Chapitre 36 : « Blessure Mortelle »

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Chapitre 36 : « Blessure Mortelle »

L'entendre dire ces mots, c'était comme me tuer avant l'heure. S'il avait déjà abandonné, s'il avait déjà perdu l'espoir de vivre, ce n'était certainement pas mon cas. Je secouais la tête, tandis qu'Adam me regardait, un air triste sur le visage.

Tu ne mourras pas, tranchais-je.

Adam poussa un long soupir.

Tim...commença-t-il.
Non, le coupais-je. Tu ne mourras ni aujourd'hui, ni demain, ni même dans les semaines voir les années à venir. Tu auras le droit de mourir quand nous serons vieux et décrépis dans plus d'une centaine d'année. Mais, là, tu as dix-sept ans, donc, tu ne mourras pas aujourd'hui. Pas avec moi à tes côtés.

Il baissa tristement ses yeux sur notre fille.

Je ne sais même pas son prénom, murmura-t-il.
Héléna, lui dis-je. Elle s'appelle Héléna, et elle a besoin de toi. Elle a besoin de deux parents.

Adam ne dit rien.

J'espère que tu vas te laver un peu, pour que je puisse mieux voir ta blessure.
Tim, tu ne pourras rien y faire ! C'est empoisonné.
Je m'en fiche. Je trouverais une solution. Viens.

Nous nous dirigeâmes vers une maison abandonnée mais en bon état. Des gardes se postèrent tout autour de la maison, pour assurer notre sécurité. Je repris Héléna des bras d'Adam.

Maintenant, tu vas te laver, et changer de vêtements. Ceux-là sont fichus.
Tim, on a pas le temps de prendre une douche ! On est en guerre !
Oui, on a pas le temps. Et là, tu nous en fait perdre encore plus. Donc, bouge toi, s'il te plait, merci.

Je ne lui laissais pas plus l'occasion de répliquer, et il se dirigea vers la salle de bain que je lui indiquais. Il se doucha en vitesse, tandis que moi, assis sur le canapé, Héléna endormie dans mes bras, envoyais à toute vitesse des messages. Il fallait qu'elle soit mise en sécurité aujourd'hui. Je ne pouvais pas attendre plusieurs jours.

Si jamais Héléna mourrait, Adam et moi ressentirions la même peine que si l'on perdait nôtre âme soeur. Et si je n'imaginais pas Adam mourir, je n'imaginais pas non plus mourir Héléna. De plus, Adam serait certainement le seul à ressentir ce déchirement dans sa poitrine. Si j'avais entendu l'appel, je n'avais pas plus de lien avec elle que je n'en avais avec Adam. Il existait un Lien, je le savais, mais je le ressentais pas.

Je ne le ressentirais jamais.

Adam ressortit de sa douche, habillé et propre.

Alors ? me questionna-t-il doucement. Tu as trouvé un endroit où la mettre en sécurité ?

J'hochais la tête.

Oui. C'est loin, mais c'est sur. Un ami en qui je fais confiance la gardera et la protégera comme la perle de ses yeux.

Adam s'assit à mes côtés.

Où ?
Le Maroc, dis-je douloureusement.
Je vois.

Il resta silencieux, puis se releva.

Comment va-t-il venir la chercher ?
Il est déjà à Paris. Il n'a pas pris part aux combats, mais il pourra la faire partir au plus vite d'ici. Un vol pour le Maroc est prévu dans deux heures. Ils le prendront, j'en suis sur.

Depuis le début de la guerre, la situation politique de la France était catastrophique. Les dirigeants avaient du mal à comprendre comment fonctionnait notre monde, et ils avaient encore du mal à réaliser notre existence.

Et, ils n'avaient encore rien fait pour lutter contre mon père.

Seulement, après cette guerre, comment allions-nous vivre ? Les humains auraient tous peur de nous, c'était sur. Ils nous verraient comme des monstres, qui auront peut-être tués des personnes chers à leur yeux.

La sonnette retentit. L'heure était venue de dire au revoir à Héléna, alors que nous venions à peine de la trouver.

Le MurmureurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant