IX
Je monte dans sa voiture et le tchèque. On parlait vite fait, je m'impatientai surtout. Je veux ma surprise moi.
- Allez montre ma surprise au lieu de faire traîner le truc.
- Ramy : -rire- En plus d'être susceptible t'es impatiente.
- Ramy allez !
Il rit et sort une boîte de sa poche. Qu'est-ce que c'est que ça ? Il me la tend. Je déchire l'emballage et ouvre la boîte ; un collier. Un collier avec une main de fatma en pendentif. J'ai été émue.
- Han merci Ramy ! T'es trop gentil wAllah !
Je réfléchis pas et lui fais un câlin. C'était l'euphorie du moment, j'ai rien calculé. J'en ai même oublié qu'on était à la cité. Je me retire vite de lui lorsque je reviens à mes esprits. Il était gêné et, franchement, moi aussi. Ça a mit un froid.
- Ramy : Euh ouais. Je sais que tu vas grave mal même si ces temps-ci ça va mieux. J'espère que ça te redonnera de la force Insha'Allah.
- Merci Ramy wAllah c'est le plus beau cadeau qui m'ait jamais fait. Mais pourquoi ?
- Ramy : Bah ton anniversaire.
- Hein ?
- Ramy : C'était hier non ?
Hier ? Mon anniversaire ? On est le combien aujourd'hui ? On est le...ah ouais, c'était mon anniversaire. J'avais complètement oublié. Personne ne me l'a souhaité. Ni Amina, ni Mourad, ni Saïd. Ils m'ont tous oublié.
- Ramy : Je voulais t'envoyer un message mais vu que t'as changé de num j'ai pas pu.
Ah oui c'est vrai ! Ils ont pas oublié, c'est juste que j'ai changé de numéro. J'en avais marre de recevoir des messages et des nudes tout le temps. Et j'ai même plus leur numéro en tête. Je suis vraiment trop conne.
- Ramy : T'as 18 ans, t'es une adulte maintenant. Faut que tu te trouves un taff au lieu de passer tes journées dans ta chambre, les volets fermés.
- Tu m'espionnes ?
- Ramy : N'importe quoi.
On a continué à parler, je l'ai encore remercié mille fois et lui ai demandé de me le mettre. J'étais vraiment contente.
À 19 h je suis rentrée chez moi. J'étais seule comme d'habitude. Je réfléchissais. Il a raison, il faut que je me reprenne en main. Même si je n'ai pas mon bac, il faut que je me trouve un travail ou alors, comme notre ancien appart' on sera expulsés. Je suis pas prête à revivre ça même si ça serait pas plus mal. Recommencer une nouvelle vie ailleurs.
Les semaines passées, mes journées se limitaient à déposer des CV et rester avec Ramy. Sans m'en rendre compte, il m'aidait. Petit à petit j'allais mieux.
Puis arriva un jour. C'était l'anniversaire de Ramy, pour lui montrer à quel point je tiens à lui, j'ai voulu lui offrir un cadeau. Une gourmette qui m'a niqué tout mon argent. J'ai utilisé mes dernières économies de mon compte. Maintenant il faut vraiment que je me trouve un travail vu que je n'ai que 10€. Je sais qu'il kiff les gourmettes donc il a intérêt à apprécier !
Je me trimballais sourire aux lèvres, il travaille au grec donc je voulais l'attendre devant. Mais lorsque je suis arrivée, je l'ai vu avec un groupe de gars. Ils parlaient et riaient ensemble. De là où j'étais, j'ai pu entendre.
- Gars 1 : Arrête de chage ! Gros on t'a vu avec dans la voiture, tu l'as galoche.
- Ramy : Qu'est-ce tu racontes ?
- Gars 2 : Tu l'as ken hein ? Allez tranquille, ça reste entre nous.
Ils parlent de quoi là ? J'étais duper. Sah je commence à m'attacher à Ramy, s'il est en couple j'ai le droit de savoir.
- Gars 3 : Arrête de faire le timide, on t'connaît.
- Gars 1 : Ouais de ouf.
Il les regarde et rit. Ils se tchèquent tous en riant.
- Ramy : Pour l'instant y a encore r mais bientôt, elle est en chien sur oim.
- Gars 1 : Ah ouais ? Donc c'est vraiment une tchoin ?
- Ramy : Askip hein.
- Gars 1 : Dommage...Elle a beau visage et un blaze...Dounia c'est Masha'Allah.
- Gars 3 : Qu'est ce tu fais le romantique toi ?
Ils continuent de parler mais seul la phrase du gars reste dans ma tête. « Dounia c'est Mash'Allah »... Ils parlent de moi alors. En fait, Ramy est comme tous les autres. Il dégoûte wAllah. J'suis déçue de lui. On peut vraiment faire confiance à personne. Mes larmes coulaient toutes seules. J'avais beau les essuyer elles coulaient seules. Comment il a pu me faire ça ? J'avais l'impression qu'on me poignardait le coeur, ça fait mal. J'me sens vraiment seule putain mais c'est quoi cette vie ? 2 ans que j'enchaîne les déceptions et les coups bas. À quoi sert cette vie finalement ? À quoi ça sert de souffrir autant ? Mes pensées étaient brouillées, je ne réfléchissais plus clairement.
Je fais demi tour et rentre chez moi en pleurant. J'ai pris un raccourci, j'ai coupé par le parc et j'y ai vu Imane avec ses potes. Elles ont rit en me voyant. J'ai couru et suis rentrée chez moi. Je voulais mettre fin à tout ça, je voulais que ça se termine, que la douleur parte. J'ai fouillé dans les placards et ait pris tous les médicaments qu'il y avait. J'ai pris un verre d'eau et ai tout bu. J'ai attendu, aucun effet. Je suis partie prendre du coca et c'est là que j'ai commencé à me sentir mal.
Toc toc toc. J'essaye de marcher jusqu'à la porte mais je m'écroule. J'essaye de rester éveillée mais n'arrive pas. Je commence à paniquer et commence à faire une crise d'asthme. Ça y est...c'est mon heure.
Trou noir.
[...]
J'entends des voix mais ne vois personne. Je ne vois que du noir, rien d'autre. Et ça a été comme ça pendant longtemps. Je rêvais du noir et lorsque mon rêve s'arrêtait, j'entendais des voix.
Arriva une fois où j'ai enfin pu ouvrir les yeux. La lumière du jour m'a ébloui. Je tourne ma tête et vois ma mère et...Alia assise sur des chaises. Où suis-je ? Pourquoi je suis encore en vie ?
- Alia...
Ma voix était faible, j'étais étonnée de moi-même. C'est quoi ce bordel ?
- Alia !
Avec le peu d'énergie que je dégageais, j'ai réussi à la réveiller. Elle me regarde et s'écrit ce qui réveille immédiatement ma mère.
- Alia : Je...Je vais chercher un docteur !
Elle part en courant, elle m'a niqué les tympans. Les yeux de ma mère se pose sur moi, elle a les larmes aux yeux.
- Yemma : ...
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LaChroniqueuuse😘
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Nos cœurs noircis, les épreuves nous ont trop endurcis
General FictionDepuis l'abandon de son père, Dounia et sa mère vivent difficilement. Coincées dans leur HLM à la cité, elles se démènent comme elles peuvent pour survivre face aux inégalités, injustices et aléas de la vie. Et lorsque la mort survient dans leur quo...