X. Dame Catherine

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Il est donc décidé que John nous accompagne. Nous prenons la plus grande voiture et le chauffeur nous dépose devant un grand bâtiment tout en vitre. C'est le centre de commerce.

J'ai déjà fait les magasins par le passé. En tant que Lys, j'avais parfois pour mission d'accompagner Dame Duksten dans ses emplettes, et j'étais toujours émerveillée par les boutiques auxquelles les Élus avaient accès, mais je n'avais jamais vu de centre de commerce.

Nous, Gradés, achetons nos vêtements dans des friperies bon marché, il n'y a pas beaucoup de choix et pas de cabine d'essayage. Nous portons principalement des pantalons et des t-shirts de facture solides, mais peu seyants. Alors que je me dis que je ne pourrai rien acheter, Dame Catherine nous surprend toutes.

— Mesdemoiselles, je vous offre à chacune trois tenues complètes, comprenant robe, chaussures et accessoires. Évidemment, comme Mademoiselle Brigitte n'est pas là, nous lui choisirons ensemble des tenues qui, nous l'espérons, lui plairont.

Carine, Marina et moi hochons la tête, mais nous pensons toutes la même chose : quoi que nous lui choisissions, cela ne lui plaira pas. Nous ne faisons cependant pas de remarque, il est évident que Dame Catherine ne peut pas faire de favoritisme.

Alors que nous entrons dans le bâtiment, je suis éblouie par son côté « ouvert ». Les grandes vitres laissent entrer le soleil de fin d'après-midi, les allées sont larges et les tenues magnifiques. Des robes partout, des colliers, des chaussures, des manteaux. C'est éblouissant.

Je porte les robes de ma cousine décédée, et même si elles sont très belles, je suis heureuse de me dire que je vais enfin pouvoir porter quelque chose à moi. Une tenue que je choisirai du début à la fin, c'est grisant.

Il n'y a aucun prix d'affiché, et cela m'aide grandement. Je ne pense pas pouvoir choisir des vêtements en connaissant leurs valeurs, et même si je me doute que tout ça doit être hors de prix, je prends un plaisir immense à vagabonder dans les allées. Dame Catherine croise plusieurs autres Dames qu'elle connaît, et elle bavarde avec elles un certain temps. Marina et Carine s'émerveillent devant un présentoir à bijoux, mais je passe mon chemin car ils sont beaucoup trop clinquants pour moi. Je flâne au milieu des robes, toutes plus belles les unes que les autres, mais sans m'éloigner des autres, quand John vient me prendre le bras.

— Et si nous allions faire un tour plus loin ? me demande-t-il.

— Vous pensez ? Ne devrions-nous pas rester auprès de votre mère ?

— Ma mère est en charmante compagnie, quant à Mesdemoiselles Marina et Carine, je pense qu'elles ont oublié toutes choses qui ne concernent pas les bijoux, rit-il. Venez, je vois bien que vous trépignez d'aller plus loin.

Je me laisse guider par son bras fort, et nous nous enfonçons plus loin dans le bâtiment. C'est là que je trouve ce que je ne savais pas chercher jusque-là : un pendentif. Il semble être en argent, léger, discret. Il représente une hirondelle en plein vol, les ailes déployées vers le haut, vue de profil. Les détails sont impressionnants. Il est absolument parfait et je ne peux en détourner les yeux.

— Vous souhaitez l'essayer, Mademoiselle ? me demande la Feuille en charge du présentoir.

Je hoche la tête en signe d'assentiment. Quand il se retrouve autour de mon cou et que je me regarde dans la glace, je vois qu'il me va à la perfection, comme s'il avait été fait pour moi.

— C'est de l'or blanc, il ne ternira jamais.

— De l'or blanc ?

Ce bijou doit valoir une fortune, je ne peux pas. Alors que je le rends à la Feuille, Dame Catherine arrive derrière moi sans prévenir.

Lys (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant