XX. Le palais

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Je suis dans le hall du château en train de faire mes adieux à ma mère et mon oncle. Elle est inquiète, je le vois, même si elle essaye de le cacher, mais elle accepte mon choix, comme toujours.

Je ne doute pas que la prochaine fois que j'aurai mon père au téléphone, il me passera un savon, mais finalement, il m'aime, c'est pour ça qu'il s'inquiète autant.

Mon oncle ne pipait mot depuis que nous l'avions retrouvé. Nous ne savons pas ce qu'il s'est passé entre lui et Sire Bernard, il a refusé d'en parler. « Ce sont des affaires d'hommes qui ne vous regardent pas ! » a-t-il répondu quand nous l'avons questionné.

Je termine de dire au revoir, au milieu des autres filles qui laissent partir leurs parents l'esprit tranquille.

Marina et Brigitte rayonnent, heureuses d'avoir revu leurs proches, insouciantes des dangers à venir. Carine, elle, pleure. Je la comprends, j'ai aussi envie de pleurer, mais sans doute pas pour les mêmes raisons.

Une dernière étreinte, un dernier « je t'aime » et je regarde mon oncle et ma mère partir dans leur voiture, conduite par Jonathan qui m'a salué de loin, n'osant s'aventurer aussi près de tant de royauté sans doute.

C'est le cœur lourd que je vais me coucher. La nuit est longue et agitée. Le matin arrive trop tôt, et Jenna m'aide à me préparer. Nous descendons toutes dans la cour intérieure. Jenna est à mon côté, ainsi que quatre autres Lys, attendant de savoir dans quelle voiture elles doivent monter.

On m'indique une spacieuse limousine. Je la partage avec Brigitte, Carine, Marina et Elise. Dame Catherine, Sire Bernard, Éric et John se dirigent vers une autre, parfaitement semblable. Il ne reste qu'une voiture pour le Roi, son épouse et leur fils. Je demande alors comment nos Lys vont nous rejoindre.

— Elles ne viennent pas avec vous, me répond le Roi. Nous avons tout ce qu'il faut au Palais.

Marina regarde sa Lys en lui faisant une grimace d'excuse. Je vois Carine, les larmes aux yeux (elle est bien émotive en ce moment) et Brigitte, fidèle à elle-même, qui hausse les épaules. Je m'approche de Jenna et lui prends les mains.

— C'est mieux ainsi, Jenna, lui chuchoté-je. Il y a quelque chose qui se trame et je suis heureuse de te savoir ici, en sécurité.

— Mais je veux venir avec vous, Mademoiselle.

— Allons Jenna, soit forte. Tout se passera bien, j'ai survécu à tellement de choses ces derniers temps, je me sens invincible, tenté-je de plaisanter.

— Mademoiselle Alia, veuillez prendre place en voiture, nous y allons, me rappelle le Roi à l'ordre.

Je fais signe à Jenna et me tourne vers la voiture pour m'installer. C'est pile le moment que choisis Éric pour changer de voiture.

— Mesdemoiselles, j'aimerais profiter de ces deux heures de trajet pour vous tenir compagnie, si vous n'y voyez pas d'inconvénient.

Evidemment, elles se mettent à glousser toutes les quatre, chacune y allant de son petit mot d'encouragement — même Elise. Éric me fait signe de le précéder et je m'assieds dans la somptueuse voiture où il me suit.

Le trajet dure deux heures, mais nous ne les voyons pas passer. Nous discutons avec Éric, chacune essayant de le charmer encore (sauf Elise, mais elle prend un malin plaisir à nous taquiner). Même moi, je me prends au jeu et je flirte avec lui, ce qui semble lui faire plaisir. Comme s'il ne savait pas que je suis déjà conquise.

Une fois arrivé aux grilles du Palais, j'écarquille les yeux. C'est gigantesque.

— C'était le Palais d'un ancien Roi français, nous dit Éric. Il a été un peu restauré, mais il a toujours autant de superbe qu'avant.

Lys (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant