XIII. Le départ

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Le lendemain matin, je flotte sur un petit nuage et rejoins la salle à manger pour le petit-déjeuner le cœur léger. Marina, Carine et Brigitte me demandent ce qu'il m'arrive, et je ne peux m'empêcher de sourire, même si je sais que je devrais me retenir, au moins un peu. Après tout, Éric sait que j'ai passé la soirée avec son frère. S'il me voit dans cet état, il va se douter de quelque chose.

— C'est une belle journée, non ? Je me sens de très bonne humeur ce matin.

— Petite veinarde. J'ai tellement mal dormi que je n'avais aucune envie de venir manger ce matin, me répond Carine.

— Pourquoi n'es-tu pas restée dans ta chambre alors ?

Brigitte redevient la garce que nous connaissions toutes. Je préfère la Brigitte d'hier.

— Parce que je voulais vous voir, et je voulais de la compagnie. J'ai juste mal dormi, je ne suis pas malade.

— Viens, Carine, allons nous assoir, dit Marina en l'entraînant vers la table.

Alors que Brigitte s'apprête à les suivre, je lui attrape le bras, sans brusquerie, uniquement pour la retenir.

— Quoi ?

— Tu pourrais être un peu plus gentille, tu sais. Tu nous as montré hier que tu n'étais pas toujours une peste sans cœur, et je pense que tu gagnerais à rester comme ça. Je suis sûre que, dans le fond, tu n'es pas mauvaise.

— Tu ne me connais pas. Laisse-moi tranquille.

Elle part s'installer le plus loin possible de nous. Je soupire intérieurement, mais je ne vais pas laisser Brigitte me gâcher mon bonheur, même si elle a au moins le mérite d'avoir retiré le sourire niais qui me collait au visage.

Alors que je m'installe, non sans avoir d'abord salué nos hôtes, Dame Catherine et Sire Bernard, je cherche John du regard, mais ne le trouve pas. Éric non plus d'ailleurs. Je me demande s'ils sont en train de parler de moi.

Je mange à ma faim et me lève en même temps que Carine. Nous nous sourions et nous élançons ensemble vers la sortie.

— Tu as rendez-vous avec Sire Éric ce matin, non ?

— Oui, je dois le rejoindre dans le jardin d'ici vingt minutes. Je vais juste repasser par ma chambre avant.

— Oh ! Je comptais aller me promener dans le jardin, cela ne te dérange pas ? Je ne voudrais pas que tu penses que je cherche à saboter ton rendez-vous.

— Ne dis pas de bêtise. Va donc faire ta promenade, je ne pense pas que Sire Éric ait prévu que nous restions longtemps dans le jardin ou le parc de toute façon. Il m'a dit de mettre des chaussures confortables, j'imagine que nous allons aller marcher en forêt.

— Parfait. Je te souhaite de passer un agréable moment alors.

Je la salue et me dirige vers la sortie donnant sur le parc. Alors que je m'enfonce plus loin sur le chemin, rêvassant à la nuit dernière, j'entends soudain des cris. Des cris masculins. Je ne mets pas longtemps à les reconnaître.

— Comment oses-tu ? vocifère Éric.

— Mais écoute-moi, bon sang ! Laisse-moi t'expliquer la situation calmement, répond John.

— Non, je ne veux rien savoir.

— Pourtant, il va bien falloir m'écouter, et maintenant. Je n'exige rien de toi, si ce n'est d'y réfléchir.

— Y a-t-elle consenti ?

— Pardon ?

— Je parle français il me semble ! Lui as-tu parlé de tout ça ? Y a-t-elle consenti ?

Lys (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant