IV
J'étais posée au salon avec une couverture et des chips. Il faisait tellement froid, j'avais mit au moins deux pulls et deux joggings. Je regardais Gossip Girl sans vraiment regarder, je parlais par messages avec Mourad lorsque j'entends des toux. Je tourne ma tête et vois ma mère. Elle s'assoit à côté de moi et se met à boire dans une bouteille de Cristaline. Je fixe la bouteille et vois à la couleur que c'est pas de l'eau, mais de l'alcool. Ok...Il est que 13 heures mais bon.
Je la calcule pas et continue mes occupations lorsqu'elle se met à pleurer. J'étais mal à l'aise, ma mère et moi on est pas vraiment proche. Depuis qu'elle s'est réfugiée dans l'alcool le dialogue entre nous s'est coupée et puis même, elle n'est quasiment jamais là.
- Yemma ? Tu pleures ?
- Yemma : Benthi j'en ai marre de cette vie. Y a rien qui va pour nous. Ton père m'a laissé, j'ai délaissé la religion pour la boisson du sheitan, j'ai perdu toutes mes amies qui me jugeaient sans cesse et le comble maintenant, les huissiers veulent nous prendre l'appartement...
- ...
- Yemma : Même toi, ma propre fille me délaisse.
- Yemma je te délaisse pas. Depuis que papa est parti j'ai toujours été là pour toi, toujours. T'allais mal et même si j'étais petite je veillais sur toi jour et nuit. Alors oui je peux comprendre que tu sois encore jeune que tu veuilles «profiter» comme tu disais mais t'as jamais pensé à moi dans l'histoire. Tu vas au travail quand ça t'arranges, tous les soirs t'es dehors, tu rentres bourrée et tu vomis partout. J'ai jamais voulu d'une vie comme ça moi non plus. C'est égoïste de te plaindre alors que tout est de ta faute.
- Yemma : C'est de ma faute si ton père m'a quitté ?
- Non mais c'est de ta faute si tu n'as plus personne sur qui compter. Mais encore il te reste ta soeur et moi, parce qu'on te laissera jamais tomber. Même si des fois j'en ai vraiment envie.
- Yemma : Dounia, t'es la plus belle chose qui me soit arrivée wAllah. Tu es toute ma vie.
- Hmm...
- Yemma : On va déménager. Il nous reste que trois jours avant d'être chasser de l'appartement. Smehli hbiba, j'ai plus les moyens.
- Quoi ? T'es sérieuse ?
- Yemma : Oui.
- Mais on va aller où ?
- Yemma : À 5h d'ici, j'ai réussi à être transféré.
- C'est une blague ? Je veux rester moi.
- Yemma : Dounia on fait pas toujours ce qu'on veut. On y va khlass, on a pas le choix de toute façon. Commence déjà à faire tes affaires ok ? Tu verras ça va nous faire du bien, on va se reconstruire.
Elle me fait un bisous sur le front et part dans sa chambre. Comment ça je pars de ma cité ? D'un côté je suis heureuse et d'un autre non. J'hésite entre un cadeau de Dieu ou une attaque du Sheitan. De toute façon c'est pas comme si j'avais le choix. Je dois plier bagage et faire mes adieux. Je sais que je reverrais khleti Fatima et sa famille. Il ne me reste plus qu'à dire au revoir à Saïd...
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Nos cœurs noircis, les épreuves nous ont trop endurcis
Ficción GeneralDepuis l'abandon de son père, Dounia et sa mère vivent difficilement. Coincées dans leur HLM à la cité, elles se démènent comme elles peuvent pour survivre face aux inégalités, injustices et aléas de la vie. Et lorsque la mort survient dans leur quo...