Chapitre 1

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II

- DOUNIA VIENS ICI FISSA !

Je souffle et sors de ma chambre pour aller rejoindre ma mère au salon. Elle a l'air très énervée.

- Oui ?

- Yemma : JE T'AI DIT QUOI DOUNIA ? TU FAIS EXPRÈS OULA ?!

- Mais yemma j'ai pas envie d'y aller ! Je l'aime pas Saïd ! C'est un comportement d'hypocrite ça, et je suis pas une hypocrite !

- Yemma : BELEH ! T'AS PAS HONTE DE DIRE ÇA ?! IL A PERDU SON PÈRE MESKINE, TOUTE LA CITÉ VA AUX FUNÉRAILLES !

- Toute la cité sauf moi ! Zehma quand t'es pas bourrée tu veux jouer la mère avec moi ? C'est pas une fois sur deux, ça marche pas comme ça.

Bam ! Elle vient de me gifler. Putain mais elle est sah elle ? J'avais les neeeeerfs, elle commence à me les briser pour de vrai là !

- Yemma : Si dans 5 minutes t'es pas prête j'appelle Mourad. On verra si tu veux encore rester.

Elle part dans sa chambre en marmonnant des insultes pendant que je repars dans la mienne. Mourad il va me défoncer s'il sait. Elle me laisse vraiment pas le choix...

Je cherche dans mon armoire et tombe sur une robe noir tout ce qu'il y a de plus simple. Je l'enfile et lâche mes cheveux bouclés, il m'arrive jusqu'au milieu du dos. Je mets mes converse noir et textote avec Amina, elle aussi sera à l'enterrement. Décidément.

Il y a quelques jours, nous avons appris la mort du père de Saïd. Tout s'expliquait, les cris et lui qui courrait. J'ai eu de la peine pour lui, ça doit être vraiment dur. Mais jusqu'à y aller ? Je trouve ça vraiment hypocrite sachant que je ne l'aime pas et qu'il le sait. J'aurai pas aimé qu'il soit là si c'était l'inverse mais avec ma mère c'est juste impossible ! Elle comprend que dalle ! En tout cas, depuis ce jour, il n'est plus revenu en cours.

Je sais que toute sa famille est dévastée. Sa mère passe son temps à la mosquée, elle pleure en se prosternant. Elle fait beaucoup de douaa's pour lui. Ses petites soeurs Anaya & Assa vont mal. Elles ne le montrent pas trop mais leurs regards est vide, sans émotion. Elles ne sont vraiment pas jumelles pour rien, même leur réaction est la même. Et enfin, son petit frère Idriss semble ne se doutait de rien. Lorsque nous sommes allés chez lui pour présenter nos condoléances, il faisait que de demander après son père comme s'il ne savait pas qu'il ne le reverrait plus. Saïd n'était pas là, d'après sa mère, il sort très tôt et rentre très tard.

Son mari était souffrant. Tout le monde était au courant à la cité, il était atteint du cancer du poumon. Apparemment c'était un grand fumeur... Il était déjà à l'hôpital depuis quelques semaines et puis, la maladie a eu raison de lui.

Des fois il m'arrive de penser à Saïd. Je ne sais pas si c'est pareil mais...je peux presque comprendre ce qu'il ressent. Moi j'ai grandi sans père, constamment avec son manque et lui il l'a connu et maintenant il l'a quitté. Le manque est peut être le même. Allah y rahmo...

Vous voulez savoir pourquoi je n'aime pas Saïd ? À part le fait qu'il soit un gros con, un jour, il a dépassé les bornes. J'étais derrière le self à écouter de la musique lorsqu'il s'est ramené et a commencé à me parler. Il me saoulait grave et d'un coup il est parti rapidement. J'ai à peine eu le temps de changer de musique que BOUM ! Il venait de lâcher un pétard juste à côté de moi. Mes oreilles sifflaient, mes dents claquaient, mon corps tremblait et mon coeur battait à une vitesse phénoménale. J'avais eu la peur de ma vie. Et depuis ce jour, j'ai la phobie des pétards. Il m'a traumatisé. Le pire c'est qu'il ne s'est même pas excusé, il riait avec ses vieux potes là.

Nos cœurs noircis, les épreuves nous ont trop endurcisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant