Chapitre XIV : Seule

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Mikasa

Le coup de feu retentit. Eren écarquilla les yeux alors que la balle lui transperça le cœur. Un trou rouge sombre se forma alors dans sa poitrine. Je criai son nom, mais je n'entendis même pas ma voix. Eren regarda sa poitrine avec stupeur, puis leva ses yeux vers moi un instant, avec un regard triste et empli de regret. Ensuite, ses yeux se fermèrent lentement tandis qu'il basculait au-dessus de la barrière. Cette unique seconde me sembla ralentie, horriblement étirée, prolongeant cette vision déchirante. Le corps de Eren transpercé, démembré et couvert de sang tomba, sans force, avant de disparaître de ma vue. Puis j'entendis le bruit de l'eau l'engloutissant.

« EREEEEEEN!! »

Je tirai désespérément sur mes chaînes sans faire attention aux entailles et écorchures qu'elles m'avaient causé aux poignets. Avec toutes mes forces, peut-être arriverais-je à me libérer de ces entraves qui me retenaient de sauter à la mer... Je tirai, tirai avec toutes la force de mes bras. J'avais des crampes aux biceps mais cela ne me freina pas. Mes menottes firent un bruit étrange. Étais-je en train d'y arriver ? Pourrai-je briser ce métal ? Je continuai obstinément... Mais j'atteins mon point de rupture. Même avec toute la détermination dont j'étais capable... Je ne pus pas m'acharner plus longtemps. C'était au-dessus de mes forces. J'abandonnai. Je retombai contre la barre métallique en regardant les liens. Toujours aussi solides, pas la moindre trace de fragilisation. Forcément. Merde... Ne pouvais-je rien faire? Étais-je forcée de subir sans pouvoir changer quoi que ce soit?

Musique :  進撃pf-adlib-c20130218巨人

Par Hiroyuki Sawano

Je me rendis à l'évidence. Je ne pouvais rien faire pour le moment. Eren devra survivre seul... Mais, pourrait-il régénérer toutes ses blessures ? Est-ce que sa moelle épinière a été atteinte ? Et, est-ce qu'un détenteur de titan pouvait mourir d'asphyxie ? Il pourrait certainement guérir de ses blessures actuelles, mais pouvait il se passer d'oxygène ? C'était certainement un besoin vital même pour lui, au même titre que la nourriture... Merde. Ce n'était pas le moment de penser à ça. Je ne pouvais rien y faire pour le moment. Il fallait que je fasse confiance à Eren pour s'en sortir seul cette fois... Il y arriverait, j'en étais convaincue.

D'autres soldats se montrèrent devant la porte de ma cellule improvisée. Ils étaient tous stupéfaits et n'osaient pas dire un mot. Le dénommé Paul s'était agenouillé près de son camarade égorgé. Il pleurait toutes les larmes de son corps. Sa détresse était triste à voir... Au fond, elle me rappelait la mort de nombre de nos camarades... Je me ressaisis. Je n'avais pas à avoir pitié de l'ennemi. Oui. Le monde est cruel... Si tu gagnes, tu vis. Si tu perds, tu meurs. Voici la réalité de la guerre, la vraie. Désormais, nous ne combattions plus seulement des ennemis qui voulaient nous tuer, mais des êtres humains, avec une vie et des sentiments, mais qui pensaient différemment de nous. Nous étions séparés par ce mur idéologique, et nous nous entretuions pour cela. Mais cela ne voulait pas dire que je les laisserai faire. Je me battrai sans relâche pour protéger ma vie, celle de ceux qui me sont chers, et pour gagner notre liberté. Et je tuerai si il le fallait. Mieux valait eux que nous. Ce ne serait pas la première fois...

Le petit soldat criard, Paul, tenait la photo ensanglanté de son ami entre les mains. Il murmura, comme pour s'adresser à lui :

« Ils sauront... Je dirais à ta famille... Pourquoi tu es mort... Tu as donné ta vie pour notre patrie, et tes amis... Tu es mort... Au combat... Contre l'ennemi... Je leur dirai cela, Franz. Je te le promets... »

Un amour à contretemps - EremikaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant