Chapitre XVI : Nuit

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Eren

J'agrippai une branche solide devant moi avec mes deux mains. Je me laissai tomber dans le vide en me suspendant par les bras à une branche, et me balançai avant de sauter sur l'arbre suivant. Je me trouvais à une dizaine de mètres de hauteur, et ici l'enchevêtrement de branchages était tel que je pouvais me déplacer agilement en passant d'arbre en arbre, sans jamais revenir au sol. J'attrappai une nouvelle branche, puis une autre, encore une autre, et ainsi de suite. Même pas besoin d'équipement tridimensionnel. De toute façon, il m'avait bien évidemment été enlevé. Je continuai de me concentrer sur mes gestes. Une seule mauvaise prise, une seule branche se cassant sous mes mains, et c'était la chute. Et vu la hauteur à laquelle je voltigeais, elle ne serait pas agréable... Mais je restais calme. Je connaissais mes limites physiques exactes, et j'avais entière confiance en mes aptitudes. Je savais ce que je pouvais faire, et ce que je ne pouvais pas.

Depuis plusieurs minutes déjà, je suivais à la trace un groupe de quatre hommes. À vrai dire, ils n'étaient pas très discrets. Il étaient bien silencieux, mais la lueur de leurs lampes les trahissaient, même à travers l'épais feuillage. Quant à moi, j'étais indétectable dans le noir, inaudible dans le silence. Je n'étais qu'une ombre de plus dans la nuit, un souffle de plus dans le vent. Je suivais mes poursuivants depuis les hauteurs, les observant me chercher partout autour d'eux sans jamais lever les yeux. Jusqu'ici, tout se passait bien.

Puis, sous mon pied, une branche craqua et tomba au sol, plus de dix mètres en contrebas. Je me figeai instantanément. Cela ne passa pas inaperçu... Des faisceaux lumineux percèrent le feuillage juste en-dessous de moi. Je retins mon souffle.

« C'était quoi, ça? demanda un homme, suspicieux. J'ai entendu un bruit, juste à côté de moi... »

Deux des hommes cherchèrent de leur lampe l'endroit où la branche était tombée.

« Un animal, j'imagine... On est dans une forêt, tu sais. Y a des animaux et tout, si t'as peur à chaque bruit on va pas s'en sortir... Reste concentré, gamin.

- C'est ça, fous-toi de moi... » fit-il en ramenant le faisceau de sa lampe devant lui, non sans hésitation.

Plaqué contre un tronc, immobile sur une haute branche, je repris mon souffle fébrilement. Je me maudis intérieurement pour avoir attiré leur attention. J'avais eu de la chance qu'ils ne y pensent pas à vérifier en hauteur... Mais si ça continuait, ils allaient me repérer... J'allais devoir agir vite. À vrai dire, je ne savais pas vraiment ce que j'attendais. Cette idée me ne plaisait pas du tout, mais il me faudrait probablement les tuer, ou bien ce seront eux qui me tueraient. Je n'ai aucun doute quant à leurs intentions à mon égard. Mais mon instinct me retenait d'engager le combat maintenant. Une angoisse me serrait les tripes. Je sentais que le rapport de force était bien trop déséquilibré... Leurs armes lourdes étaient taillées pour massacrer de l'humain avec une efficacité effrayante... La sensation de la balle pénétrant ma chair était resté gravé à vif dans ma mémoire bien que mon corps n'en ait pas gardé le souvenir. Je tentais de repousser le moment fatidique autant que possible, mais je savais que cela ne pouvait durer éternellement.

Au fur et à mesure que nous progressions, je sentais mes muscles s'affaiblir et se raidir de crampes. Mon endurance arrivait à sa limite. Que je le veuille ou pas, l'heure du combat arrivait. Une fois de plus... Je soupirai. C'était maintenant ou jamais. Si j'attendais plus longtemps, il serait trop tard. Je me positionnai sur un arbre juste au-dessus des quatre soldats, et descendit sans bruit quelques branches. Je dégainai mon nouveau couteau, et choisis ma cible minutieusement.

Musique : ERENthe
Par Hiroyuki Sawano

Un amour à contretemps - EremikaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant