Le Murmureur

Chapitre 21 : « La pas si innocente mère »

Chapitre 21 : « La pas si innocente mère »

J'avais eu peur. Une peur monstre, à vrai dire. Les révélations de mon père m'avaient bouleversés, je ne pouvais le nier (j'avais même repris une cigarette, quelque chose que je ne faisais plus depuis deux ans !). Mais, le fait qu'Adam soit si blessé par ma faute, ça m'avait achevé.

Je ne savais pas si j'étais pardonné. Il ne me l'avait pas vraiment dit, mais après mes quelques paroles, il n'avait plus rien ajouté. J'étais assis dans le salon, par terre, devant la table basse, le fixant faire à manger. Il revint quelques minutes plus tard, avec deux assiettes de pâtes dans les mains. Il me sourit, et j'aurais bien voulu le lui rendre. Seulement, j'en étais incapable.

— Tu as l'air préoccupé, constata-t-il doucement.

J'hochais la tête.

— Après notre dispute...je suis allé voir mon père.
— Oh.

Je fermais douloureusement les yeux, me souvenant durement des mots de mon père.

— Je lui ai demandé, pour ma mère.

Adam s'assit en silence. Sa présence était réconfortante.

— Au début, il n'a pas voulu me dire, et il m'a demandé pourquoi. Et, je me suis retrouvé à lui mentir en lui disant que je ne pouvais plus rester dans l'ignorance. J'ai un peu fait pression dans son esprit pour qu'il me dise la vérité, aussi. J'aurai put simplement aller voir, tu sais ?

Adam hocha la tête.

— Oui, répondit-il. Mais tu voulais l'entendre de sa bouche.
— Exactement. Il a donc finit par tout me révéler, et...bordel. Jamais je n'aurais imaginé ça. Je les voyaient comme un couple heureux et épanouis, tu vois ? Mais c'était juste...l'inverse.

Adam resta silencieux.

— Mon père et ma mère se sont rencontrés en plein milieu d'une guerre. La Sainte Inquisition contre les Surnaturels. Malgré tous les efforts de mon père, ils n'avaient pas put éviter la guerre. Je ne sais pas vraiment si avoir rencontré ma mère fut la meilleure chose qui lui arriva dans sa vie ou non.
— Ne dis pas ça ! Protesta Adam. Si t'es parents ne s'étaient pas rencontrés, je n'aurais jamais eu d'âme soeur ! Je ne t'aurais jamais eu, toi !

Je lui offrit un petit sourire et secouai la tête.

— Tu en aurais eu quand même un, ou une.

Adam souffla et me fit signe de reprendre mon récit.

— Quand mon père a réalisé en affrontant ma mère au combat qu'elle était son âme sœur, il a fait un geste stupide : il l'a capturé. Mais, il se trouvait que ma mère était très importante pour la Sainte Inquisition, et qu'ils étaient bien déterminés à la récupérer. De plus, ma mère avait beau ressentir les effets du Lien, elle luttait totalement contre lui, provoquant une douleur lancinante pour mon père.
— Une personne importante comment ? Demanda Adam, fronçant les sourcils.
— Importante comme l'unique fille du Comandant Suprême, soufflais-je.

Je vis Adam se stopper dans ses mouvements et reposer sa fourchette.

— Ah ouais, quand même.
— Ouais, je sais. Et donc, toute la Sainte Inquisition était sur le dos de mon père, maintenant. Il a essayé de leur expliquer calmement la situation, et quand le père de ma mère a appris qu'ils étant âmes soeur, il a perdu la raison. Il a essayé pendant des jours, des semaines et des mois de trouver un moyen de briser le Lien. Il s'est vite rendu compte que c'était parfaitement impossible. Ma mère, elle, était toujours séquestré chez mon père, et malgré tout ses efforts, rien n'y faisait. Ma mère ne voulait pas se faire marquer. Devenir sienne.

Je marquais une pause.

— Et là, il manque une partie. Soudainement, mon père m'a dit que ma mère s'était faite une raison et qu'elle n'essayerait plus de le tuer toute les deux minutes, et qu'elle avait acceptée de se faire marquer. Peu de temps après, ils consumaient le marquage et ma mère tombait enceinte de moi...
— Que s'est-il passé pour que ta mère accepte, si soudainement ? Et le meurtre de ta mère ?

Je secouai la tête.

— Là, par contre, rien de bien nouveau. Ils n'ont jamais retrouvés le meurtrier de ma mère. Mais j'ai bien put voir que jamais ma mère n'a vraiment aimé mon père...malgré le Lien, toute sa vie il a été plus une contrainte qu'une malédiction. Et ça ne résout toujours pas pourquoi ma mère se serait faite tuée par la Sainte Inquisition. Ni comment elle a put être amie avec ta mère, si elle était prête à tout pour les tuer...