur. J'attrappai le manche rugueux, et serrai la mâchoire. Je tirai la lame d'un seul coup. La douleur se raviva instantanément, plus fulgurante que jamais. Je réprimai un hurlement, mais je ne pus retenir des larmes de douleur qui coulèrent le long de mes joues.

Je restai dans cette position plusieurs minutes, tandis que la douleur refluait avec une lenteur abominable. Mais c'était fait. Je pouvais maintenant me concentrer sur la vraie menace qui planait sur moi. J'observai discrètement le navire depuis ma cachette de fortune. Le soleil se couchait, et je pouvais étudier l'activité ambiante à bord grâce aux lumières qui s'agitaient dans tous les sens. Ma disparition n'était évidemment pas passée inaperçue, et les hommes semblaient frénétiques. J'étais inquiet pour Mikasa. Qu'allaient-ils faire d'elle ? Elle allait probablement subir les conséquences de ma fuite ratée... Je n'avais aucun moyen de savoir ce qu'ils se passait, mis à part les lumières balayant les alentours. Ils devaient certainement me chercher... Et une fois qu'ils auront la certitude que je sois parti, ils enverront des hommes à ma recherche. J'étais en position de faiblesse. Je n'avais aucune arme, j'étais épuisé et actuellement incapable de me changer en titan. J'étais seul contre tous, sans moyen de me déplacer ni rien qui ne puisse m'être d'une quelconque utilité... J'avais seulement un couteau, qui malgré ce qu'il m'avait fait subir, serait probablement ma meilleure, ou plutôt mon unique arme. Je pouvais le parier, ce qui m'attendait maintenant était une véritable chasse à l'homme.