Vers dix-huit heures, alors que Jenna commence à me préparer pour le souper, quelqu'un frappe à la porte. Elle va ouvrir, puis fait entrer Marina.— J'ai appris que tu ne te sentais pas bien, et que tu étais tombée. Je voulais juste prendre de tes nouvelles.
— Merci ! Je vais mieux. Je dois garder la main bandée pendant deux semaines, mais ça va.
— Tu n'as pas trop mal ?
— Non, tant que je ne bouge pas trop la main. Et toi, comment vas-tu ?
— Je voulais justement te parler. Je me sens coupable. Je suis désolée pour hier soir, j'espère que je n'ai rien interrompu ?
Si, un baiser qui promettait d'être fantastique, mais je me refuse à le lui dire, je ne veux pas la blesser.
— Non, rien, ne t'inquiète pas, dis-je à la place.
— Bien, j'en suis heureuse.
Je la voix se tortiller dans le fauteuil où elle est assise, mal à l'aise, comme si elle souhaitait me dire autre chose, mais alors que je la vois sur le point de se lancer, deux nouveaux coups sont frappés. C'est Carine... et Brigitte ! J'en suis étonnée.
— Nous voulions simplement voir comment tu vas, me dit Brigitte. Et je tenais encore à vous remercier pour les robes.
Son ton est froid et distant, mais nettement moins antipathique qu'à l'accoutumée. Nous lui répondons que ça ne fait rien, que c'est naturel, puisqu'elle n'a pas pu nous accompagner. Elle hoche la tête. Carine s'installe sur mon lit et me demande comment je suis tombée. Je lui raconte la scène, ainsi qu'aux autres, en n'omettant pas l'intervention de John, même si je garde l'épisode du pari pour moi seule.
— Je peux vous faire une confidence ?
Brigitte veut nous faire une confidence ? Nous la regardons, en attente.
— Je trouve Sire John tellement craquant.
Nous éclatons de rire, et Brigitte se rembrunit.
— Pourquoi vous moquez-vous de moi ?
— On ne se moque pas, c'est juste que c'est tellement inattendu ! J'avoue que je le trouve très beau, moi aussi, peut-être même plus que son frère, répond Marina.
— Ils sont très différents l'un de l'autre, dis-je.
— Eh bien, moi, même si je le trouve charmant, je préfère mille fois Sire Éric, dit Carine.
— Je peux vous faire une confidence, moi aussi ? (Nous hochons la tête, attendant la suite). Hier soir, Sire Éric m'a embrassée, révèle Marina.
Elle est rouge comme une pivoine, et je dois sans doute arborer la même teinte, mais pas pour les mêmes raisons. Il a été à deux doigts de m'embrasser, et voilà que j'apprends qu'à peine avais-je claqué la porte qu'il se jetait sur Marina ? Quel goujat !
— Raconte, demande Brigitte en s'installant près de Carine.
Nous la regardons toutes les trois, éberluées par son nouveau comportement.
— Quoi ? demande-t-elle, sur la défensive. Je veux savoir moi aussi.
— Ce n'était pas vraiment un baiser passionné... je ne sais pas comment c'était pour toi, Brigitte, mais il m'a simplement déposé un baiser sur les lèvres pour me dire bonne nuit.
— Je peux te dire que ça n'était pas aussi chaste. Mais je suis du genre à savoir ce que je veux et, dès que j'ai vu une ouverture, je lui ai sauté dessus. Autant vous dire qu'il ne m'a pas repoussée.
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Lys (Terminée)
RomanceAlia est une Gradée, une Lys pour être précis. Sa vie a basculé le jour où son père a reçu une lettre d'un Elu, son oncle, dont elle ignorait jusqu'à l'existence. Elle peut changer sa vie ainsi que celles de ses parents à tout jamais, mais est-ell...