I. Le Manoir

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Au matin, ma décision est prise.  Mes parents ne sont pas ravis de savoir que j'accepte la proposition de mon oncle, mais qu'importe.  Je fais cela dans notre intérêt à tous.

À partir de là, les choses se précipitent à une vitesse folle.  En deux semaines seulement, le voyage est organisé, et notre départ de chez les Duksten ne se fait pas sans verser quelques larmes.  Nous avons beaucoup d'amis ici.  Monsieur Duksten en personne vient nous faire ses adieux, accompagné de sa femme et de ses trois adorables petites filles.

Je sais qu'ils vont tous me manquer, cruellement, et, quand Amy, la plus jeune de la sororité, me fait promettre de penser à elle chaque jour, je me demande si j'ai pris la bonne décision.  Malheureusement, il est trop tard pour faire marche arrière, et quand la voiture s'éloigne pour la province d'Arial avec nous à son bord, j'ai le cœur lourd de quitter le seul endroit que j'ai jamais connu, mon foyer.  Heureusement, mes parents sont près de moi, c'est le plus important.

Il nous faut dix heures pour arriver à destination.  Nous nous arrêtons deux fois afin de nous restaurer et de nous dégourdir les jambes.  Enfin, le chauffeur, Jonathan, nous annonce que nous arrivons, et au loin, je vois un manoir gigantesque, en pierre très claire, magnifique.  Il ne prend pas l'allée principale mais contourne la propriété pour arriver par l'arrière.  Là se trouve une réplique exacte du manoir, mais en plus petite, et devant, trois Lys aux manières irréprochables nous attendent.

— Monsieur et Madame Baronnet, Mademoiselle, nous salue le plus âgé en s'inclinant bien bas.

Baronnet ?  Jamais on ne nous avait appelés ainsi, mais c'est le vrai nom de mon père.  Depuis ma naissance, je croyais que notre nom était Spitard, mais il s'agit en fait du nom de ma mère, que mon père a dû prendre lorsqu'il l'a épousée.

On nous emmène à l'intérieur et deux Lys invitent mes parents à les suivre à l'étage tandis qu'une troisième me fait signe de la suivre plus loin dans le couloir.  Je contemple ce qui m'entoure : des murs aux couleurs chaudes, du rouge à l'orange, avec des tapisseries dans les mêmes tons, des armoiries, des statues.  C'est bien plus luxueux que chez les Duksten.

La Lys m'emmène dans une salle de bain aux proportions indécentes, toute en marbre et bois brut.  Là, un bain m'attend, avec de la mousse, et des flacons de savons et d'huiles en tout genre attendent sagement que je les choisisse.

Je regarde la Lys qui s'occupe de moi.

— Comment t'appelles-tu ?

— Jenna, Mademoiselle.

— Enchantée, je suis Alia.

— Je sais, Mademoiselle.  Sire et Dame Baronnet vous attendent, il vaudrait mieux que nous nous occupions rapidement de votre toilette.

Jenna me laisse un peu d'intimité, à ma demande, pour que je me lave, puis revient me chercher afin de me conduire dans la chambre attenante.  Elle est au moins cinq fois plus grande que la chambre que j'occupais chez les Duksten, et le mobilier est en bois sculpté de petits angelots, mais Jenna ne me laisse pas le temps d'admirer tout ça, elle me demande de m'assoir devant la coiffeuse et entreprend de me sécher les cheveux et de les coiffer avant de me maquiller de manière subtile.

Elle sort ensuite une robe de la penderie ; c'est une robe particulièrement jolie, en soie, verte et qui tombe en drapée jusqu'au sol.  Elle s'accorde parfaitement à mes cheveux de feu et à mes yeux émeraude.  J'ai peur d'abîmer ma coiffure en l'enfilant, mais Jenna me signale qu'elle se passe par le bas.

Une fois la robe en place, elle ferme la tirette dans un « zip » ferme et sûr de celle qui a l'habitude de faire ça.  Elle me regarde ensuite en souriant et me fait un hochement de tête approbateur.

Lys (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant