Le Murmureur

Chapitre 19 : « Avoir le courage »

Chapitre 19 : « Avoir le courage »

Claquant violemment son livre sur la table de notre nouveau salon, Adam me fit sursauter. Je relevais vivement la tête, fronçant les sourcils.

— Quoi ? Aboyais-je à moitié.

Adam pinça des lèvres, et fit une expression que je n'avais encore jamais vu sur son visage. Je savais que, avant moi, Adam était plutôt du genre rebelle, mais qu'il était aussi très protecteur envers ses amis (amis que l'on avait pas vu depuis longtemps, d'ailleurs). Avec moi, j'avais il n'avait été méchant ou en colère pour de vrai. Et là, je découvrait une nouvelle facette de lui. Un ton dur que je ne lui croyais pas capable.

— Tu vas aller voir ton père.

Je plissais mes yeux face à son ton. Je n'aimais pas ça, mais pas du tout.

— Non.

J'étais aussi sec que lui, et j'espérais bien lui faire comprendre que la façon dont il me parlait ne me plaisait pas. Adam se leva, imposant, et se dirigea à grands pas vers moi. J'avais des notions de self défense, et si je l'avais voulu il serait déjà à terre. Mais jamais, au grand jamais je n'utiliserais mon pouvoir sur lui. De plus, de cette façon qui était horrible à vivre, je le savais. C'était surement la pire. Adam s'approcha dangereusement de moi, et me saisit brusquement les poignets.

— Ce n'était pas une question, dit-il dans un grognement sourd.

Mes yeux s'assombrirent. Adam ressera sa prise sur mes poignets et me plaqua contre le canapé.

— Il me semble t'avoir dit non, Adam, murmurais-je froidement.
— Il me semble t'avoir dit que ce n'était pas une question, rétorqua-t-il sur le même ton.

Il ne me lâchait pas du regard, et ce n'était certainement pas moi qui allait détourner le regard en premier.

— Adam, sifflais-je, je ne voudrais pas avoir à utiliser mes pouvoirs contre toi.

Adam relâcha légèrement la pression sur les poignets et eut un léger mouvement de recul. J'avais bien perçu l'éclair qui était passé dans ses yeux. Je l'avais blessé. J'avançais difficilement ma salive, me maudissant de tout mon être de l'avoir blessé. Je m'en voulais à mort, et je détestais ça.

— Je pensais que tu ne le ferais jamais. Mais il faut croire que je me suis trompé, dit-il avec un rire amer.

Il se releva et me lança un regard plein d'amertume. Je me redressai à mon tour. Je dit pourtant rien, je n'avais pas les mots pour lui exprimer ce que je ressentais. Jamais auparavant je n'avais été confronté à faire ça, et là, maintenant, alors que mon âme-soeur était blessé par ma faute, j'étais tout simplement incapable de dire "pardon".

Adam saisit sa veste.

— Je veux juste que tu ailles parler à ton père, Tim. Je vais faire un tour.

Avant même que j'ai put dire quoi que ce soit, il était partit, me laissant seul dans mes remords. Je poussai un soupir. Cette dispute était tellement ridicule ! Tout ça parce que je me comportait en lâche. Parce que je n'avais pas le courage d'aller le voir.

Je me relevais et saisit mes chaussures, les enfilant. J'espérais revenir ici avant qu'Adam ne revienne, mais rien n'était sur. Je ne savais pas à quoi m'attendre avec les révélations que mon père allait me faire.
Je sortis de l'appartement et me dirigea à grands pas vers mon ancienne maison. J'avais quelques minutes de marches devant moi, qui allaient me servir pour me refroidir les idées.

Arrivée devant la villa, je poussais un soupir et franchit le grillage. Je pris mon courage à deux mains et entrais dans la maison, silencieuse. Je ne savais pas ce que faisait mon père en ce moment, mais c'était bizarre. Tout était bizarre.

Jamais encore mon père ne m'avait tenu à l'écart d'une mission. Et là, manifestement, toute la meute était sur cette mission dont moi et Adam ne savions rien.

Je toquait à la porte de son bureau et le franchit. Il était là, le nez plongé dans ses papiers. Il redressa sa tête vers moi, surpris.

— Timothé ? Lâcha-t-il, surpris.

Je constatais avec amertume qu'il ne s'était toujours pas débarrassée de cette manie de m'appeler par mon prénom entier lorsqu'il était surpris.

— On doit parler, père, lui annonçais-je froidement.

La discussion risquait d'être difficile, ça, c'était sur.