Chapitre 34 : « L'appel »

79 5 10
                                    

Chapitre 34 : « L'appel »

Quelque chose n'allait pas. J'en étais sûr et certain, pourtant je n'avais aucun indice pouvant réellement le confirmer. Rien de bien concret, en tous les cas. Je tuais, en masse. Je tuais ceux qui passaient devant mon regard. Je ne regardaient plus leur visages. Leur yeux allaient me hanter de nombreuses années, je le savais.

Les yeux des traîtres remplis de douleur. Une vision qui m'empêchera souvent de dormir, je le sais. Qu'allait-il donc se passer pour moi ? Qu'allait-il se passer pour Adam ? Pour mon père ? Pour les meutes ? Pour les humains ? Je n'avais aucun certitude de rester en vie, et pourtant, je ne voulais pas mourir maintenant.

Je n'ai jamais eu peur de la mort. Ça n'est toujours pas le cas. La mort est une chose qui vient naturellement dans la vie, j'en suis conscient. J'ai déjà vu tellement de cadavres, et lis tellement de Dernières Pensées, que ça en devient effrayant. Certaines me hanteront sûrement souvent. « Je ne veux pas mourir ! » hurlaient beaucoup. Pour moi, cette pensée avait toujours été étrange. Depuis tout petit, mon père m'avait toujours répété que je n'avais pas à avoir peur de la mort. Que celle-ci, de toute manière, viendrais un jour le chercher. Ce serait le bon moment, alors je n'aurais rien à craindre. Selon lui se serait la volonté de nos Dieux.

À présent, je me rend facilement compte que je n'y crois plus. Petit, j'étais persuadé que mon père était la vérité absolue. À présent, je le savais : ce n'était pas vrai. Je devais faire mes choix, seul. Maintenant, si je ne voulais pas mourir, la raison se limitait à un seul mot : Adam.

Quelques mois seulement qu'Adam était entré dans ma vie. Et pourtant, il avait à présent une place bien particulière dans mon cœur. Je ne me l'avouerais jamais, je le savais, mais Adam n'était pas n'importe qui. N'était plus n'importe qui.

Tranchant la gorge d'un nouvel ennemi, une douce voix résonna dans mon esprit. Je m'arrêtais, figé. La douce voix cristalline retentit une nouvelle fois dans ma tête. Qui était-elle pour pouvoir s'infiltrer dans mon esprit comme cela ? Qui avait donc ce pouvoir ? Était-ce donc une Murmureuse ?

« Où es-tu ? » murmura la voix. « Où es-tu ? »

Qui cherchait-elle donc ? Plus je me concentrais sur la voix, plus je voyais bien que c'était celle d'une enfant. Elle ne se rendait certainement pas compte qu'elle utilisait ses pouvoirs. Elle devait le faire inconsciemment. Mais à quel point cet enfant était-elle puissante pour réussir à entrer dans mon esprit ?

Je repris soudainement mes esprit, évitant de justesse un nouveau coup. J'achevais mon ennemi d'un coup puissant dans le dos, et m'élançais dans la foule, pour tuer le plus de personnes possible. J'utilisais mes pouvoirs en même temps que je me battais au corps à corps. La voix résonnait toujours dans ma tête. Tantôt triste, tantôt effrayée. Elle passait d'une émotion à l'autre.

D'où venait donc cette voix ? C'était un véritable mystère pour moi, je devais l'avouer. Je regardais tout autour de moi. Tous les humains avaient été mis à l'abris, et ma meute pouvait à présent s'occuper du reste. Nous étions en position de force. Je ne comprenais pas les intentions de mon père. Pourquoi envoyer autant de loups à la mort ? Je ne voyais aucune explication logique.

Je leur lançait un dernier regard, et partis vers un nouveau champ de bataille. La voix résonna de plus en plus fort, avec un faible écho.

« Où es-tu ? » demandait inlassablement la voix cristalline.

Mais plus au fond, quelque chose d'autre venait. Une autre voix, mais de qui venait-elle, celle là ? L'écho s'amplifia à son tour, résonnant de plus en plus fort dans ma tête.

« C'est l'appel. »

Je tombais à genoux, souffle par les voix qui augmentaient dans mon esprit.

« Où es-tu ! » hurla de nouveau la voix cristalline.

Le cris résonna longuement dans ma tête, et l'écho revint, plus fort que jamais.

« C'est l'appel ! »

Mais de quel appel parlait cette voix ? Bordel, je ne comprenais rien à rien. Je ne comprenais plus rien. Mon esprit n'était plus clair. Je n'arrivais plus à penser normalement.

Mes pensées étaient confuses. Mais une seule revenait, inlassablement.

« C'est l'appel, l'appel, l'appel... »

Je fermais les yeux, portant ma main à mes tempes, la respiration sifflante. Je pinçais les lèvres. La phrase se répéta encore et encore, durant de longues minutes.

Puis, tout d'un coup, plus rien.

J'avais compris.

C'était l'appel.

Le MurmureurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant