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J'explose littéralement et me mets à sangloter. Je viens de lui dire que je suis enceinte. Normalement, ça aurait du être un moment de bonheur, de joie. Mais là, non. J'en pleure de tristesse, de peur, de plein de sentiments à la fois que je ne peux expliquer. Il n'a fait que de me répéter que je dois pas oublier de prendre la pilule et, comme une conne, j'ai oublié. C'est ma faute. Il va m'en vouloir, je m'en veux déjà. Il ne voudra pas de cet enfant, je le sais. Il n'a pas besoin d'un enfant maintenant et moi non plus. Je suis perdue. Il va me quitter... Il va finalement le faire. Il va me lâcher et m'abandonner. Au fond, j'ai toujours su que ce jour arriverait. J'ai toujours su qu'un jour, il allait me jeté. Seulement je ne suis pas prête. Je ne suis pas prête à le quitter...
- Saïd : Hein ?
Mes pleurent triplent. Allez achève-moi. Quitte moi mais fais ça vite.
Saïd : Arrête de pleurer putain ! Qu'est-ce t'as dit là ?
- pleurs
- Saïd : DOUNIA LÀ !
- Pardon... c'est ma faute...
- Saïd : T'es vraiment enceinte ?
Je hoche la tête de haut en bas pour répondre positivement à sa question. Il se lève et fais les cent pas, ses mains sur sa tête.
- Saïd : rire Arrête tes conneries. Je rigole pas avec ça.
- Moi non plus... C'est sah. Je suis enceinte de deux semaines.
Il se retourne pour pouvoir me regarder droit dans les yeux. Et lorsqu'il comprend que c'est sérieux, il repart s'asseoir et passe ses mains sur son visage. Un silence qui me paraît interminable vient s'installer. Je regarde à travers la fenêtre. Mon cerveau est vide de pensées. Il est en mode off, je suis incapable de réfléchir. Tout ce que je sais c'est que je suis dans la merde.
- Saïd : Mais on va faire comment ?
On ? Donc il me lâche pas ?
- Saïd : Putain mais nan ! Dounia wesh ! JE T'AVAIS DIT DE PRENDRE LA PILULE ! TU CASSES LES COUILLES !
Je baisse la tête et essuie mes larmes qui ne cessent de couler. Il a raison... j'ai pas fait attention. Il a raison...
- Saïd : On peut pas assumer un gosse ! On peut pas, tu comprends ça ?! Tu fais chier putain !
- J'avorterai pas !
Il me regarde cinq secondes sans émotions et prend la parole :
- Saïd : Pourquoi ? T'es qu'à deux semaines, c'est même pas encore un enfant c'est qu'un fœtus là.
- Je vais pas tuer mon fœtus, mon embryon, mon quoi que ce soit. Tu me feras pas changer d'avis.
- Saïd : Mais tu peux pas le garder ! Ça va nous niquer la vie, tu piges pas ?
Je ne réponds pas et essuie mes dernières larmes. Je me mords la lèvre inférieure et le regarde durement.
- Si t'es pas content j'te retiens pas.
Il souffle et repasse ses mains sur son visage. Soudain, il se frappe le front en répétant diverses insultes.
- Saïd : Putain ! Casse les couilles elle !
- Arrête...
- Saïd : Vas-y dis-moi que c'est une blague s'teu plaît.
- Saïd...
- Saïd : DIS-LE !
- C'EN EST PAS UNE ! C'EST LA VÉRITÉ !
Il se lève et va donner un coup de poing dans le mur.
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Nos cœurs noircis, les épreuves nous ont trop endurcis
Ficção GeralDepuis l'abandon de son père, Dounia et sa mère vivent difficilement. Coincées dans leur HLM à la cité, elles se démènent comme elles peuvent pour survivre face aux inégalités, injustices et aléas de la vie. Et lorsque la mort survient dans leur quo...