« C'est donc là... murmura Viktor. Aucun doute, ce que nous cherchons est bel et bien ici. »
Je lâchai au sol un tout dernier éclat lumineux. Notre route s'achevait ici... Le sillon creusé dans le sol s'interrompait devant nous, comme si l'objet gigantesque qui avait labouré la terre s'était évaporé par magie. Mais Viktor savait manifestement aussi bien que moi ce qu'il était advenu de ce navire, et de tous les autres...
Nous arrivions en face de l'avant-poste du bataillon d'exploration, dont on pouvait clairement discerner les contours à présent. Dans la nuit orageuse, sa silhouette gigantesque en devenait presque terrifiante. C'était un édifice impressionnant, dont la taille et la construction rudimentaire laissait deviner qu'il avait été bâti par la main d'un titan. Il se divisait en plusieurs bâtiments distincts, mais l'un deux, un peu à l'écart, qui dépassait largement les autres en hauteur et en largeur et sans aucune fenêtre, avait immédiatement attiré l'attention de Viktor.
« Suivez-moi. » glissa-t-il sans explication, prenant la direction du bâtiment.
Je me mordis la lèvre inférieure avec inquiétude. Je savais déjà ce que renfermait cette partie de l'avant-poste. Et il le savait aussi... Nous traversâmes l'avant-poste, avançant comme des voleurs entre les bâtiments silencieux, nos ombres fantomatiques se projetant sur les murs bâtiments abandonnés. Tout semblait intact, exactement comme nous l'avions laissé deux jours plus tôt, mais il semblait désormais complètement désert... Pas de lumière se laissant entrevoir aux fenêtres, pas de fumée s'échappant des larges cheminées, pas un mouvement, pas un bruit. De toute évidence, il n'y avait plus âme qui vive ici... Si les titans étaient parvenus jusqu'ici, alors tous les occupants devaient avoir pris la fuite. Du moins, c'est ce que j'espérais...
Arrivé au pied du bâtiment, Viktor s'arrêta. Il jaugea quelques secondes les dimensions démesurées de l'édifice, puis, faisant signe de le suivre, il entra à l'intérieur par une porte qui semblait minuscule en comparaison. Une fois à l'intérieur, les Mahrs allumèrent des lanternes et sondèrent l'obscurité de leurs faisceaux de lumière. Nous découvrîmes alors peu à peu un gigantesque entrepôt, dans lequel s'amoncellaient autour de nous des caisses entières de fusils, de lances foudroyantes, d'équipements tridimensionnels et d'autres armes destinées au bataillon d'exploration. Les murs étaient recouverts de tuyaux en métal, reliés à d'immenses citernes de gaz sous pression. En service à l'avant-poste du bataillon, je venais ici tous les jours, et pourtant avant aujourd'hui je n'avais jamais réalisé à quel point tout ceci ressemblait à un véritable arsenal de guerre. Ainsi accompagnée, je me trouvais désormais mal à l'aise devant cet armement à faire froid dans le dos. Les soldats inspectaient, étudiaient, fouillaient et examinaient des armes variées développées pour le bataillon d'exploration. Ces technologies secrètes étaient l'un des seuls atouts dont disposait encore l'île du Paradis contre ses ennemis, une carte secrète qui pourrait peut-être encore nous laisser une chance de survie face à l'avance technologique et la supériorité militaire écrasante de nos ennemis. Tombées entre les mains des Mahrs, elle n'étaient plus qu'un espoir de plus qui s'envolait... En fait, il était déjà trop tard. Rien que le fait qu'ils posent le regard sur ces armes gâchait à tout jamais leur potentiel stratégique...
Mais, en avançant encore à l'intérieur de l'entrepôt, au-delà de tout cela nous attendait quelque chose d'encore plus impressionnant. Émergeant des ténèbres, nous découvrîmes la vraie raison de notre venue ici. Emplissant tout l'espace de leur dimensions colossales, près d'une dizaine de navires Mahrs reposaient côte à côte, tels des monstres de fer endormis dans leur antre obscur. Les soldats approchèrent leurs lanternes du navire le plus proche, révélant une coque étrangement déformée et recouverte de larges éraflures. À cet instant précis, je pouvais deviner qu'ils pensaient tous à ceux que ces bateaux avaient emmenés sans jamais ramener, ceux dont ils avaient dû espérer longuement le retour, en vain.
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Un amour à contretemps - Eremika
FanfictionAn 853, trois ans après la bataille de Shiganshina. Les côtes de l'île du Paradis sont à nouveau prises d'assaut par l'ennemi, et Eren et Mikasa n'ont d'autre choix que de combattre à nouveau. Cependant, ce jour-là, tout ne se passe pas comme prévu...