Chapitre 12

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XII

Ça fait une semaine que ma mère est morte. Une semaine entière que je l'ai perdu. Le pire, c'est que son absence ne change rien à ma vie. J'étais tellement habitué à ce qu'elle soit toujours dehors, que chaque jour j'attends juste qu'elle franchisse la porte complètement ivre. Mais elle ne l'a franchi pas. Et elle ne la franchira plus jamais.

Les larmes ne veulent plus couler. Depuis que j'ai appris la nouvelle, je suis sèche, vidée. J'ai tellement versée de larmes que je n'en ai plus. Pourtant j'aimerai. J'aimerai me vider de cette tristesse mais je n'y arrive pas. Je sais pas...je comprends pas.

J'avais jamais fait face au deuil avant. Vraiment. Certaines personnes de ma famille était déjà morte mais, je ne les connaissais pas où très peu. Je n'étais donc pas atteinte personnellement. J'ai vraiment vu les dégâts que ça causait lorsque Saïd a perdu son père. Mais encore une fois, ce n'était pas moi. Et maintenant que je suis touchée, je ne sais pas comment réagir. Est-ce que je suis supposée avoir une réaction particulière ? Je viens de perdre ma mère quand même.

Je suis tellement absente qu'Alia est venue s'installer avec moi. Je suis sûre que ses parents l'ont tej, mais selon elle, non, elle veut juste veiller sur moi. Je sais très bien qu'elle a peur que je tente à nouveau de me suicider. J'avoue que l'idée m'a effleuré l'esprit. Qu'est-ce qui me retient désormais ? Rien. J'ai plus de famille, j'ai plus rien. Il me reste qu'Alia.

J'ai essayé -en vain- de joindre khelti Fatima pour lui annoncer la nouvelle, mais aucune réponse. Rien de rien. Et puis, personne ne s'en préoccupe. Chacun vie sa vie et c'est mieux comme ça.

Voilà comment Alia a pris ses marques chez moi. C'est même elle qui a organisé ses obsèques. Obsèques auxquels nous étions très peu. Il y avait Alia, une collègue de travail et un homme qui semblait profondément touché. Un de ses amants ?

À la fin, je suis restée seule devant sa tombe. J'étais exactement à la place où se trouvait Saïd il y a quelques années. Et c'est à ce moment que j'ai pensé fort à quel point j'aimerai qu'il soit là. Que comme j'ai fait pour lui, qu'il me soutienne en me montrant qu'il est là. Parce que ça rassure, tu te dis que tu n'es pas tout seul. Sauf que personne ne la fait pour moi. La preuve que je suis bel et bien seule.

En rentrant chez moi, une voiture m'a klaxonné. J'ai accéléré jusqu'à ce que je vois dans la voiture, l'homme de tout à l'heure. Qu'est-ce qu'il veut ?

Il baisse la vitre et me tend sa main qui sort de la voiture.

- Lui : Moi c'est Mohammed et toi Dounia c'est ça ?

- Je peux vous aider ?

- Lui : En fait, oui. -rire- Je suis ton père.

Je le fixe. Qu'est-ce qu'il raconte ? En plus il rit comme si c'était drôle. Je souffle très fort pour lui montrer qu'il m'ennuie et continue d'avancer. Mais il revient à la charge.

- Lui : Tu veux que j'te dépose chez toi ? Je vais pas te manger.

Après réflexion, j'accepte. J'avais la flemme de marcher et il semble connaître ma mère. Je monte et on roule dans le silence. Il tentait des approches mais je ne répondais pas. J'ai pas vraiment envie de faire la conversation après l'enterrement de ma mère.

Nous arrivons, je m'apprête à descendre mais il ferme les portières.

- Lui : Je sais pas que ça peut te paraître fou, mais Dounia wAllah lahdim que je te mens pas. J'étais avec vous à la cité Rose jusqu'à tes 5 ans où je me suis remarié et je suis venu à quelques minutes de cette cité.

Nos cœurs noircis, les épreuves nous ont trop endurcisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant