Le Murmureur

Chapitre 2 : « Deux meutes n'en forment plus qu'une »

Chapitre 2 : « Deux meutes n'en forment plus qu'une »

Comme venait de me le conseiller mon âme sœur, je m'asseyais aux côtés de mon père, résistant à l'envie de sauter sur l'homme en face de moi et de l'embrasser à pleine bouche. Le lien était étrangement puissant, et je ressentais comme si de la puissance me parvenait par ce lien. Mon âme sœur était donc si forte que ça ? Je jetais un regard à mon père, qui, lui, avait un regard soucieux.

- Son père me l'a présenté comme étant un humain...dit-il à travers le lien. Je fronçais les sourcils.
- Un humain ? Mais, c'est le fils biologique de l'Alpha, non ?
- Oui, j'en suis sur, ils se ressemblent, et il semble plutôt faible...

Faible ? Pourtant, je ne sentais émaner de lui qu'une puissance écrasante.

- Mais alors pourquoi il réagit comme cela pour le lien ? Lui demandais je. Si c'est un humain, jamais il n'aurait pu résister à une attraction si puissante...
- Je ne sais pas, murmura mon père, nous allons le voir, conclut il.

– Alors, dit-il, à voix haute, qu'as-tu à nous dire, petit...?
– Timothé. Appelez moi Tim, c'est plus court.

C'était la deuxième fois qu'il parlait, et sa voix me donnait des frissons. Elle était si belle...

– Il faut que je te le dise tout de suite, dit Tim en s'adressant à moi, je ne ressens pas - et ne ressentirais jamais - le lien.

Ok. Stop. Pause. Quoi ? Comment ça il ne ressent pas le lien ? Il n'a pas cette attraction ? C'était impossible, enfin, même les humains le ressentent...

– Je ne suis pas un humain, dit-il, coupant court mes pensées. Je suis ce qu'on appelle un Murmureur. Est-ce que vous savez ce que c'est ?

Mon père hocha la tête. J'avais peut-être dû le voir avec mon professeur particulier, mais je ne prêtais jamais vraiment attention à ses cours, alors je n'avais absolument aucune idée de quoi il pouvait parler.

– Un Murmureur, reprit-il, est une personne pouvant s'introduire dans votre esprit et le manipuler à sa guise. De ce fait, il est complètement immunisé contre le surnaturel, même pour le lien d'âme sœur. Donc, conclut-il, je ne ressens aucun amour pour toi à présent et le lien ne m'affectera jamais. Désolé.

Mon cœur se brisait. Il ne m'aimait pas. Tim ne m'aimait pas comme je l'aimais, et il l'avait dit avec une telle indifférence... Je n'avais jamais pensé pouvoir autant souffrir un jour. Tim ne m'aimait pas et ne m'aimerait jamais. Jamais ? Vraiment ?  Une pensée illumina alors ma journée. Si il n'était pas amoureux de moi, alors, il suffisait que je fasse en sorte qu'il m'aime ! En face de moi, je vis Tim aborder un sourire narquois.

– Je te mets au défi d'essayer, dit-il à voix haute.

Et alors je compris. Tim était dans mon esprit, à l'instant même où je parlais. Je fis une grimace. Je n'aimais vraiment pas ça, qu'il puisse lire toute mes pensées. Du moins, si, moi, je ne pouvais pas lire les siennes. Tim leva les mains, son visage toujours fermé, qui ne laissait transparaître aucun sentiment bienveillant.

– Je ne le ferais plus, dit-il, du moins jusqu'à ce que tu me marques.

Mon cœur rata un battement. Tim acceptait que je le marque ? Il voulait bien être mon compagnon pour toujours ? Une joie sans bornes s'empara de moi, et je dû fortement me retenir pour ne pas lui sauter dans les bras et l'embrasser à pleine bouche.

– Bon, maintenant que nous sommes réglés sur ce point, il va falloir voir pour les meutes, déclara le père de Tim. Le mien hocha la tête.
– Bien sûr, répondit-il, je ne vois qu'une seule solution : ne faire plus qu'une seule meute. Seulement ta meute acceptera-t-elle d'avoir un autre Alpha que ton fils ?

Le père de Tim grimaça à ses mots, mais l'expression de Tim ne bougea pas d'un poil, toujours aussi neutre.

– Au contraire, marmonna-t-il, ils seront plus qu'enchanté d'avoir un « Alpha digne de ce nom ».

Je fronçais les sourcils. Comment ça un « Alpha digne de ce nom » ?! Tim était très bien pourtant !

– Je comprend, murmura mon père, ils ne veulent pas de ton fils car il n'est pas un loup-garou.
– Exactement. Cet union ne fera de mal à personne, et calmera les ardeurs de certains membres de ma meute.
– Bien, déclara mon père. Il faut convoquer tout les membres de nos meute respectives dans les plus bref délais. Demain soir vous conviendrait ?
– Ce sera parfait, trancha l'Alpha.
– À demain soir, alors.
– À demain soir.

Et ils se serrèrent alors la main avant que l'Alpha ne sorte de la pièce, suivi de son fils qui ne m'adressa aucun regard.