Chapitre XVIII : Vainqueurs

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Musique : omake pfadlib

Par Hiroyuki Sawano

L'acier froid du conduit métallique me glaçait la joue. Je tournai la tête de l'autre côté. Peu importe la position que je choisissais, c'était désagréable. La nuit était déjà tombée depuis longtemps, et pourtant je ne parvenais pas à trouver le sommeil. J'étais épuisée, mais impossible de dormir. Toutes mes pensées étaient dirigées vers lui. Depuis neuf ans, il n'y avait qu'un endroit au monde où je me sentais chez moi. Heureuse. Complète. Le reste du monde n'était qu'un enfer. Un enfer cruel. Dans mon cœur, il n'y avait qu'une île, une seule, émergeant au milieu d'un océan de douleur. Et en ce moment, je n'était pas dessus. Je me noyais dans cet océan, luttant pour rester à la surface, en essayant de ne pas perdre de vue cette île qui semblait s'éloigner inexorablement de moi. Je me rappelai son visage, ses yeux brillants de générosité, son sourire qui amenait immanquablement le mien... et je me demandais si je les reverrais jamais.

Depuis ma cellule, je tentais d'écouter n'importe quel bruit, n'importe quel chuchotement, quel qu'il soit, qu'un membre de l'équipage aurait pu glisser, et qui aurait pu m'informer sur ce qu'il se passait en-dehors de ces quatre murs qui m'enfermaient.

Mais rien n'arrivait. Je n'entendais que le son des vagues battant la mesure sur la coque, inlassablement. Les heures passaient et j'étais toujours seule, prisonnière, enchaînée à même barre de fer dans la même cale humide... et sans la moindre indication sur sa situation, pas un signe de vie. Je ne savais rien. Je me disais qu'il allait bien, qu'il allait forcément s'en sortir. Mais je savais que c'était faux. Il pouvait mourir. Disparaître de ma vie, et me laisser seule. Surtout si je n'étais pas là pour empêcher cela. Une question, une terrible question, tournait en boucle dans ma tête : « Et si il avait besoin de moi, là, maintenant, et que je ne pouvais rien faire ?... Et si, cette fois, il ne s'en sortait pas, car je n'étais pas là pour lui venir en aide ? »

Et cette simple idée me torturait. Je l'avais déjà perdu une fois comme ça. Mon être tout entier s'était alors brisé. Je savais que cela arriverait de nouveau si je le perdais pour de vrai. Et cette fois-ci, je n'y survivrai pas. Mon cœur se serait alors brisé trop de fois pour guérir.

J'étais prête à endurer n'importe quoi... J'étais prête à sacrifier n'importe quoi... J'étais prête à accomplir n'importe quoi... Mais ce n'était pas suffisant. J'étais impuissante. Soumise. Inutile. Combien de temps cela durerait-il encore ? Je commençais à ressentir cette sensation bien trop familière... Pourquoi le destin s'efforçait-il de nous arracher l'un à l'autre ?

Cette attente ne pouvait durer indéfiniment. Quelque chose allait bien finir par arriver, tôt ou tard. Mais cela pourrait raviver mon espoir... aussi bien que l'éteindre. J'attendais avec anxiété. Les secondes s'égrenaient, toutes tant identiques que j'en perdais la notion du temps. Rien. Toujours rien. Tout ce que je savais, c'était que des hommes avaient été envoyés pour débarquer sur la plage. Ils avaient été personnellement désignés par Viktor et avaient reçu l'ordre de ne revenir tant qu'il n'avaient pas rempli leur devoir. Ils n'étaient pas revenus. Mais ce n'était peut-être qu'une question de temps. Une chasse à l'homme sans merci devait se dérouler dehors, et Eren en était la proie... Cela me faisait peur, me ramenait à mes pires cauchemars. Eren était fort, incroyablement fort, bien plus que moi, je le savais... Et pourtant le pire pouvait toujours advenir. Peu importe à quel point vous êtes fort, ce monde saura toujours vous opposer à un ennemi qui l'est encore plus.

Un amour à contretemps - EremikaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant