Chapitre 19

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19

Saïd n'est pas venu. J'ai attendu une heure mais il ne s'est pas montré. Tss, il m'a mit un plan. J'aurai du m'en douter. C'était trop beau pour être vrai, trop facile. J'avoue être déçue. J'y ai cru. Je pensais que tout retournerait dans l'ordre. Mais il faut être réaliste, mon déménagement a cassé quelque chose. Rien ne sera jamais comme avant. Ni lui, ni moi, ni nous. D'ailleurs, il n'existe même plus de nous.

Un mois est passé, il m'arrivait de le croiser mais jamais nous nous adressions la parole. Pour ma part, c'est à lui de venir. C'est lui qui m'a fait attendre une heure pour rien. De toute façon je m'en fous.

Alors que j'étais partie acheté des grecs, je croise Anaya devant son bloc. Elle a l'air mal. J'y vais ou pas ? Mes jambes me guident vers elle. Mais lorsque j'arrive à sa hauteur, elle me regarde mal.

- Je voulais juste savoir si t'allais bien, pas la peine de me regarder comme ça.

Elle ne répond pas donc je décide de m'en aller mais :

- Anaya : Attends !

Je me stoppe, elle se lève et vient à ma hauteur.

- Anaya : On peut marcher ?

J'acquiesce et nous marchons. Elle n'osait pas parler donc j'ai entamé la conversation.

- Sinon ça va les cours ? T'es en terminale non ?

- Anaya : Ouais. Terminale L.

- Ah ouais ? C'est bien ça. Assa aussi ?

- Anaya : Oui, on est dans la même classe.

- Bah c'est hella. Être dans la même classe que sa jumelle.

- Anaya : Pas tant que ça.

Je ne réponds pas et un silence s'installe. On entendait juste nos pas et les voitures qui roulaient.

- Anaya : Tu sais, depuis que t'es partie...euh Saïd c'est plus le même wAllah. Ma mère elle pète un câble, il est jamais là. Il est toujours avec ses potes à faire du hram. Le pire c'est qu'il se cache même pas ! Je sais plus quoi faire... Il a fait de la prison mais il a l'air de s'en foutre... J'arrive plus à sourire, j'arrive plus à rire. J'ai peur pour lui, chaque jours je remercie Allah qu'il ne soit pas mort dans une descente ou un règlement de comptes... J'ai déjà perdu mon père... je veux pas perdre mon grand frère...

Des larmes coulent sur son visage. Elle pleure. J'avais de la peine, la pauvre putain. Je connais pas très bien leur situation mais il fait souffrir ses proches. C'est impardonnable.

- Anaya : Et le pire c'est que personne lui dit rien. Tout le monde a trop peur de lui. On sait pas ce qu'il est capable de faire, c'est un malade. J'ai peur qu'il influence Idriss... Dounia désolée si j'te fais chier avec mes problèmes, t'en as sûrement plus rien à foutre de lui maintenant mais...si, au fond, tu te préoccupes encore de lui, s'il te plaît, je t'implore par Allah de lui venir en aide. Pour ma mère, pour son frère et ses soeurs, pour lui-même. S'il te plaît, dis-moi que tu vas le faire.

- Je...euh...Saïd et moi...on a plus rien à faire ensemble. Désolée mais, il m'a clairement fait comprendre qu'il veut plus rien avoir à faire avec moi. Si j'avais pu vous aider je l'aurai fait mais je peux pas. C'est impossible d'aider quelqu'un qui ne veut pas être aider. Smeh.

Elle baisse la tête sous la déception. Je sens que j'ai brisé tous ses espoirs. Mais je pouvais pas lui mentir. Elle est assez grande pour comprendre. Saïd est maître de lui-même. Et même si on se reparlait, je doute qu'il m'écouterait. Il écoute que lui.

On arrive devant mon bloc. Elle essuie ses joues encore mouillés.

- Bon bah...

- Anaya : Si tu vois Assa, ne lui parle pas de cette conversation. Elle est grave méfiante envers toi. Elle pense que c'est de ta faute si Saïd est devenu comme ça. Elle se voile la face, ne lui veut pas.

Elle sourit tristement et je lui réponds de la même manière. Puis elle me salue et s'en va. J'aurai aimé faire quelque chose pour elle, mais j'ai rien pu faire. Je m'en suis voulu. J'en ai voulu à Saïd. Et je me suis rappelé que Saïd n'existe plus, et que dorénavant, c'est Venin.

Pour me changer les idées, je me suis rappelé que demain soir, Alia arrive. Ça fait 7 mois qu'on ne s'est pas vues et j'avoue qu'elle me manque. J'ai hâte de la retrouver. J'ai aussi envie qu'elle rencontre Amina même si je sais très bien qu'elles ont une personnalité opposé. Une est extravagante et une autre est plutôt droite.

Avant de dormir, mes pensées étaient dans le passé. Je revoyais tous nos bons moments avec Saïd, avec Amina, avec Mourad, avec ma mère. Dans cette cité. Puis je me suis mise à penser aux rencontres que j'ai fait, aux gens qui m'ont rabaissé et ceux qui m'ont aidé. Aussi peut soit-ils. Ilyes et Moussa me manquent. J'arrive pas à croire que Moussa ne veuille plus me parler. Il a tant fait pour moi, ça peut pas se finir comme ça. Je sais qu'il a une fierté de ouf, mais là il abuse. Et le pire c'est qu'il sait que ça me fait mal de ne plus lui parler. Quel égoïste.

[...]

Alia est censée arriver dans quelques minutes. Je suis hyper contente de lui présenter ma famille.

- 3ami Hakim : Elle doit être exceptionnelle pour que tu sois aussi contente.

- Mourad : WAllah.

- Amina : Pas aussi exceptionnelle que moi.

- Khelti Fatima : Mesquina qui te calcule ?

- Amina : Euh...yemma...

Khelti rit et Mourad la tchèque. C'est vraiment un gamin à lui apprendre des phrases comme ça. Mais bon, c'est bon enfant.

On toque à la porte, c'est Alia. J'ouvre et la vois. Immédiatement nous nous prenons dans les bras l'une de l'autre. Elle m'a manqué ma turkish. Quelques secondes après nous nous lâchons et elle va dire bonjour. Ils la questionnent un peu avant qu'elle me regarde avec le sourire et me montre sa main gauche. Une bague attire particulièrement mon attention.

- Alia : Tu veux bien être mon témoin ?

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LaChroniqueuuse😘

Nos cœurs noircis, les épreuves nous ont trop endurcisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant