XXV. L'annonce

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Carine demande à Elise de voir le matériel.  C'est délicat, évidemment, avec l'annonce officielle du Roi qui doit avoir lieu le lendemain matin, la salle où tout sera filmé grouille d'Élus et de Gradés en tout genre.

— Qui s'occupe de ce genre de choses ? demandé-je plus pour me changer les idées que par réel intérêt.

— Les Élus, me répond Carine.  C'est un travail difficile, et avec trop de responsabilités.  Les Élus n'ont jamais voulu que les Gradés aient accès à ce genre de technologie.

— Cela aurait ouvert la porte vers des débordements, acquiesce Éric.  Imagine un Gradé capable de faire en sorte que son ordinateur ne soit plus sous surveillance, ou capable d'envoyer des images n'importe où de n'importe quoi.  Tu connais la haine viscérale du Roi envers les Gradés, et bien que mon grand-père ait été différent, son père avant lui était comme notre Roi Edouard.

Je secoue la tête de gauche à droite en soupirant.  Je ne comprendrai jamais cette haine que certains Élus nous vouent.  Nous ne représentons pas un danger pourtant.  Nous sommes dociles, nous acceptions nos conditions de travail sans broncher.  La dernière révolution du peuple remonte à près de cent ans.  Pourquoi vouloir encore nous mettre plus bas que terre ?

— C'est bon, dit Elise en revenant de son inspection éclair.  La salle se vide, ils ont tout préparer pour demain, on peut y aller, mais uniquement Carine et moi.

— C'est bien trop dangereux pour que vous y alliez seule, dit John.

— Nous aurons Norbert avec nous, c'est un Aigle.  Si nous nous faisons prendre, il pourra intervenir et inventer une histoire quelconque, et dans le pire des cas, assommer l'importun.  Tout va bien se passer.

Il est déjà près d'une heure du matin quand elles sortent de la chambre, et elles ne reviennent que vers trois heures.  Carine a l'air épuisée et Elise est tendue comme un arc.

— Tout va bien ? demandé-je en chuchotant à Brigitte.  Marina et Éric dorment profondément.

John est dans la salle de bain depuis dix minutes, et j'entends encore l'eau de la douche couler.

— Oui !  Que fait John ?

— Il prend un douche.  Il ne tenait plus en place et je lui ai dit de se trouver quelque chose à faire, et voilà !  Carine, ajouté-je, ça va, tu es sure ?

— Oui, ça va.  J'ai eu peur, simplement, mais heureusement, l'Aigle qui nous a surpris était un partisan de la Reine.  Pour un peu, nous aurions risqué gros.

— Y a-t-il vraiment encore des partisans du Roi dans les Gradés ? demande Brigitte d'une voix ensommeillée en s'étirant.

— Malheureusement, oui, répond Elise.  Certains Aigle sont ici depuis leur naissance, ils ne connaissent rien d'autre à la vie que de servir le Roi, et ne se rendent pas compte qu'il est devenu fou, mais demain, les choses vont changer, je n'en doute pas une seconde.

— Est-ce que tout va bien es passer alors ? demande Marina en s'étirant à son tour avant de se lever.

— Je l'espère, répond Carine.  J'ai déjà tout mis en place.  J'ai fait dévier les caméras sur le circuit interne du Palais, et j'ai branché le circuit externe sur le moniteur que nous allons utiliser pour diffuser notre vidéo.  Je dois dire que vous êtes parfaites dedans, ajoute-t-elle à l'attention de Brigitte et Marina.

Elles parlent, pendant la vidéo, de ce que les ancêtres ont fait au peuple de Régunie, mais surtout des projets de lois que le Roi compte mettre en place afin de priver les Gradés de tous leurs droits.

Lys (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant